Akhmatova, Anna (1889-1966): Le vingt-et-un (1917). Traduction: Olga Medvedkova
Anna Akhmatova (1889-1966)
(Traduction: Olga Medvedkova)
I.
Le vingt-et-un...
Двадцать первое. Ночь. Понедельник.
Очертанья столицы во мгле.
Сочинил же какой-то бездельник,
Что бывает любовь на земле.
И от лености или со скуки
Все́ поверили, так и живут:
Ждут свиданий, боятся разлуки
И любовные песни поют.
Но иным открывается тайна,
И почи́ет на них тишина…
Я на это наткнулась случайно
И с тех пор всё как будто больна.
1917
Le vingt-et-un. Une nuit. Un lundi.
De la capitale sont en brume les contours.
Un certain paresseux a dit,
Que sur terre existe l’amour.
Et par ennui ou par indolence
Tout le monde crut et la vie prit son cours :
Ils attendent les rencards, craignent l’absence
Et chantent des chansons d’amour.
Mais à certains le mystère se déclare,
Et se repose sur eux le silence…
Je suis tombée là-dessus par hasard
Et depuis lors je suis comme en souffrance.
(Traduit du russe par Olga Medvedkova).
II.
Des armées d'odes,...
Мне ни к чему одические рати
И прелесть элегических затей.
По мне, в стихах все быть должно некстати,
Не так, как у людей.
Когда б вы знали, из какого сора
Растут стихи, не ведая стыда,
Как желтый одуванчик у забора,
Как лопухи и лебеда.
Сердитый окрик, дегтя запах свежий,
Таинственная плесень на стене...
И стих уже звучит, задорен, нежен,
На радость вам и мне.
1940.
Des armées d’odes, je n’ai point que faire,
Du charme des caprices élégiaques.
Tout doit être pour moi mal à propos en vers,
Pas comme chez d’autres gens.
Si vous saviez seulement de quelles balayures
Poussent les vers, toute honte mise à bas,
Comme un pissenlit jaune sous la clôture,
Comme la bardane et le réséda.
La sévère apostrophe, du goudron frais l’odeur,
Au mur, les traces mystérieuses d’humidité…
Et le vers sonne déjà, tende et persifleur,
Nous comblant de gaîté.
(Traduit du russe par Olga Medvedkova).
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