Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Béatrice de Die (vers 1140-1175)

Béatrice de Die

(Vers 1140-1175)

 

Chanson

 

Grande peine m'est advenue

Pour un chevalier que j'ai eu,

Je veux qu'en tous les temps l'on sache

Comment moi, je l'ai tant aimé;

 

Et maintenant je suis trahie,

Car je lui refusais l'amour.

J'étais pourtant en grand'folie

Au lit comme toute vêtue.

 

Combien voudrais mon chevalier

Tenir un soir dans mes bras nus,

Pour lui seul, il serait comblé,

Je ferais coussin de mes hanches;

Car je m'en suis bien plus éprise

Que ne fut Flore de Blanchefleur.

Mon amour et mon coeur lui donne,

Mon âme, mes yeux, et ma vie.

 

Bel ami, si plaisant et bon,

Si vous retrouve en mon pouvoir

Et me couche avec vous un soir

Et d'amour vous donne un baiser,

Nul plaisir ne sera meilleur

Que vous en place de mari,

Sachez-le, si vous promettez

De faire tout ce que je voudrai.

 

(Traduction: Pierre Seghers, 1961)


 

 

Il me faut chanter

 

Il me faut chanter ici ce que je ne voudrais point chanter

Car j'ai fort à me plaindre de celui dont je suis l'amie

Je l'aime plus que tout au monde

Mais rien ne trouve grâce auprès de lui

Ni Merci, ni Courtoisie, ni ma beauté, ni mon esprit,

Je suis trompée et trahie comme je devrais l'être

Si je n'avais pas le moindre charme.

 

 

Une chose me console: jamais, je n'eus de torts

Envers vous, ami. Je vous aime, au contraire

Plus que Seguin n'aima Valence

Et il me plait fort de vous vaincre en amour,

Ami, car vous êtes le plus vaillant de tous.

Mais vous me traitez avec orgueil en paroles et en actes,

Alors que vous êtes si aimable envers d'autres.

 

 

Je suis surprise de l'arrogance de votre coeur,

Ami, et j'ai bien sujet d'en être triste

Il n'est point juste qu'un autre amour vous éloigne de moi

Quel que soit l'accueil qu'il vous réserve,

Qu'il vous souvienne du début 

De notre amour. A Dieu ne plaise

Que par ma faute il s'achève.

 

 

La grande vaillance qui loge en votre coeur 

Et votre grand mérite me sont sujets de tourments,

Car je ne connais point dame , proche ou lointaine,

Et en désir d'amour qui vers vous ne soit attirée

Mais vous, ami de si bon jugement,

Vous devez bien reconnaître la plus sincère

Ne vous souvient-il pas de nos jeux-partis?



12/02/2011
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