Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Gevers (Marie) 1883-1975

Marie Gevers

1883-1975

 

Consulter l'article de Paul Willems concernant

http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/willems041189.pdf

 

 

Interview de Marie Gevers sur Sonuma.be 


 

Deux poèmes choisis par Jeanine Moulin

 

Printemps

 

Le grand coq était blanc,avec un chapeau rouge,

Et l'enfant tout en rouge avec un bonnet blanc:

Le vent léger bougeait sur les pelouses

Et les cris des pinsons traversaient le printemps.

 

Le coq battait de l'aile et chantait son chant rouge,

L'enfant se mit à rire et son rire était blanc.

Son rire frôlait l'air comme les plumes douces

Dont s'evente le vol des pigeons roucoulants.

 

La pluis avait si fort imprégné d'eau les mousses

Que le ciel se mirait dans leurs bouquets noyés

Et perlait en fraîcheur sur les écorces rousses

Quand le soleil parut dans le matin lavé.

 

La terre fut dorée au choc de la lumière,

Tout le jardin vibrait comme un coq dans son chant,

Des nuages, au loin, tels des glaciers brillèrent,

Et le ciel fut pareil au rire de l'enfant. 

 

Missembourg, 1918

 

 

 

Vent d'Est

 

Le vol des nuages s'use

Dont l'air s'ailait,

La dureté de la lune

Aiguise l'Est.

 

Le ciel s'est ouvert, le vent

Jaillit des astres,

A la force du levant

L'éclat des glaces

 

Et l'allégresse des luttes,

Acier et gel,

Comme une meule, la lune

Aiguise l'Est.

 

D'un frissonnement le vent

Fige l'averse

Aux bourgeons d'avant-printemps

Disséminée.

 

Les parfums des perce-neige,

Et des sucs verts

Qu-il disjoint, se désagrègent

Dans l'air ouvert.

 

Le merle se tait soudain

Mais le chat vibre

Et rampe sous les sapins,

Pliant l'échine.

 

Tandis que la Nuit se dresse

à l'Orient,

Tenant en main le vent d'Est

Coupant et bleu.

 

Les Arbres et le vent, 1923

 


 

Poésie empruntée à la page

http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/04/01/16911274.html

 

 

Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie

Il pleut des résilles d’argent :
Vois, la tintante joie
De l’étang aux roseaux penchants,
Où le jardin se noie.

La saveur d’air des champignons,
Cueillis dans les prairies,
Dans le brouillard du matin fond
En savoureuse pluie.

Sur le toit écoute couler
Les gouttes et bruire
De tuile en tuile les colliers
De perles de leur rire.

Respire le parfum moisi
Et tiède de la terre
Où des bulles glissent ainsi
Que des ronds de lumière.

Ouvre les paumes de tes mains
Pour recueillir l’ondée,
En t’imaginant que tu tiens
Les cheveux des nuées.

Et tâche d’être alors à la fois,
Dans le frais paysage,
L’étang, les champignons, le toit,
La terre et les nuages.

 

Marie Gevers ("Missembourg" - Buschmann, 1917)

 


 

Poésie empruntée à la page

http://poesie-et-racbouni.over-blog.com/article-marie-gevers-octobre-96361433.html

 

Octobre

      

      

    Les nuages sont des quenouilles 

    les doigts du vent, légers et vifs, 

    y filent la pluie où se mouillent 

    nos chênes, nos hêtres, nos ifs. 

      

    La pluie est une grande trame 

    se tendant du ciel jusqu'en sol, 

    et , navettes couleurs de flamme, 

    les feuilles y lancent leur vol. 

      

    Ainsi, le voile de l'Automne 

    se tisse autour de la maison, 

    et soufflant en ses plis jaunes, 

    le souvenir des floraisons. 

      

    Et tandis que l'heure s'écoule 

    fil à fil, moment par moment, 

    sur le métier du Temps s'enroulent 

    nos jours d'octobre doucement.

 

 



11/04/2012
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