Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Citations féminines

Citations

 

 

 

Ackermann (Louise) 19ème
   Mon mari a toujours ignoré que j'eusse fait des vers; je ne lui ai jamais parlé de mes exploits poétiques. A me voir, du matin au soir, dépouiller ou vaquer aux choses du ménage, comment aurait-il pu soupçonner qu'il avait épousé une ex-Muse? La vraie raison de mon silence, c'est que je tenais extrêmement à sa considération. Or, il ne faut pas se le dissimuler, la femme qui rime est toujours plus ou moins ridicule.

 *

  Je suis quelquefois effrayée en songeant combien il s'en est fallu de peu que je ne laissasse aucune trace de mon passage. Que la barque s'engloutisse, mais qu'il reste un sillage.

 

Babois (Victoire), début XIXème, parlant de la poésie

    Peut-être les femmes devinent-elles cet art que les hommes, vu l'étendue et l'importance de leurs ouvrages, apprennent si péniblement et cultivent si laborieusement.

 

Boudat (Marie-Louise) XXème

Je me lève. Je sors des millénaires nuits,
Du soleil plein la gorge et les bras lourds de fruits,
Et le goût mélangé des désirs sur ma bouche.
O femme, d'un seul jet sans cassure et farouche,
L'abîme de mes bras fermé sur mes amants!
Je me vois, magnifique en mes prolongements,
D'hier et de demain enveloppant l'espace!

(1936)

 

Bourdic-Viot (Mme, Comtesse d'Antremont) fin 18ème

L'homme se perd dans l'avenir;
Il s'immole à sa renommée:
Qu'on est fou de vouloir courir
Après une vaine fumée!

 

Burnat-Provins (Marguerite), début 20ème

   Il y avait une fois un femme  qui était une victime, un homme qui était un assassin.
Or, l'assassin  se mit en devoir de tuer la victime et celle-ci tenait à la main une fleur.
Quand elle fut près de succomber sous les coups, et qu'ayant perdu tout son sang elle exhalait à peine un souffle, la femme se redressa faiblement, frappa son bourreau de cette fleur et rendit le dernier soupir.
Alors, un de ceux qui assistaient à ce crime, car les yeux des hommes sont cruels, ne put s'empêcher de dire:
- Fallait-il que cette femme fut mauvaise et comme il a bien fait de la tuer!"

 

Cahun (Claude), début 19ème

   Se croyant tous destructeurs, bâtisseurs, méconnus, maudits, parricides, incendiaires - comme ils s'intimident eux-mêmes! comme ils sont, devant ce qu'ils nomment: la Gloire, des enfants sages, et soumis, et battus! - comme ils manquent d'audace!...

(dans Salomé la sceptique, 1925)

 

 

Colet (Louise) 19ème

Ne parlez pas d'amour, hommes! dont l'âme impure
Trouve la volupté dans notre flétrissure;
Violateurs de Dieu qui jetez au hasard
Votre paternité dans quelque lupanar,
Où, comme un vil bétail, la faim et l'ignorance
Parquent pour vos plaisirs des femmes sans défense...

                                        (Paris)

 

 Delarue-Mardrus (Lucie), début 20ème

 

Etre poète, quelle joie

Quand les autres le savent peu !

C'est garder un secret de feu,

C'est être un dieu sans qu'on le voie.

(Mort et Printemps, 1932)

 

Je donne rendez-vous, dans l'avenir lointain,

A ceux qui liront mes poèmes;

Car j'y aurai laissé, morte, mes moelles même,

A l'écart du temps que je n'ai pas atteint.

Desbordes-Valmore (Marceline) 19ème

Les fleurs que la gloire donne
Ont de l'éclat sans odeur;
Et trop souvent sa couronne
Couvre le front du malheur.

(1821)

 

Désorméry (Evelyne), début 19ème

 Comme un frêle rameau se détache de l'arbre
 Et meurt inaperçu dans l'ombre des coteaux,
 Mon nom sevré d'éclat s'éteindra sous le marbre
 Qui cèle les tombeaux.

(Adieux à la vie)

Desroches (Madeleine) 16ème:

Je voudrais bien aux Muses faire hommage.

Et par écrits mes peines soupirer;

Mais quelque soin m'en vient toujours tirer,

Disant qu'il ne faut songer qu'au ménage.

 *

Nos parents ont, de louable coutume,
Pour nous tollir (retirer) l'usage de raison,
De nous tenir closes dans la maison,
Et nous donner le fuseau pour la plume...
Il me suffit aux hommes faire voir
Combien leurs lois nous font de violence..

 

Dortzal (Jeanne), début 19ème

Je laisse à d'autres ce qui bout
Dans ta marmite, ô Gloire. Une oeuvre
Est comme un fief. Un vrai manoeuvre
Bâtit son ciel, seul, et debout.

 

Dufrénoy (Adélaïde), début 19ème

   Anaïs, ton sexe ne peut rien aimer ardemment, même la gloire sans qu'il ne lui en coûte le bonheur.

 

Félix de la Motte (Mme, Coralie Van den Cruyse) vers 1830-1840

 

Je veux te dire, en confidence,

Le secret de la femme auteur:

Elle écrit, vois-tu bien, car son âme la brûle;

Souvent un timide opuscule

A donné le change à son coeur...

 

Guibert (Elisabeth), 18ème

Heureux talent des vers, agréable manie,
Vous remplissez le vide de ma vie:
Je ne tiens rien, ni ne veux rien de vous:
Les dieux en vous bornant, ont su me satisfaire;
Vous me servez à plaire,
Et ne suffisez pas pour faire des jaloux.

 

Harel (Rose (19ème)

Ce n'est pas flatteur pour les femmes

De se voir préférer son chien ;

Mais, insensé, pourrais-tu bien

Dire en quoi, de quoi tu les blâmes ?

 

J'entends ; moins douce que Médor,

Quelque femme, par toi blessée,

Fière, se sera redressée

Et t'aura reproché ton tort.

 

Ton chien, humble et servile bête

A lécher ta main toute prête,

Subit ton caprice en pleurant ;

 

De douleur plus qu'à demi morte,

La femme est encore assez forte

Pour briser les fers d'un tyran !...

 

La Rochefoucauld (Edmée de)

Le féminisme littéraire n'existe pas; les femmes ne se groupent pas à l'instar des hommes en écoles: ce sont des solitaires.

(Femmes d'hier et d'aujourd'hui, Grasset)

 

Lauvergne (Mme de) 17ème

Quand je ne vivrai plus, qui recevra la gloire
Que je dois exiger de la postérité?

(1680)

 

Lenéru (Marie), début 20ème

   Les pacifistes, qui ne seront que pacifistes, feront que peu de choses, de même que les femmes qui ne seront que féministes. Soyez des forces ou captez des forces. (Journal, 1915)

 

Marquet (Soeur Anne de) 16ème, s'adressant aux hommes à la fin d'un sonnet:

De nous blasonner donc cessez dorénavant:
N'enviez nos honneurs, contentez-vous des vôtres...

 

Martin (Marietta) 20ème

Et tant brisais, et tant broyais,

Que l'homme a pu se demander

Si ton nom même, Mort, n'était

L'autre vocable pour créer...

 

 

Mercoeur (Elisa), début 19ème

"Quoi! pas un de mes jours n'a laissé de mémoire?
Quoi! mon nom reste encor dans l'ombre enseveli?"

 

Picard (Hélène), XXème

Etre une femme, et n'être pas poète. (Le Rêve)

 

Sauvage (Cécile) XXème

... Si j'avais eu la chance d'être belle, je n'aurais sans doute jamais écrit...

(1910)

 

Salm-Dick (Constance) début 19ème

O femmes, reprenez la plume et le pinceau.
                               *
De l'étude, des arts, la carrière est ouverte;
Hommes, nous y volons; c'est là que l'univers
Jugera si nos mains doivent porter des fers.
                               *
C'est par des traits plus sûrs qu'il faut montrer aux hommes
Tout ce que nous pouvons et tout ce que nous sommes.
C'est à les admirer qu'on veut nous obliger;
C'est en les imitant qu'il faut nous en venger. 

 

Siefert (Louisa) 19ème
Si je voulais chanter, ma voix se briserait,
Comme celle des fous, dans le rire et les larmes.

 

Staël (Germaine de) début 19ème

 "Pour une femme, la gloire est le deuil éclatant du bonheur." (De l'Allemagne)


Stern (Daniel), 19ème

    Le Tout-Puissant avait dit au couple humain, faible et ignorant, mais heureux et immortel: "Tu ne mangeras point de l'arbre de la science, ou bien tu mourras."
    L'homme se résigne à cette inactive et insensible félicité; mais la femme, écoutant en elle-même la voix de l'esprit de liberté, accepte le défi. Elle préfère la douleur à l'ignorance, la mort à l'esclavage. A tout péril, elle saisit d'une main hardie le fruit défendu; elle entraîne l'homme avec elle dans sa noble rebellion.

 

Vannoz (Philippine de), début 19ème

Au Pinde, comme ailleurs, les hommes sont jaloux.
Il faut partout céder, et borner tous nos goûts
A briguer de leur choix la gloire passagère.

 

Vidampierre (Comtesse de) fin 18ème

Du Sexe même qu'il caresse
J'observe que l'homme est jaloux;
Il n'aime en nous que la faiblesse;
N'écris point, ou rampe sans cesse,
Ils seront tous à tes genoux.  



19/01/2013
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