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"On a si fort négligé l'éducation des femmes chez tous les peuples policés qu'il est surprenant qu'on en compte un aussi grand nombre d'illustres par leur érudition et leurs ouvrages."
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, article "Femme" de l'abbé Mallet, 1755
"Je défie le lecteur de citer dix noms d'auteurs majeurs féminins français antérieurs au XXe siècle."
Jean-Paul Brighelli, le Point, 07/08/2016
5 août 2014 : Pétition d'Ariane, "Place aux femmes dans les programmes scolaires"
Lire, encore, le commentaire de Jean-Paul Brighelli
Mai 2016 : Pétition de Françoise Cahen "pour donner leur place aux femmes dans les programmes de littérature au Bac L "
Du nouveau concernant Valentine de Saint-Point
une biographie signée Abel Verdier, 1971
(il y étudie en particulier son rapport à la Méditerranée et à l'Islam...)
Les photographies de l'anthologie d'Alphonse Séché, "Les Muses Françaises", 1906
Olga Medvedkova : Poèmes dits et mis en musique (Youtube)
A propos du mot
"poétesse"
considéré par beaucoup comme péjoratif.
George Sand
"Une poëtesse (si nous pouvons employer ce mot qui mériterait d'être dans le Dictionnaire, et qui nous paraît aussi nécessaire maintenant que celui de poëte)..." (George Sand, Les poètes populaires, Novembre 1841)
Delarue-Mardrus
"Les poétesseset immortelles maîtresses
A qui pesèrent trop leur coeur gros de tendresses,
Ames païennes, âme étrange de Sapho
Hurlant d'amour et de génie avec ton flot...
... Mer ! mer ! ... (Lucie Delarue-Mardrus, Occident, 1901)
Rosemonde Gérard
Lorsque j'ai voulu réunir
Les plus fameuses poétesses,...
(Rosemonde Gérard, anthologie "les Muses françaises", 1943, p. 81)
Les trois dernières grandes anthologies, bilingues, sont américaines (2), et mexicaine (1):
- French Women Poets of Nine Centuries: The Distaff and the Pen
- An anthology of Nineteenth-Century Women's Poetry from France (2008)
- Constelación de poetas francófonas de cinco continentes
Cinq mille femmes de Lettres (article publié dans Je sais tout
dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert (planches "Ecritures)
Cherchez les (7?) différences. Cliquer pour agrandir
Qui a dit que les femmes étaient "un peuple sans écriture"?
Il n'est plus nécessaire de solliciter les arguments scripturaires ou théologiques de Saint Augustin ou de Thomas d'Aquin pour exclure les femmes du monde de la parole publique et de la culture. Les schémas restent cependant les mêmes et si l'on n'ose plus aujourd'hui s'exclamer avec Barbey d'Aurevilly, "le génie, cette immense virilité"
, la fonction de poète n'est-elle pas restée celle du prophète et, pourquoi pas, du prêtre? Les femmes ont écrit, elles écrivent, mais, si l'on en croit les statistiques, elles n'ont pas été conviées aux honneurs d'un sacerdoce réservé pour l'essentiel à une caste masculine. Raison de plus pour publier celles qui ont été écartées du canon littéraire.
Lucie Delarue-Mardrus et Anna de Noailles sont emblématiques de ces importantes figures littéraires médiatisées jusqu'à la fin des années trente et qui disparaissent après la guerre. "Lagarde et Michard" (ces deux enseignants n'ont, paraît-il, exercé leur profession que devant des publics de garçons) proposent dans les années 50 une anthologie qui devint la principale prescriptrice scolaire en matière de littérature: concernant le XXème siècle, celle-ci ne retient, dans une première édition, que de rares figures féminines: Anna de Noailles (1 poème), Marie Noël (1 poème), Simone de Beauvoir (1 extrait de roman).
Globalement, il suffit d'observer comment, dans une édition ultérieure (1988), le who's who illustré des écrivains du XXème trahit le peu d'estime dans lequel on tient les femmes auteures. Comment s'étonner, dès lors, de la rareté des rééditions, de la disparition de pans entiers de la littérature féminine et de la quasi absence des femmes dans les rayons de poésie de la plupart des librairies ?
Escritoras francesas contemporaneas
(dans Esos Mundos, septembre 1911)
Des Pères de l'Eglise aux Génies littéraires
On pourra trouver accablants les documents (voir la page "Religion") concernant les Pères de l'Eglise et les traditions théologiques du christianisme, du catholicisme ...
Deux remarques permettent de nuancer ce bilan :
1- Les derniers travaux d'exégèse ont clairement montré que les premiers écrits de Paul (les 7 épîtres authentifiées et datant des années 50) ne sont absolument pas misogynes, pour des raisons qui ne sont d'ailleurs pas féministes (voir le détail dans les pages "Saint Paul et le "Genre""). Ce n'est que vers la fin du 1er siècle que des épîtres qui lui sont faussement attribuées développent une conception assez désastreuse de la femme, parfaitement incompatible avec ses propres écrits, sans doute infidèle à Jésus lui-même, et qui sera majoritairement reprise ensuite pendant presque vingt siècles.
2 - On trouvera dans ces différentes pages de nombreuses femmes chrétiennes, catholiques... qui tentent de faire entendre dans le domaine de la poésie une voix proprement féminine, et Marie Noël est loin d'être la seule !
Une pétition dénonce l'absence d'auteure au programme du bac littéraire (Le Point, 13 mai 2016)
La "théorie" du genre de Goebbels et Hitler
Chacun sait qu'il y a plusieurs "théories" du genre. Ainsi, Joseph Goebbels, dans son Journal, à la date du 29 mars 1932 nous propose une conception du genre qu'il qualifie de "nouvelle" :
The Leader (Hitler) expounds some novel ideas about the position of woman. These ideas are important now that the elections are coming on, since the Party was severely attacked on the subject of its attitude to women during the last election. Woman is, always has been, and always will be the complement and helpmeet of man. Even in the present economic situation this cannot be altered. Formerly woman worked in the fields, now she works in the office. Man organizes life, and woman assists him to its fulfiment.
These are modern ideas, and miles above the sex touchiness of the old-fashioned German Nationals.
(Goebbels : Vom Kaiserhof zur Reichskanlei, 1933, publié en anglais en 1938, non traduit en français.)
Et celle de Julien Green
plus subtile et sans doute plus actuelle ... Ce n'est, évidemment, plus une théorie!
Je me plaisais dans la compagnie des femmes. On parlait de leurs caprices et de leur humeur changeante. Il me paraissait au contraire que leur présence et leur façon particulière d'envisager la vie avaient quelque chose de rassurant, alors que la turbulence des hommes répandait l'inquiétude. D'une manière indéfinissable, elles rapetissaient les menaces qui planent sur nous tous et conjuraient parfois le malheur par leur attachement à ce qui nous semble futile. Je voyais là une sorte de sagesse instinctive. Nos grands soucis tapageurs les laissaient non pas indifférentes, mais sceptiques. De plus, et ceci compte, elles n'étaient pas comme nous des érotomanes. Leur folie était ailleurs. L'idée qu'on se formait d'elles et qui circulait dans le monde restait incurablement masculine. J'avais l'impression qu'elles s'en moquaient. Ce qui nuisait le plus à ces deux races qui peuplent la terre, mâle et femelle, était que chacune employait les mêmes mots pour désigner des choses tout à fait différentes. Le malentendu était sans fin. L'accord ne pouvait se faire que dans l'amour pourvu qu'il dépassât le plan physique.
Julien Green : Jeunesse (1974)
Le cri de colère d'une poétesse de 20 ans, vers 1840
(spécialement dédié, pour la circonstance, à Jacques Lacan, au Cardinal Burke et à quelques-uns de leurs émules, petits maîtres ignorants et approximatifs, qui hantent aujourd'hui les plateaux de télévision et surfent sur l'air du temps)
Sonnet de Marie-Laure Grouard (1822-1843)
A M. L. Ulback.
Vous m'avez dit un jour: Jeune fille poëte,
Ne chantez point votre âme et cachez votre coeur;
La femme, parmi nous, doit demeurer muette,
Renier ses amours et garder sa douleur.
Et moi je vous réponds: Dites à la tempête,
Aux grands vents, aux grands flots d'étouffer leur fureur;
Faites taire au vallon l'écho fort qui répète
Ou le cri de souffrance ou le cri du bonheur;
Dites au rossignol, sous la grande ramée,
Que son accent fait peine à votre âme alarmée...
Qu'il se taise toujours... Défendez au reclus
D'invoquer l'espérance et la liberté sainte;
Faites taire tout bruit, tout chant et toute plainte:
Quand tout sera muet, je ne chanterai plus.
Delarue-Mardrus
Humour 1900
Femina, février, 1910)
Photographies de Lucie Delarue-Mardrus
"Que m'importe la Plèbe et son clairon d'airain
Et ses noms vaniteux qui s'éteindront demain.
Car je sais une femme aux chansons immortelles
Qui trop tôt s'en alla dans les champs d'asphodèles"
Gellô: A l'heureuse endormie ( vers 1920)
Comment mieux définir l'objectif de ce site que le Révérend Dyce?
Voici le début de la Préface de sa propre anthologie anglaise â�� datée de ... 1827.
En 2014, Il n'y a pas un mot à changer.
"On the Selections which have been made from the chaos of our past Poetry, the majority has been confined almost entirely to the writtings of men; and from the great Collections of the English Poets, where so many worthless compositions find a place, the productions of women have been carefully excluded. The small quantity of female effusions, and their concealment in obscure publications, have perhaps contributed to this neglect; and the object of the present volume is to exhibit the growth and progress of the genius of our contry-women in the department of Poetry.
...."
Specimens of British poetesses selected and chronologically arranged by
The Rev. Alexander Dyce, B. A. Oxon
1827
Le Génie
La fameuse exclamation de Barbey d'Aurevilly dans "Les Bas-Bleus":
"Le génie, cette immense virilité!"
Et le jugement d'Alix de Lamartine sur quelques-uns de ces génies, Rousseau en particulier, abandonnant son quatrième enfant :
"Hélas ! le génie n'est souvent, quand il ne repose pas sur le bon sens, qu'un premier accès de délire".
***
Un homme et une femme
"Souvent, Patrick écrivait ses textes pendant la nuit. A l'aube, il avalait un café noir bien corsé et me tendait le manuscrit, fruit de ses veilles studieuses. j'enfourchais ma moto et, traversant le Paris qui s'éveille, je filais au Crillon, apporter le texte à Thierry le Luron qui le découvrait sur le champ. Je n'étais plus la blonde enfant aux semelles de vent. Femme mariée, j'étais devenue la simple messagère de l'homme que j'aimais."
Minou Drouet, Ma Vérité, 1990
"Comme un frêle rameau se détache de l'arbre Et meurt inaperçu dans l'ombre des coteaux, Mon nom sevré d'éclat s'éteindra sous le marbre Qui cèle les tombeaux."
"Allons, Poète! Ne me regardez pas ainsi: je ne suis pas aussi vicieuse que j'essaye de le paraître. C'est un mauvais genre que je me donne, voilà tout." (Claude Cahun: Aveux non avenus, 1930)
A-t-on jamais vu fêter le centenaire de la naissance ou de la mort d'une femme? Prière de signaler!
"Someone, somewhere, has decided that woman need less, woman deserve less and women are worthy of less than men" (Joan Chittister)
La garde-robe est impressionnante, la mise en scène étudiée. On pourrait peut-être reprocher à Anna de Noailles d'avoir usé de séduction pour faire valoir ses talents littéraires qui étaient déjà grands.
Je dédie cette galerie et cette recherche à mes anciennes étudiantes du Lycée de la Mode de Cholet, à qui je dois d'avoir réalisé ce blog.
Jo Laporte
Vénus Khoury-Ghata
livre ici un aperçu fulgurant de sa conception de la poésie, conçue comme une dégringolade...
"Mais il y a des poèmes qui se relèvent"
"O plume en la main non vaine"
(Georgette de Montenay, 16ème siècle)
Non! la poésie féminine n'a pas été "réduite à rien", comme le craignait à la fin de sa vie le poète ... ..... parlant alors de son épouse dont il avait découvert sur le tard de modestes écrits. Bien que les études universitaires se soient multipliées, les textes restent le plus souvent inaccessibles. Les anthologies consacrées aux femmes ont mauvaise presse: on sait que l'accent mis sur le genre a des effets pervers. Résultat, il est peut-être plus difficile aujourd'hui que jamais d'accéder aux oeuvres "féminines".
Au même moment, les sites d'archives numériques tels que Gallica, Archive.org, et bien d'autres, font ressurgir aujourd'hui dans un joyeux désordre des centaines d'ouvrages tombés dans l'oubli, montrant que les femmes, loin de rester passives et inactives dans l'ombre des génies masculins, n'ont cessé de protester contre la prison domestique, parfois dorée, où elles étaient cantonnées. Leurs oeuvres ne sont pas toujours abouties; comment auraient-elles pu rivaliser avec les hommes? La "création" était pour elles une véritable course d'obstacles. La fameuse universalité dont se revendique la création artistique n'est qu'un jeu de dupes, dont les règles ont été édictées par l'un des deux joueurs, à son avantage. Avant donc d´étudier et de formuler des hypothèses, j'ai ressenti le besoin de lire ces oeuvres occultées, et de partager mes découvertes.
Catherine Desroches (16ème siècle)
"Il y a bien assez d'hommes qui écrivent,
mais peu de filles..."
"Beaucoup diront volontiers que je ne devais point écrire de quelque sujet que ce soit, même en ce temps que nous voyons tant de poètes en la France. Je ne veux faire autre réponse à ce propos-là sinon qu'il y a bien assez d'hommes qui écrivent, mais peu de filles se mêlent d'un tel exercice, et j'ai toujours désiré d'être du nombre de peu...
Les oeuvres de Mesdames des Roches, de Poitiers, mère et fille, 1579, p. 121, p. 53
"Une jeune fille sourit à une vieille femme assise tenant à la main un alphabet"
(Gallica)
Etre une femme heureuse et n'être pas poète!
(Hélène Picard, dans "le Rêve")
Qu'avons-nous?
Nous femmes, qu'avons-nous? L'arbre de la science
Fleurit haut! Quand nos bras, forts de notre espérance,
Ont pu saisir enfin quelques rameaux, hélas!
Chacun nous fuit soudain, et rit de nous tout bas
Odette Dulac
Ce charmant recueil, qui met en garde les petites filles contre les baignades et la visite prématurée des "profondeurs insoupçonnées" du lac, serait-il bien d'Odette Dulac (1865-1939), la sulfureuse interprète de chansons comiques et grivoises des années 1900, devenue par la suite romancière féministe, sculptrice etc...? J'aimerais en savoir plus... Il faut noter le jeu de mot sous-jacent car c'est bien de la visite du lac qu'il s'agit et c'est signé ODulac (Eau du Lac). Ses fonds secrets si attirants grouillent de prédateurs, d'écrevisses menaçants qui sont autant de soldats cuirassés et "le brochet vous avalerait comme les petits poissons". S'agirait-il d'un petit chaperon rouge des profondeurs aquatiques?
Wikipedia précise qu'Odette Dulac avait un frère et que c'est elle qui recevait les corrections pour les actions répréhensibles commises par son frère. On imagine qu'elle avait beaucoup à dire sur l'éducation des petites filles. Elle publie d'ailleurs en 1929 des "Leçons d'amour à l'usage des jeunes filles de France"...
Mais place au petit roman d'éducation pour fillette qui suit, intitulé
Lotte chez les poissons
Table des matières de l'ouvrage de Joseph de La Porte (1769)
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