Riom (Adine) 1818-1899
ou Louise d'Isole, Comte de Saint-Jean...
(1818-1899)
Est-ce vous que je vois ? dites, répondez vite.
Etes-vous revenu de ce voyage enfin ?
Est-ce une illusion ?... Mon coeur se précipite
Vers votre ombre peut-être ? Oh ! vite, votre main ?
Arrêtez-vous un peu, pour que je vous regarde.
N'approchez pas encor, surtout ne parlez pas !
Laissez-moi le silence... un instant. Prenez garde
Que mon bonheur s'envole au seul bruit de vos pas ! '
J'ai besoin de vous voir, et de vous voir encore !
Dans mon intelligence il n'entre rien do plus.
Je ne puis rien entendre et rien penser ; j'ignore
Si je vous comprendrais, tant se pressent confus
Mes sentiments, mes voeux, ma surprise, moi-même !
C'est bien vous, mon ami ! répondez maintenant !
Non, laissez-moi parler : je vous vois ! je vous aime !
Je vous possède enfin ! ! !... Puis, un rayonnement
Va de vous à mon âme... Oh ! laissez-moi vous dire :
Aimons par un seul c�ur, voyons d'un même esprit.
Pourquoi sommes-nous deux? C'en est fait, le délire
Me transforme en un seul. Ce qui fut moi s'enfuit !
Présence aimée
Oui, quand vous êtes là... tout me semble adorable
Tout est beau, tout est grand, tout est délicieux,
Ravissant !... Je respire un charme inexprimable
Et je sens tout mon être éclairé par vos yeux !...
Puis, je baisse les miens, craignant que ma paupière,
En laissant échapper les rayons do mon coeur.
Profane cet amour !.., Je tremble, heureuse et fière...
J'ai peur qu'autour de nous on vole mon bonheur !
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J'entends battre mon sein... Il bondit, je m'enivre ;
La vie afflue en moi comme dans le réveil !
Oh ! qu'il est doux d'aimer! Oh! qu'il est doux de vivre !
Quand le coeur brûle ainsi ! Ne pourrais-tu, soleil,
Donner plus de rayons ? Oh ! ne pourriez- vous, roses,
Livrer tous vos parfums plus suaves, plus doux ?
Et moi-même, ne puis-je animer toutes choses.
Et créer pour lui seul un ciel autour de nous ?
Il m'aime, Dieu puissant! N'appelle pas mon âme !
Comment veux-tu qu'on meure en ce rêve d'amour ?
Non, si tu m'appelais, ma faible voix de femme
Dirait : c'est impossible ! attends la fin du jour !
Seigneur., de l'inconnu vous soulevez les voiles
Quand vous voulez encore être plus adoré.
Et les regards de feu de toutes vos étoiles
Se fixent aussitôt sur votre front sacré...
Pour vous aimer toujours, n'avez-vous pas des anges ?
Des astres qui peut-être avant nos cieux ont lui ?
Des purs esprits créés les divines phalanges ?
Vous avez tout. Seigneur, laissez-moi donc à lui î ! !
L'AMOUR
Toi qu'on n'ose nommer, esprit, charme, puissance.
Amour, où donc es-tu ? quelle est ta pure essence ?
Des astres de l'Ether fils immatériel,
Es-tu le messager ou l'exilé du ciel ?
Es-tu dans le parfum de ces fruits qui mûrissent ?
Dans la sombre fraîcheur de ces bois qui frémissent ?
Dans ces flots soulevés, dont le rapide flux
Peint de la passion les accents éperdus ?
Animes-tu l'oiseau, dont l'aile fugitive
Vole au-dessus du lac et trouve à l'autre rive
L'asile et le doux nid aux fragiles réseaux
Qui semble un fruit chantant aux feuilles des roseaux ?
Conduis-tu le nuage errant dans la campagne
Qui flotte et se suspend à la verte montagne,
Et qui, se dilatant, prisme d'or et vermeil,
Fond et s'évanouit aux baisers du soleil ?
Serais-tu dans l'espace ou l'air qui m'environne?
L'étincelle ou l'espoir qui sur mon front rayonne?
Quand j'écoute, est-ce toi qui me parle tout bas ?
Oh ! dis, est-ce vers toi que se tendent mes bras ?
« Femme, je suis en toi ! j'habite dans ton âme,
« Tu respires, tu vis par ma divine flamme ;
« C'est moi seul qui produis ta soudaine pâleur,
« Moi qui brille en tes yeux, qui palpite en ton coeur.
« Ecoute sans frayeur : je suis le bien suprême ;
« Mon séjour est au ciel, et ce grand Dieu lui-même,
« Qui dit à l'oeil terrestre : « Ouvre-toi, c'est le jour ! »
"- Dit à l'âme immortelle : << Ouvre-toi c'est l'amour ! »
Bibliographie
Adine Riom (née Brobant, dame Eugène Riom), femme de Lettres, née au Pellerin en Elle a publié, sous les pseudonymes de Louise d'Isole et de Comte de Saint-Jean : plusieurs livres de poésies empreints de sentiments religieux ou patriotiques et remplis des souvenirs héroïques et de saintes légendes de la Bretagne. Parmi ses volumes, nous citerons :
Poésie
- Oscar, poème, Nantes, 1850,
- Reflets de la lumière, 1859,
- Flux et reflux, 1859,
- Passion, 1864,
- Après l'amour,
- Merlin, 1872,
- Histoires et légendes bretonnes, 1873,
- Salomon et la reine de Saba, légende orientale, 1873,
- Fleurs du passé, 1880,
- Légendes bibliques et orientales, 1882,
- Les Oiseaux des tournelles, comédie en prose et en 1 acte représentée sur le troisième théâtre français,
Plusieurs romans dont :
- La Chapelle de Béthléem, 1854.
- Mobiles et zouaves bretons,
- Michel Marion (épisode de la guerre de l'indépendance bretonne, roman historique qui fut encouragé par la Société de l'encouragement au bien en 1879).
Elle a également collaboré à diverses revues dont : La Revue de Bretagne et de Vendée, La Revue de Paris, La Revue contemporaine, La Revue française, etc.
(Wikipedia)
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