Autres poésies lesbiennes
Autres poésies lesbiennes
Mlle de Lauvergne (17ème):
Sonnet, pour mademoiselle Godefroy
Aimable Godefroy, vous estes redoutable,
Vos beaux yeux sçavent l'art d'ôter la liberté.
Ils ont de la douceur, ils ont de la fierté
Et leur brillant éclat n'a rien de comparable.
Le tour de vostre esprit paroist inimitable,
Qui pourroit se lasser d'admirer sa beauté,
Il est fin, délicat et remply de bonté,
Et l'on voit dans vostre air un charme inévitable.
Mon cœur qui tant de fois se deffendit d'aimer,
Connut que malgré luy vous l'alliez enflâmer,
Par vos attraits puissans, mon ame fut surprise,
Et je sentis pour vous certain je ne sçay quoy,
Que mes brûlans soûpirs vous dirent mieux que moy,
Au moment qu'à vos pieds je perdis ma franchise.
Mlle de Lauvergne
in Recueil de poësies, Claude Barbin, 1680, p. 156.
Antoinette Deshoulières
Ballade à Iris
Il est saison de causer près du feu.
Le blond Phébus, chère Iris, se retire;
L'Aquilon souffle; et, d'un commun aveu,
Point n'est ma chambre exposée à son ire;
Viens y souper; j'ai du muscat charmant.
Quand je te vois, ma tendresse s'éveille,
Désirerais être homme en ce moment
Ou quand ta voix se mêle follement
Au doux glouglou que fait une bouteille.
En dévorant carpe de Seine au bleu,
De sottes gens à l'aise pourront rire;
Trop bien savons qu'il n'en est pas pour peu:
Plaisant et longue en sera la satire.
Nous chercherons un nouvel enjoûment,
Un nouveau feu dans le jus de la treille:
C'est un secours contre plus d'un tourment.
Il n'en est point qui ne cède aisément
Au doux glouglou que fait une bouteille.
Oeuvres 1 (Edition de 1803), p. 131
Madame de la Fer**
(Férandière, fin 18ème)
Pour Sophie
Quand je vois cet aimable enfant
Caresser, adorer sa mère,
Et tendre et chère,
Je voudrais être la maman.
Au récit de quelque malheur,
Qui toujours attendrit Sophie,
Elle fait palpiter mon coeur,
Je voudrais être son amie.
Si je peins son minois charmant,
Et son maintien modeste et sage,
Je maudis mon sexe, mon âge,
Et voudrais être son amant.
Dans l'Almanach des Muses
Par Madame d'Hautpoul, ci-devant Madame de Beaufort.Le refus d'un baiserDe ce refus pénétrez-vous la cause?Vous êtes belle et j'ai quatre-vingts ans;Par un baiser je fanerais la rose,Et ce serait un outrage au printemps.Je dois laisser à la vive jeunesseCes biens si doux, elle a droit d'en jouir;De vos plaisirs il reste à ma vieillesse,Moins un regret qu'un heureux souvenir.Pour un refus, ne croyez pas, bergère,Que l'âge rende un coeur indifférent;Mais un baiser pourrait-il satisfaire,Ne causant plus le plaisir que l'on sent?Je m'en souviens, j'avais une maîtresse,Belle, modeste, et fraîche comme vous;Elle eut vos attraits, j'avais votre jeunesse,Et c'est alors que les baisers sont doux.(Almanach des Muses, 1801)
Violette (Charlotte?) Chabrier-Rieder
(vers 1910)
Adrienne de Lautrec
Jeu d'Ingénues
A Colombine, la rieuse,
Isabelle ose confier
- Et l'autre de se récrier -
Qu'elle n'a point l'âme amoureuse.
Nous allons voir! vite, un manteau,
Un chapeau d'homme et la perruque;
mademoiselle, votre nuque,
Ne pâlira pas de sitôt!
La voici chevalier errant,
Après avoir été soubrette;
Et qui s'en vient conter fleurette,
A l'orgueilleuse, en soupirant.
Tombe à genoux et baise même,
Sans aucun signe d'embarras,
La main, le poignet et le bras,
Tout en lui disant: "Je vous aime".
Bienveillante et sans résister,
L'autre sourit à la caresse,
Et soupire: " Ah! mais rien ne presse;
Tu ne devrais pas insister.
Assez! de grâce...quel dommage,
- La voix porte un léger frisson -
Que tu ne sois pas un garçon!"
Arrêtons ce cruel langage...
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