Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Prager (Marie-Françoise) années 1960-1970...

 

Marie-Françoise Prager

années 60-70...????

 "Une oeuvre aussi fascinante que le mystère qui entoure son auteur".

Lire la présentation qu'en fait

Richard Blin...


(Pour fuir...)

 

Pour fuir en vous je suis,

en vous je vous oublie.

Je couvre tous les bruits

de sorte que j'habite

la nuit de votre corps

momie qui m'enveloppe.

L'aorte est cachée.

Vous rêvez par la peau.

 

 

 

A J. T. Barendregt

(De lui et de moi...)

 

De lui et de moi les longueurs ne font qu'une

nous sommes la route momifiée.

L'asphalte que nous sommes ne rêve pas

Une ruine autre que de cellules se termine

ce qui rase la pâleur de dents est de chlore

(la salive se retirait, un gloussement

persiste ailleurs). Dans ces longueurs de corps il n'y a pas de fuite, rien à conduire. Nous sommes

la froideur embaumée de notre attachement.

 

Poèmes publiés dans la revue Esprit, mars 1966.

 

 


 

(Atone...)

 

Atone qui me hante

où le plaisir

du ferment bleuté

rouge pause,

rose altière et scabreuse

et au rire feutré

jaune rente simulée,

violette et amante paresseuse

qu'en descente anxieuse

et de cire ma main

prenait au bouquet presque frais encore

aux regrets sans retour

flagrant à la tombe récente

que j'ai retrouvée en errant

le long du nonchalant

et tiède immobile

au velouté et au refus

du moisi qui respire à peine

d'une paupière refroidie

au toucher qui jubile.

 

publié sur le site de France Culture 

 


 

 

Extraits de "Narcose", 1970

 

(...) Fermez les yeux, lézards!

Par les crêpes majeurs

des spasmes du soleil

l'orbe noire irrite une treille,

traverse le vertige de mille soleils

âcres de noir à un noir non pareil.

C'est dans l'orbe d'une telle mémoire

que s'abîme ébloui le mortel.

 

Ce soir, bêtes, chantez le vert privé de l'eau (...)

 

---------

 

(...) Intime je me vole

un blanc intérieur

et ce "ma soeur, ma soeur"

pour la vertu du lys

me résume en l'inceste

du blanc et de ma peur.

 

Mes neiges sont distraites

sans terre d'arrivée

et sur l'écume blême,

un même de moi-même

je glisse dans mon cygne,

mon col est dans mon col.

 

D'une si pure escorte,

concrétion du songe

ma forme est mon mensonge

et dans ce jeu de cartes

je suis la dame blanche

qui à tout prix revient (...)

 

------------

 

Pour faire durer le corps je voyage dans les régions sourdes.

Il y a l'alcôve au parfum de plumage, gradué de la vie à la mort, des coquillages de rappel couchés sur un fond de marne, les plantes douteuses.

C'est là que je retrouve le corps en sommeil imperméable.

 

Extraits cités par Serge Brindeau dans son anthologie "La poésie contemporaine...depuis 1945, 1973

 


Parti pris

 

Et je voudrais être la momie de moi-même, immobile, couverte de cette bâche préparée et durcie de la passion, soumise à la chimie de la conscience.

Chair: encombrante et fantaisiste qui suit les caprices du sang liquide tout en couleur.

Mais la matière du songe, c'est la matière des os, qui miment et font des exercices cachés, donnent les rimes mates et poudres du futur.

Malgré vos gestes qui sont une fuite musicale je ne vous vois qu'en l'armature pâle de vos os. Et je les compare à ceux du moine enseveli sans rumeur il y a longtemps, que la tombe refuse, remis à jour et séchés.

Près de vos doigts l'ombre du verre est de verre.

 

Publié dans "Poésie féminine d'aujourd'hui n° 6 (tome 1) 1974

 

 


Jeanine Moulin a également retenu d'elle quatre poèmes dans son antologie, "Huit siècles de Poésie Féminine", 1963. Voici l'un d'eux.

 

Le cygne

 

Le cygne est l'obstacle sur un socle

il ne s'est jamais libéré du mythe

La matière des mots-dits pèse

sur l'envol asymétrique

 

Du complexe cygne obscur en le dedans

de ce vaisseau de pensée rêvée

la présence qui osera l'affirmer

Le regarder dans une durée est

une brèche et l'eau ondule figée

 

C'est une eau défendue

mal volontiers on suppose un tête à tête

Qui croit avoir reconnu le cygne

demandera à se faire pardonner

 

 





29/08/2012
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