Clifford-Barney (Natalie) 1877-1972
Natalie Barney
(1877-1972)
Les 3 premiers poèmes ont été publiés par storage.canalblog.com
(Pour en savoir plus, consulter cette page)
A une myope
J'aime tes yeux d'aveugle agrandis par les rêves,
Tes yeux hantés de nuit, ne voyant que trop tard
Toute chose, et de prés tes cils quand tu les lèves ;
Et je voudrais frôler de ma bouche sans fard
Tes yeux purs comme une onde où malgré toi persiste
La Sirène : je veux aspirer ton regard
Mais puisque pour tes yeux l'irréel seul existe,
Sans cesse contemplant d'invisibles beautés,
Trop frêle pour la Vie, et pour l'Amour trop triste,
Tu passes sans les voir tous deux à tes côtés.
Quatrain
O première ennemie et dernière vengeance
Des dieux qui vont mourir,
Toi qui détruis l'espoir, humaine intelligence,
Peux-tu nous en guérir ?
Sonnet
Sans plus tâcher de plaire ou même d'émouvoir,
Laisse-moi m'approcher de toi, plus virginale
Que la neige ; apprends-moi ta paix impartiale,
Anéantis en moi la force et le vouloir.
Je veux cacher mes yeux, plus tristes que le soir,
A tes yeux ; oublier jusqu'au petit ovale
De ta face, et, mon front dans le frais intervalle
De tes seins, sangloter des larmes sans espoir.
Mes pleurs sont un poison très lent que je veux boire,
Au lieu de mendier à quelque amour banal
L'ingrate guérison, l'aveuglement final...
Près de toi mon désir se consume illusoire.
O mes regrets ! combien j'éprouve encor ce mal
De rêver au bonheur auquel on ne peut croire !
(Amour)
– Amour, sport qui nous nuit
Mais dans lequel s'ennuient
Les princes de la nuit.
– Princesse Å pierre fendre
Daignerez-vous descendre
Dans ce pays du Tendre ?
Natalie Barney avec la peintre Romaine Brooks
Sa peinture
Article publié dans "L'art et les artistes", tome IX, 1909, p. 268
Dans le Mercure de France du 1er février 1920 (Gallica)
La Maison de Natalie Barney
Renée Vivien et Natalie Barney
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