Armandy (Anne) Années 1920-1940
Anne Armandy
Années 1920-1940
Poème publié dans la revue "Poésie. Cahiers Mensuels Illustrés.", 1927, Tome 5, page 79 (Gallica)
Largo
Splendeurs des jours éteints, torpeur de ceux à naître,
Angoisse du présent et des matins glacés
Où rien d'heureux ne vient s'annoncer ou promettre
Où rien ne viendra plus réchauffer le passé.
Les jours tombent trop lourds sur mon coeur solitaire
Qui par sa faute est seul et toujours le sera
Et qui sans fin redit tout ce qu'il faudrait taire
Donnant sans fin, sans foi, même ce qu'il n'a pas!
Quel mal a fait de moi cette chose fantasque
Qui toujours veut partir et que rien ne retient,
Qui donc m'invite ainsi à fronder la bourrasque,
Qui donc m'attend au port et me tendra la main?
Victime d'un grand rêve à l'ombre de son aile
Je marche dans la nuit tel un oiseau blessé,
Je chante les printemps, comme les hirondelles,
Mais je repars toujours par les vents froids chassée.
O splendeur des saisons au rythme monotone
Merveilleux et sacré, donne à mon coeur le goût
Des lourdes fins d'été qui annoncent l'automne
Et des hivers pensifs forgeant les printemps doux...
Fais que mon coeur plus fort ait la force de l'être,
Donne courage et foi à tout ce qui devient,
Permets au printemps fous de rire et de promettre
Et donne aux étés mûrs les moissons aux lourds grains.
Alors peut-être encor deviendrai-je sereine
Comme l'est chaque jour qui se croit le dernier,
Et le ruisseau pressé qui murmure en la plaine,
Et la mère éperdue devant son dernier-né...
Publié dans la revue "Poésie. Cahiers Mensuels illustrés", 1928, Tome 6, p. 36
Mon bien-aimé s'en est venu
Mon bien-aimé s'en est venu
Par un soir d'été magnifique,
Il portait au poing son coeur nu...
Mon bien-aimé s'en est venu.
Son coeur brûlait, tel un fanal,
Eclairant l'aube nostalgique
Et j'allais, foulant les lentisques,
Me blessant aux dards des nopals.
J'allais...foulant sombres lentisques,
Escaladant les rochers roux,
Courant, folle, vers son coeur fou,
Vers son coeur sanglant, magnifique!
Par un soir d'été nostalgique
Mon bien-aimé s'en est venu,
Il portait au poing son coeur nu
Et nous nous sommes reconnus...
Depuis, nous allons tous les deux,
Lui, portant son coeur merveilleux
Tel un panache, en les vallées...
Moi, portant, enclos dans mes yeux
Mon bel amour miraculeux,
Mon fol amour, tel un trophée!
Publié dans la revue "L'Auvergne littéraire et artistique", 1924
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