Anne la Rousse (Vers 1910)
(De qui s'agit-il? de Mme Walter?)
Voici comment l' "Anthologie critique des poètes" de 1911 présente cette mystérieuse "Anne la Rousse" dont je n'ai retrouvé la signature nulle part ailleurs:
"Issue d'une famille anglaise, Mlle Anne La Rousse s'est familiarisée de bonne heure avec les beautés de notre langue.... Mlle Anne la Rousse a collaboré à La Poétique et à la Grande Revue. Elle a donné, en Angleterre, plusieurs poèmes pour un recueil destiné aux enfants. L'ensemble de ses poèmes paraîtra prochainement sous le titre de Minne Water (Le lac d'amour)."
L'amante du soleil
Je voudrais, dépouillant mon âme d'artifices,
Me laisser choir un jour sur la nappe azurée
Et glisser loin, portée par la grande marée,
Inconsciente et douce après le sacrifice.
Après le déshabil de tout mon ancien être,
Cette pauvre défroque de mes passions,
Savoir, esprit, orgueil, amour, ambition.
Je m'en irais au loin dans un vague bien-être,
Je flotterais sans voie, désir ni volonté,
Jusque là-bas où l'eau touche le bord du ciel,
Et tu m'aspirerais dans le bonheur réel
De ton resplendissant scintillement d'été.
Florence, San Marco.
Si j'étais née au moyen-âge,
Epoque au mystique apanage
Des croisades et des couvents,
J'aurais vêtu mon corps fervent
De la blanche robe de laine
De l'ordre des Dominicaines.
J'aurais, dans le Saint édifice,
Psalmodié le doux office,
Chanté: Halleluia! Seigneur",
Parmi l'encens, l'orgue et les fleurs,
J'aurais allumé les grands cierges
Devant l'autel bleu de la Vierge,
M'agenouillant journellement
Pendant des années, ardemment
Sur les dalles froides du choeur
J'aurais de toute la candeur
De cette âme ardente, à genoux,
Appelé le mystique époux.
J'aurais égrené mon rosaire
Devant le pieux reliquaire
D'un Saint martyr bienheureux,
Ou brodé la vie de ce preux
Dans de grandes tapisseries.
J'aurais vécu, l'âme nourrie
De prières et de légendes,
Une vie de calme et d'offrande.
Dans ce cadre pur, extatique
De foi et d'amour catholique,
Sur la pierre ou sur le prie-Dieu,
J'aurais, moi, chanté les louanges
Du Paradis, des Saints, des Anges
Et consacré mon âme à Dieu
Anthologie critique des poètes, 1911? (Gallica)
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