Beauharnais (Fanny de) 1737-1813
Fanny de Beauharnais
1737-1813
L'île de la Félicité (1800, sur Gallica)
Poésies fugitives
" ...Ces messieurs devant être crus sur parole, parce qu'ils sont les plus forts, il est clair que les femmes ne pensent qu'accidentellement, et qu'elles n'ont pas plus d'âme que la petite chienne qu'elles caressent toute la journée, ou que la chienne de Descartes, qui n'était rien moins que caressée, comme on sait. Ils ont prouvé tout cela, ces messieurs; oui, vraiment, ils l'ont prouvé; nous ne sommes, à leur avis, que des perroquets plus ou moins stylés; nous ne savons rien faire par nous-mêmes, excepté ramager un peu...(Fanny de Beauharnais, 1800)"
"Que j'aime la Mythologie,
Ses baguettes, ses talismans,
Et son agréable magie,
Expliquant les événements
Au gré de notre fantaisie!..."
Epitre à Madame de La Fayette,
Auteur de la Princesse de Clèves, de Zaïre et de la Princesse de Montpensier.
O Toi, dont le génie aimable,
Dans des romans délicieux,
Substitua le vraisemblable
Au faux éclat du merveilleux!
LA FAYETTE, auteur que j'adore,
Toi que je lis, que je dévore,
Ah! s'il se peut, que mes accents
Pénètrent sur la sombre rive!
De ma muse simple et naïve
Reçois et l'hommage et l'encens.
Ils sont rentrés dans les ténèbres,
Les Desmarets, les Scudéris;
Leurs romans si longs, si célèbres,
Sont un peu moins lus que jadis.
C'est là, c'est dans ces beaux ouvrages
Que les plus illustres héros,
Transformés en doux pastoureaux,
Faisaient retentir les bocages
Du touchant récit de leurs maux;
Qu'inconnu, le grand Artamène
Guidait un innocent troupeau;
Que la république Romaine
Se rassemblait sous un ormeau,
Et, sur le bord d'une fontaine,
Dansait au son du chalumeau;
Enfin, que le fier Alexandre,
Clélie et Brutus tour à tour,
Très dignes rivaux de Sivandre,
Soupiraient la nuit et le jour,
Et dessus des cartes d'amour
Cherchaient le beau pays du Tendre.
Par toi la muse du roman,
De sa parure antique et chère
Se vit rendre tout l'ornement;
Et ton coeur fut le talisman
Qui seul t'enseigna l'art de plaire.
Le coeur s'exprime simplement;
Il guida toujours ton génie,
Et tu préféras sagement
Le langage du sentiment
Au jargon de la galanterie.
Tu n'étais plus depuis longtemps,
Lorsqu'avec des crayons brûlants,
Rousseau, qu'inspirait la nature,
Nous offrit la vive peinture
Du plus tendre couple d'amants.
Ah! que n'a-t-il pu te connaître?
Prompt à se ranger sous ta loi,
Ce mortel qui n'eut point de maître,
Aurait pris des leçons de toi:
Que dis-je?... il eut plus fait peut-être,
On ne brave point le pouvoir
Des talents réunis aux charmes;
Forcé de te rendre les armes,
Sans t'aimer, t'aurait-il pu voir?
Pour moi qui n'ai jamais su feindre;
Pour moi je dois en convenir
Que l'habitude de sentir
Prive l'heureux don de peindre,
Me permets-tu de ramasser
Quelques fleurettes sur ta trace,
S'il en est encore au Parnasse
Que ta main ait pu me laisser?
Voilà le seul but où j'aspire...
Mais quel est cet orgueil nouveau?
Lorsque ma plume vient d'écrire
De la Fayette et de Rousseau
Les noms toujours si doux à lire,
Oubliant ce que je leur dois,
Aurais-je dû, dans mon délire,
Aurais-je dû parler de moi?
Romance
Sur l'air: Félicité passée
Beau songe de l'enfance!
Qu'elle était ta douceur!
L'âge de l'innocence
Est celui du bonheur.
Félicité passée!
Qui ne peut revenir,
Tourment de ma pensée!
Que n'ai-je, en te perdant, perdu le souvenir!
C'est alors qu'on ignore
Jusqu'au nom des méchants,
Et que l'on croit encore
La terre à son printemps.
Félicité passée!...
Vous dont la main cruelle
Osa nous éclairer,
De l'erreur la plus belle,
Ah! pourquoi nous tirer!
Félicité passée...
Dès qu'on voit sans nuage
Votre fausse grandeur,
A cette affreuse image
On sent mourir son coeur.
Félicité passée...
On pleure en vain tes charmes,
O céleste bandeau!
Puissent du moins mes larmes
Eteindre le flambeau!
Félicité passée!
Qui ne peut revenir,
Tourment de ma pensée!
Que n'ai-je en te perdant, perdu le souvenir!
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Epigramme de Lebrun
" Églé belle et poète a deux petits travers,
Elle fait son visage et ne fait pas ses vers..."
Elle fait son visage et ne fait pas ses vers..."
Réponse de Fanny de Beauharnais
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