Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Milhyris (vers 1920-1930)

Milhyris

(ou Rita del Noiram)

Ce sont là des pseudonymes. L'identité réelle de cette poétesse n'est pas connue

(vers 1920-1930)

 

Consulter les pages de Sabine Huet

 

- La douceur ancienne, 1931

 

Tircis parle

 

J'ai rôdé tout le jour par les monts, la forêt,

Moi, le blond chevrier dont les yeux d'eau courante

Reflètent tes pâleurs, ô Naïade dormante!

Et, des sylvestres dieux, j'ai surpris le secret.

 

Les faunes qui dansaient en leur feuillu retrait

M'ont couronné de sauge et de pourpre amaranthe,

Et mes dents ont mâché la fougère odorante

Que la nymphe égrenait d'un doigt lent et distrait.

 

Maintenant c'est le soir. Il fraîchit un zéphyre.

Pan, voici que ta flûte, en les halliers, soupire...

Ainsi qu'une bachique et grisante liqueur,

 

Le suc miellé de l'herbe à ma lèvre persiste,

Et je sens s'amollir et se fondre mon coeur

Au chant de la syrinx amoureuse et si triste.

 


 

A Berngère de Die

 

Je songe, trouveresse, à votre amour léger,

Fleurant la citronelle et l'agreste lavande...

O médiéval amour dont je goûtai l'offrande,

En le recueillement d'un lilial verger!

 

Un verger de Provence où venaient voltiger,

Ainsi qu'une neigeuse et suave guirlande,

Les fleurs de seringas à la senteur d'amande.

Vos cheveux vous casquaient en étrange berger,

 

Vos yeux reflétaient la turquoise éblouie

Des flots musiciens de la mer d'Ionie.

En vous, je retrouvais l'Aède aux flancs dorés,

 

Sapphô dont me brûla le rêve insatiable...

Fugitive douceur! mon coeur reste immuable,

Et j'espère l'Amie en qui vous revivrez.

 

 



En marge du XVIème

 

Du feuillage nouveau, s'égoutte le soleil.

Les aubépins d'Avril et les pommiers sont roses.

Et ma Dame, au jardin, rêve, paupières closes,

Son visage pourpré de l'or d'un rais vermeil.

 

O mon coeur où fleurit le renaissant éveil,

Chante, dans le matin, tant de fraîcheurs écloses!

Elle muse parmi ses soeurs, les passe-roses,

Qui jalousent sa joue à l'éclat non-pareil.

 

- Mie au doux regarder qui blessâtes mon âme,

Voyez, près du pigeon, la pigeonne se pâme...

Moi qui plus vous chéris, resterai-je à l'écart?

 

Que votre lèvre, baume et saveur d'ambroisie,

Votre lèvre si bonne à la mienne choisie,

Se pose sur la plaie où l'Amour mit son dard.

 


A Renée de Brimont

Lune aux parterres

 

Septembre, symphonie en ocre glorieux...

La lune de douceur des soirs d'Ile de France

Cerne d'argent les ifs à la noble ordonnance,

Et le Palais revit un songe harmonieux.

 

O roses! volupté de Ronsard et des Dieux,

Ultimes roses chair de fragile nuance,

Vous embaumez ainsi qu'en ces nuits d'indolence

Où l'Amour soupirait ses accents captieux.

 

La même brume épand ses grisailles d'estampes...

Diane au clair profil, et vous, Anne d'Etampes,

Je crois vous voir surgir du mystère de l'ombre.

 

Mais la voix du jet d'eau, fusant parmi les fleurs,

Se fêle comme un rire où grelottent des pleurs.

- Fugacité de l'heure ineffable qui sombre!

 


Pour G.

 

Une rose bastide...

 

Une rose bastide où chante la lumière

Dans l'encens surchauffé des lavandes, des thyms,

Le miel du mimosa, l'ambre des romarins,

- Et la mer nous berçant de sa voix familière.

 

Nous retrouvons l'Hellade en sa grâce première,

La ligne hiératique et bleuâtre des pins

Se fondant au lapis des fluides matins...

Un amandier s'efflore en neige printanière.

 

Dans l'intense clarté, tes larges yeux d'ondin

Prennent le vert doré des feuilles du jardin.

Ainsi, tu me riais en l'île éolienne...

 

Et les mêmes ramiers, roucoulant près de nous,

Le long de la terrasse aux tons briques et roux,

Ressuscitent l'écho de la douceur ancienne.




21/09/2011
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