Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Amboise (Catherine d')... ... ?-1550

Catherine d'Amboise

?-1550

 

 

Extraits des Dévotes épîtres

 

 

(Muses, venez en jubilations)

 

Muses, venez en jubilations,

Et transmigrez vos ruisseaux cristallins.

Viens, Aurora, par lucidations

En précursant les beaux jours matutins;

Viens, Orpheus, sonner harpe et clarins.

Viens, Amphion, de la belle contrée;

Viens, Musique, plaisamment acoutrée.

Viens, Reine Hester, préparée de joyaux,

Venez, Judith, Rachel et Florimonde,

Accompagnez par honneurs spéciaux,

La plus belle qui jamais fut au monde.

 

 

(Faites sermons...)

 

Faites sermons et prédications,

Carmes dévôts, Cordeliers, Augustins

Du saint concept portez relations,

Caldéens, Hébreux et Latins;

Romains chantez sur les monts palatins

Que Joachim sainte Anne a rencontrée

Et que par eux nous est administrée

Cette Vierge sans amours conjugaux,

Que Dieu crée de plaisance féconde,

Sans point sentir vices originaux,

La plus belle qui jamais fut au monde.

 

Hélas! pourquoi me nourris-tu, la terre?

 

Hélas! pourquoi me nourris-tu, la terre?

Que ne me font tous les anges la guerre?

Et pourquoi tant en si grand appareil

Va m'éclairant le très luisant soleil?

Que fait le feu, qui ne me brûle et art

De mon offense conduite par faux art?

L'air en gémit, et la mer en murmure.

Ne suis-je pas méchante créature,

D'avoir laissé l'amoureux si parfait,

Pour en prendre un hort, puant et infect?

Voire qui quiert, en lieu de me bien faire,

Ma pauvre âme succomber et défaire.

Las! c'est péché, celui-là proprement,

Qui me trompa dès le commencement,

Qui me séduit, la chose est avérée,

Par quoi je fus par l'ange séparée,

Et rejetée ès paradis terrestre,

Comme je l'ai dit, où il fait si bel être.

 


Chant royal de la plus belle

qui jamais fut au monde


Anges, Trônes et Dominations,
Principautés, Archanges, Chérubins,
Inclinez-vous aux basses régions
Avec Vertus, Potestats, Séraphins,
Transvolitez des hauts cieux cristallins
Pour décorer la triomphante entrée
Et la très digne naissance adorée,
Le saint concept par mystères très hauts
De cette Vierge où toute grâce abonde,
Décrétée par dits impériaux
La plus belle qui jamais fût au monde.

Faites sermons et prédications,
Carmes dévots, Cordeliers, Augustins ;
Du saint concept portez relation,
Chaldéens, Hébrieux et Latins ;
Romains, chantez sur les monts palatins
Que Joachim, sainte Anne a rencontrée
Et que par eux nous est administrée
Cette Vierge sans amours conjugaux
Que Dieu créa de plaisance féconde,
Sans point sentir vices originaux,
La plus belle qui jamais fût au monde.

Ses honnêtes belles réceptions
D’âme et de corps aux beaux lieux intestins
Ont transcendé toutes conceptions
Personnelles, par mystères divins.
Car, pour nourrir Jésus de ses doux seins,
Dieu l’a toujours sans souillure montrée,
La déclarant par droit et loi outrée,
Toute belle pour le tout beau des beaux,
Toute claire, nette, pudique et monde, 1
Toute pure par dessus tous vaisseaux, 2
La plus belle qui jamais fût au monde.

Muses, venez en jubilations
Et transmigrez vos ruisseaux cristallins,
Viens, Aurora, par lucidations, 3
En précursant les beaux jours matutins ;
Viens, Orpheus, sonner harpe et clarins,
Viens, Amphion, de la belle contrée,
Viens, Musique, plaisamment accoutrée,
Viens, reine Esther, parée de joyaux,
Venez, Judith, Rachel et Florimonde,
Accompagnez par honneurs spéciaux
La plus belle qui jamais fût au monde.

Très doux zéphyrs, par sibillations 4,
Semez partout roses et romarins,
Nymphes, laissez vos inondations,
Lieux stygieux 5 et carybdes marins ;
Sonnez des cors, violes, tambourins ;
Que ma maîtresse, la Vierge honorée,
Soit de chacun en tous lieux décorée ;
Viens, Apollon, jouer des chalumeaux,
Sonne, Panna, si haut que tout redonde,
Collaudez tous en termes généraux 6
La plus belle qui jamais fût au monde.

ENVOI
Esprits dévots, fidèles et loyaux,
En paradis, beaux manoirs et châteaux,
Au plaisir Dieu, la Vierge pour nous fonde
Où la verrez en ses palais royaux :
La plus belle qui jamais fût au monde.


Extrait de Dévotes épîtres.



15/02/2011
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