Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Aubépine (Madeleine de l') ... ... 1546-1596

Madeleine de l'Aubépine

(Mme de Villeroy)

1546-1596

 

Débat sur l’attribution des Chansons de Callianthe" sur la revue "La Muse Française (1927-1937)

 

Dame d'honneur de Catherine de Médicis, fille spirituelle de Ronsard, amie de Desportes, redécouverte au début du XXème siècle par M. Sorg. Polémique autour d'Héliette de Vivonne.

 

Les Chansons de Callianthe (extraits)

(le mot "callianthe" signifie en grec "belle fleur"! 

καλός + άνθος

Ne s'agit-il pas de l'aubépine?)

 

(Autour d'un aubépin...)

 

Autour d'un aubépin j'écrivis une fois:

Ici croisse la foi et vive la constance.

Peu après, retournant passer parmi le bois,

J'y reconnus soudain une extrême accroissance.

 

Ha! mon Dieu, dis-je lors, voyez la cruauté!

Dans les rudes déserts privés d'humanité,

D'âme et de sentiment, la foi croît d'heure en heure,

Et au coeur des amants ne peut faire demeure!

 

 

« Berger tant rempli de finesse... »

Berger tant rempli de finesse,
Contentez-vous d’être inconstant,
Sans accuser votre maîtresse
D’un péché que vous aimez tant.
La nouveauté qui vous commande,
Vous fait à toute heure changer :
Mais ce n’est pas perte fort grande
De perdre un ami si léger.

Si vous eussiez eu souvenance
De l’œil par le vôtre adoré,
En dépit de votre inconstance,
Constant vous fussiez demeuré.
Mais vous n’étiez à six pas d’elle
Que votre cœur s’en retira.
Nous verrons, monsieur le Fidèle,
Qui premier s’en repentira.

Ces pleurs et ces plaintes cuisantes
Dont tout le ciel elle enflammait,
C’étaient des preuves suffisantes
Pour montrer qu’elle vous aimait.
Mais vous, plein d’inconstance extrême,
Oubliâtes pleurs et amour.
Donc, si Rosette en fait de même,
Ce n’est qu’à beau jeu beau retour.

Cette si constante et si belle
Que vos propos vont décevant,
S’ elle arrête votre cervelle
Peut aussi arrêter le vent.
Mais je ne poste point d’envie
Au bien que par vous elle aura :
C’est elle, je gage ma vie,
Qui premier s’en repentira.

 

 

(Pour le plus doux ébat...)

 

Pour le plus doux ébat que je puisse choisir,

Souvent, après dîner, craignant qu'il ne m'ennuie,

Je prends le manche en main, je le tâte et manie,

Tant qu'il soit en état de me donner plaisir.

 

Sur mon lit je me jette, et, sans m'en déssaisir,

Je l'étreins de mes bras et sur moi je l'appuie,

Et, remuant bien fort, d'aise toute ravie,

Entre mille douceurs j'accomplis mon désir.

 

S'il advient, par malheur, quelquefois qu'il se lâche,

De la main je le dresse, et, derechef, je tâche

A jouir du plaisir d'un si doux mouvement:

 

Ainsi, mon bien-aimé, tant que le nerf lui tire,

Me contemple et me plaît que de lui, doucement,

Lasse et non assouvie, enfin je me retire.

 

Le luth

(Consulter ici concernant la symbolique érotique du luth)

 

 

 

Sonnet des tourterelles

 

Rêvant parmi ces bois, je vois s'entrebaiser

Deux tourtres que d'amour l'Amour même convie,

De leurs mignards baisers la source est infinie.

Et sans fin leurs plaisirs je vois recommencer:

 

O bienheureux oiseaux, qui d'un même penser

Contentez vos esprits francs de la tyrannie

Qu'apporte le respect, l'honneur, la jalousie,

Et mille autres soucis qui me font trépasser.

 

Vou voletez sans soin, joyeux, de branche en branche,

Eprouvant le bonheur d'une liberté franche,

Et les suaves douceurs d'une égale amitié.

 

Ha! je puisse mourir si je ne voudrois être,

Avec vous, chers oyseaux, tourterelle champêtre,

Pourveu que, comme vous, j'eusse aussi ma moitié!

 

 

 

Sonnet


L'on verra s'arrêter le mobile du monde,
Les étoiles marcher parmi le firmament,
Saturne infortuné luire bénignement,
Jupiter commander dedans le creux de l'onde?

L'on verra Mars paisible et la clarté féconde
Du soleil s'obscurcir sans force et mouvement,
Vénus sans amitié, Stilbon sans changement,
Et la lune en carré changer sa forme ronde,

Le feu sera pesant et légère la terre,
L'eau sera chaude et sèche et dans l'air qui l'enserre,
On verra les poissons voler et se nourrir,

Plutôt que mon amour, à vous seul destinée,
Se tourne en autre part, car pour vous je fus née,
Je ne vis que pour vous, pour vous je veux mourir.

 

 

 

Bibliographie

Les chansons de Callianthe



13/01/2011
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