Brimont (Renée): 1880-1943
Renée de Brimont
1880-1943
(petite nièce de Lamartine et cousine de Valentine de Saint-Point)
Page de Sabine Huet consacrée à Renée de Brimont (pdf de "Psyché)
Plus d'informations et nombreuses photographies
Ecouter Renée de Brimont disant ses propres poèmes. Enregistrée le 16 avril 1912)
(Gallica)
Rien ne sert
La petite morte
Ecouter Gérard Souzay interprétant des mélodies de Fauré sur des poèmes de Renée de Brimont: Mirages opus 113 et Cygne sur l'eau
- Psyché, 1924
Publié dans la Revue de Paris, mai 1924
et dans l'Anthologie de la Poétique
Automne
Se peut-il bien, coeur inguérissable,
qu'en vous, mon coeur, l'accomplissement
vienne du pas marqué sur le sable?
A ma fenêtre un frelon bourdonne,
et cette rose est au bois dormant
l'ultime don que nous fait l'Automne.
Si j'ai voulu son parfum suprême
et s'il me plaît d'aimer mon tourment,
n'est-ce pour vivre un dernier poème?
Une ombre
Une ombre... Et le soir égoïste
Qui tombe... Et dans cette heure vide,
Le vol muet d'un oiseau triste.
La douce erreur tremble et se lève...
Au temps, nulle âme dérobée,
Mais l'écho suranné du rêve.
Mais le parfum des badinages,
Des désirs légers et folâtres;
Mais le souci des yeux moins sages.
Nul charme au présent qui le nie
S'il n'est d'humeur mélancolique,
Plaisirs... plaisirs... Monotonie!
Quel oiseau muet vous effleure,
Ame dupe et mystérieuse?
Une heure passe... Et puis une heure...
Paroles
Paroles, paroles que le soir atténue,
Incertains échos des matins défunts,
Parfums
Qui s'entremêlent l'un avec l'un
Pour s'imprégner au creux de mes mains nues...
Douceur!
Caresses de fleurs, caresses de soeur,
Des pays du songe revenues!
Coups magiques frappés sur l'eau d'un cristal,
Baiser mental,
Musique imprécise, langueur continue...
Apaisement
Rentrons la bêche et l'arrosoir.
Le vent du soir
S'enroue
Aux molles branches qu'il secoue,
Et je le sens, frais sur ma joue.
Déjà, vers l'aigu profil noir
De la colline,
La lune des Juillets incline
Sa majesté
D'orange obèse.
Dans les replis d'un soir dété,
Il n'est de coeur violenté
Qui ne s'apaise.
Le beau désir
Soyez, mon désir,
Plus que les choses humaines,
Meilleur que moi.
Soyez le mystérieux roi
Des cimes de neige;
Que les nuages se désagrègent
Autour de vos épaules belles;
Que de blanches ailes
Frissonnent sur votre front d'argent.
Soyez la voix qui dédaigne de feindre,
Et qui chante son chant!
Je veux monter pour vous atteindre.
Imprécision
Mieux vaut, mieux vaut cela,
Cela qui ne porte aucun âge
Et qui n'a pris ni masque ni visage;
Cela qui fut, peut-être, mais qui nous sembla
le mirage incertain d'un mirage...
cela qui nous laisse incrédules encor.
Mieux vaut, mieux vaut cela qui dort
Dans les limbes des désirs pâles, des lueurs d'aube;
Qui, ne s'étant noué par des paroles,
Nous émeut, mieux vaut l'étrange, l'imprécise harmonie
D'âme, non de corps,
Qui fait en nous vibrer une note infinie!
(Ma soeur)
Voir le poème, signé A. de Brimont, extrait de "Mirages", 1914
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