Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Berthe de Nyse (vers 19010-1920)

Berthe de Nyse

(vers 1910-1920

(Berthe Denyse de Magny)



- 1919: Des jardins d’amour aux jardins funéraires
- 1922: Les Litanies de la chair

Litanies de la chair


Je t'aime, ô mon amant
Ma chair émue garde le souvenir de ton baiser
Baiser doux et subtil, tendre et profond
J'ai la hantise de ta chair pénétrant ma chair
 

Tu m'as fait tienne
J'ai nié le pouvoir de la chair
Blasphème !...
Ô chair, divine chair
Sois bénie
Je me sens lasse
Délicieusement lasse
Je niais la volupté,
Ô crime, je t'avais reniée, ô volupté !
Je te célèbre aujourd'hui sur le mode majeur et sur le mode mineur
Ce soir je renais à l'amour
Vibration divine
Je me sens lasse, infiniment lasse
De la bonne fatigue,
De la fatigue sacrée
J'ai reçu le baiser de la communion
Et bu l'eau du baptême
Je suis ivre d'amour
Ton baiser savant et répété
A fait sourdre des profondeurs de mon être
Où il croyait pour toujours sommeiller,
Le Désir ancestral des faunesses,
Ah ! verse-moi, verse-moi l'ivresse
Prends-moi, prends-moi toute en ta caresse
 

De nos corps confondus s'élève une odeur de folie
Tes baisers ont fait chanter toutes les cordes
De mon corps tendues comme une harpe
Et je m'ouvre en un suprême appel
Pour recevoir l'offrande de ton amour.


Volupté

J’ai retrouvé le goût des caresses,
Ma chair frémit sous ton baiser
Ma lèvre en fièvre se tend vers ta lèvre
Une musique passionnée fait chanter mon corps
L’Hymne magnifique de l’amour monte de mon coeur à mes lèvres.
La vie triomphe de la Mort, des charniers immondes
Germent les fleurs. Je t’évoque, ô volupté!
Ressuscite, Bilitis, en mon corps paré pour les caresses
Prête-moi ta voix mourante, tes mains expertes et délicates
Ton toucher subtil; ton savant baiser
Fais que je fasse frémir le corps de mon amant,

Fais que son Désir naisse et renaisse
Fais qu’il m’étreigne palpitante
Et que je roucoule comme la colombe
Fais que nos nuits consacrés au divin baiser
Laissent à nos lèvres une saveur d’éternité.


Les litanies de la chair, 1922



11/11/2013
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