Ayzac (Félicie-Marie-Emilie d') 1810-1891
Félicie-Marie-Emilie d' Ayzac
1801-1881
En ligne
- La Chapelle de Notre-Dame de toute-joie (Jeux floraux)
Recueils poétiques
- 1833 : Soupirs poétiques
- 1867 : Au Temps passé
Le nid
Dans ce fragile nid que le zéphyr balance,
Je vois tant de bonheur, d'allégresse et d'amour,
Pensive je me dis: Tendre et frêle famille,
Que le Dieu protecteur des champs et des oiseaux
Fasse que dans ces lieux un jour pur toujours brille,
Que jamais de ces fleurs n'approche la faucille,
Que la serpe jamais n'outrage ces berceaux!
Arbres hospitaliers! prêtez-leur vos ombrages;
Sur eux avec amour penchez vos bras amis:
Non, par moi vos secrets ne seront point trahis,
Et seule, chaque jour, rêvant dans ces bocages,
Je viendrai visiter sous vos légers feuillages
L'asile où j'ai compté quatre faibles petits.
Laissez-moi retrouver près de l'antique chêne,
Sur l'arbre aux blanches fleurs, la couche aérienne,
Le duvet suspendu sous les discrets rameaux
Où l'aile de leur mère et la mousse et la laine
A leur débile enfance offrent un doux repos.
Oui, voilà ce réduit de fragile structure,
Ce berceau balancé dans des flots de verdure
Entre l'or des guérets et l'azur d'un beau ciel,
Miracle ingénieux de l'amour maternel
Et chef-d'oeuvre de la nature!
Mais quoi! je le revois vide et silencieux!...
Les hôtes qu'enfermait son sein mystérieux
De quelque être méchant sont devenus la proie!...
Hélas! hier encor, quand je quittai ces lieux,
Dans cet étroit réduit que de paix, que de joie!
La mère, tout entière à ses soins empressés,
Accourait, rapportant le ver et la chenille
Qu'appelaient par leurs cris ses enfants délaissés,
Et le père, en chantant, surveillait sa famille,
Ses petits, doux trésors, l'un sur l'autre pressés,
Plus de chants, plus d'amour, hélas! sous l'aubépine;
Une main sacrilège, effeuillant ses rameaux,
A ravi ses concerts à la branche voisine,
A ce nid ses tendres oiseaux.
Peut-être quelque enfant au coeur impitoyable,
Sourd à leurs cris plaintifs, de remords incapable,
S'applaudit maintenant de son lâche larcin,
Et nous les trouverons demain, là sur le sable,
Livides, morts de froid, de souffrance et de faim,
Peut-être quelque bête affamée et cruelle
A surpris avant l'aube, à l'heure du sommeil
La mère et ses enfants endormis sous son aile.
Pauvres innocents, quel réveil!...
Hélas! si, préservé par sa fuite soudaine,
Un d'entre eux, maintenant, des autres séparés,
Dans les bois d'alentour, faible et volant à peine,
Va plaintif, solitaire et bien loin égaré.
Timide voyageur, tout l'effraie et l'étonne;
Désolé, palpitant, il va, pauvre petit,
Cherchant dans l'horizon les cieux qu'il abandonne,
L'abri du frais vallon où naguère il naquit,
Et l'arbre où sous les fleurs se balançait son nid.
Dans ce fragile nid que le zéphyr balance,
Je vois tant de bonheur, d'allégresse et d'amour,
Pensive je me dis: Tendre et frêle famille,
Que le Dieu protecteur des champs et des oiseaux
Fasse que dans ces lieux un jour pur toujours brille,
Que jamais de ces fleurs n'approche la faucille,
Que la serpe jamais n'outrage ces berceaux!
Arbres hospitaliers! prêtez-leur vos ombrages;
Sur eux avec amour penchez vos bras amis:
Non, par moi vos secrets ne seront point trahis,
Et seule, chaque jour, rêvant dans ces bocages,
Je viendrai visiter sous vos légers feuillages
L'asile où j'ai compté quatre faibles petits.
Laissez-moi retrouver près de l'antique chêne,
Sur l'arbre aux blanches fleurs, la couche aérienne,
Le duvet suspendu sous les discrets rameaux
Où l'aile de leur mère et la mousse et la laine
A leur débile enfance offrent un doux repos.
Oui, voilà ce réduit de fragile structure,
Ce berceau balancé dans des flots de verdure
Entre l'or des guérets et l'azur d'un beau ciel,
Miracle ingénieux de l'amour maternel
Et chef-d'oeuvre de la nature!
Mais quoi! je le revois vide et silencieux!...
Les hôtes qu'enfermait son sein mystérieux
De quelque être méchant sont devenus la proie!...
Hélas! hier encor, quand je quittai ces lieux,
Dans cet étroit réduit que de paix, que de joie!
La mère, tout entière à ses soins empressés,
Accourait, rapportant le ver et la chenille
Qu'appelaient par leurs cris ses enfants délaissés,
Et le père, en chantant, surveillait sa famille,
Ses petits, doux trésors, l'un sur l'autre pressés,
Plus de chants, plus d'amour, hélas! sous l'aubépine;
Une main sacrilège, effeuillant ses rameaux,
A ravi ses concerts à la branche voisine,
A ce nid ses tendres oiseaux.
Peut-être quelque enfant au coeur impitoyable,
Sourd à leurs cris plaintifs, de remords incapable,
S'applaudit maintenant de son lâche larcin,
Et nous les trouverons demain, là sur le sable,
Livides, morts de froid, de souffrance et de faim,
Peut-être quelque bête affamée et cruelle
A surpris avant l'aube, à l'heure du sommeil
La mère et ses enfants endormis sous son aile.
Pauvres innocents, quel réveil!...
Hélas! si, préservé par sa fuite soudaine,
Un d'entre eux, maintenant, des autres séparés,
Dans les bois d'alentour, faible et volant à peine,
Va plaintif, solitaire et bien loin égaré.
Timide voyageur, tout l'effraie et l'étonne;
Désolé, palpitant, il va, pauvre petit,
Cherchant dans l'horizon les cieux qu'il abandonne,
L'abri du frais vallon où naguère il naquit,
Et l'arbre où sous les fleurs se balançait son nid.
Bibliographie
- Odes d'Horace. Traduction française avec des notes explicatives (1822)
- Soupirs poétiques (1833)
- Au Temps passé (1867)
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