Dufrénoy (Adélaïde) 1765-1825
Adélaïde Dufrénoy
(1765-1825)
(1765-1825)
L'Amour
Passer ses jours à désirer,
Sans trop savoir ce qu'on désire ;
Au même instant rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire ;
Redouter le matin et le soir souhaiter
D'avoir toujours droit de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se flatter quand on doit craindre ;
Adorer, haïr son tourment ;
À la fois s'effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,
Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux, crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n'en point encore assez faire ;
Soupçonner les amis qu'on devrait estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà ce qu'on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir quand on cesse d'aimer.
Opuscules poétiques, 1806
Le Besoin d'aimer
Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse,
Suis-je triste au sein des plaisirs?
Quand tout sourit à mes désirs,
¨Pourquoi ne suis-je pas heureuse?
Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil
La foule des riants mensonges?
Pourquoi dans les bras du sommeil
Ne trouvé-je plus de doux songes?
Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains
N'enflamment-ils plus mon délire?
Pourquoi mon infidèle lyre
S'échappe-t-elle de mes mains?
Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines,
Et m'abreuve de ses langueurs?
Quand mon âme n'a point de peines,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs?
Elégies, suivies de poésies diverses, 1813 ?
- Elégies , Paris, 1807
- Oeuvres poétiques (Elégies et poésies diverses), Paris, 1827
Sans trop savoir ce qu'on désire ;
Au même instant rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire ;
Redouter le matin et le soir souhaiter
D'avoir toujours droit de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se flatter quand on doit craindre ;
Adorer, haïr son tourment ;
À la fois s'effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,
Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux, crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n'en point encore assez faire ;
Soupçonner les amis qu'on devrait estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà ce qu'on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir quand on cesse d'aimer.
Opuscules poétiques, 1806
Le Besoin d'aimer
Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse,
Suis-je triste au sein des plaisirs?
Quand tout sourit à mes désirs,
¨Pourquoi ne suis-je pas heureuse?
Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil
La foule des riants mensonges?
Pourquoi dans les bras du sommeil
Ne trouvé-je plus de doux songes?
Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains
N'enflamment-ils plus mon délire?
Pourquoi mon infidèle lyre
S'échappe-t-elle de mes mains?
Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines,
Et m'abreuve de ses langueurs?
Quand mon âme n'a point de peines,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs?
Elégies, suivies de poésies diverses, 1813 ?
Bibliographie
- Elégies , Paris, 1807
- Oeuvres poétiques (Elégies et poésies diverses), Paris, 1827
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