Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Rosenmark (Solange) 1887-1963

Solange Rosenmark

1887-1963

(Mauritanie)

 

 


Rosenmark (Solange) ou Solange-Rosenmark ou Solange Autard de Bragard

 

1923 : La Dame créole (préface de Delarue-Mardrus)

1931 : Amour cher menteur, Poèmes DOIGT 26.jpg

1938 : Poésies de la bachelette Solange Autard de Bragard

1955 : Le vent se lève

 

 

 

 

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Rosenmark 02.jpg

 

 

Amour, cher menteur, 1931 DOIGT 26.jpg

 

AMOUR

 

L'amour

quel détour ?

pour atteindre

fût-ce un jour

l'idéal

 

L'amour

quel séjour

au long cours ?

tout l'esprit

s'engourdit

 

Amour

oppresseur

cher menteur

maraudeur

embusqué.

 

Amour,

qui t'échappe,

fol, se drape

dans l'orgueil.

Amour.

 

Mais quel deuil !

D'un scalpel

vois mes ailes

transpercées.

Vois amour !

 

Amour,

Idéal,

L'un s'en va

l'autre meurt.

Amour...

 

Quel détour ?

pour finir

par dormir

sous la terre

quelque jour.

 

 

 

AMOUR

J'AI DÉFENDU MON COEUR

 

A Geneviève de Bouhelier.

 

Amour, j'ai défendu mon coeur

contre votre tempête

mais j'ai perdu la tête

ah ! quel bonheur !

 

Amour, j'ai défendu mon coeur

des folles inquiétudes

mais j'ai perdu toute quiétude

ah ! tristes pleurs.

 

Amour, j'ai défendu mon corps

De tes flèches cinglantes

Mais, ne suis-je toute frissonnante ?

ah ! douces transes

 

Amour, j'ai défendu mon âme

de toute plainte,

mon âme s'est éteinte

ô triste mort.

 

 

 

 

VIEILLES BOUTEILLES

 

Je te revois au comptoir

d'un bar très Toulouse-Lautrec,

parmi les blancs et les métèques.

Sous les ampoules électriques

s'étriquent

tes épaules point symétriques

ô, Maria-Marialaine.

 

Ton teint, qu'un fard électrise,

frise,

la framboise sous le givre.

 

Mais, ô désastre du preneur

quel leurre !

Ton cou maigre, au faisan

mort depuis déjà des temps,

fait tout-à-coup songer.

 

Ah ! Maria-Marialaine

enferme-toi

en des étuis de soies.

Laisse émerger seule ta tête

comme un bouchon sur la bouteille.

 

Et sois dispensatrice

des voluptés et des caprices,

bouteille des ivresses infinies

Marialaine !

 

Je te revois au comptoir

d'un bar, très Toulouse-Lautrec,

parmi les blancs et les métèques.

 

Que sous le ver feu des lampes

Vous êtes toutes bien rangées !

Toi, presque rousse, le champagne sec.

 

Toi, la brune trop frelatée

de nard et de musc

es-tu l'absinthe au goût de crime ?

Fais-tu monter jusqu'aux cimes

des jets de sang pourpré ?

 

Et toi la blonde couleur jonquille

Avec ton teint trop blanc,

comme nacré,

liqueur pour jeunes filles

petit verre pour freluquet ?

Ah ! Ah ! sautez bouchons, sautez bouteilles,

tous les vins de toutes les treilles.

 

............................................................

 

Maria-Marialaine

dans la lumière d'une aurore

dort.

Flacon cassé, vide, répandu,

son corps gît, moitié sur la table

tandis qu'un amateur, bouche empâtée,

attache d'un air entêté

son gilet déboutonné...

...l'aurore se lève.

 

*

**

 

Marialaine, ton corsage entr'ouvert

laisse sortir un sein presque vert,

tableau d'un Van Gogh égaré.

 

*

Mais voici que l'on clôt

de bois sinistre le bar vidé.

Et c'est, dit un client

qui s'attriste, "la petite mort"

que ces quatre planches de bois.

 

Dehors

- inattendu essor - Ah ! Ah !

sur Marialaine, il pleura !

 

 

Rosenmark mai 38.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



15/12/2014
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