Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Chéron (Elisabeth-Sophie)... ... ... 1648-1711

Elisabeth-Sophie Chéron

peintre, graveur, poétesse

(1648-1711)

 

 

 

 

 

Chéron compositrice

 

 


 

 ...Vous connaîtrez que le sens du Psalmiste est rendu fidèlement partout. Que si en quelques endroits la pensée est plus resserrée ou plus étendue, c'est pour lui donner ou plus de force ou plus de grâce dans notre langue; cependant on ne daurait dire que la vérité en soit altérée, et même je me suis donné cette liberté que par rapport à quelques passages de l'Ecriture qui viennent au sujet, et qui éclaircissant le sens ne servent qu'à donner une plus paraite intelligence du Texte. De plus la Poésie demande quelquefois des licences, elle a ce privilège dans toutes les Langues; et pourvu que ces licences ne corrompent point le sens, ce serait injuste de lui dénier dans la nôtre tous les ornements qu'elle en peut recevoir: nous perdons assez de n'y pouvoir faire sentir les grâces de la langue sainte; les expressions outrées à notre égard, et les redites continuelles, qui ne sont ni de notre usage ni de notre goût, sont pourtant des beautés infinies dans l'Original, qui ne peuvent être remplacées que par ce que notre langue a de plus riche et de plus sublime...

 

Essai de Psaumes et Cantiques

 (lien vers l'ouvrage)

 

Psaume VIII

 

"Domine, Dominus noster quam admirabile est nomen tuum", etc.

 

David en ce Psaume admire la grandeur de Dieu et son amour envers les hommes.

 

 

Que ton nom est admirable

Souverain Seigneur que je sers!

Il retentit en cent climats divers,

Tout fléchit à ce Nom si saint, si vénrable,

Que sa grandeur inconcevable

Remplit bien ce vaste Univers!

 

 

Jusqu'où sa gloire peut s'étendre,

Tout le célèbre, on l'adorent en tous lieux:

Mais qui peut l'exalter, ce Nom si glorieux,

Que les Cieux ne peuvent comprendre?

C'est par la bouche des enfants

Que sa vertu se fait entendre,

Et pour confondre les méchants,

La louange te plaît dans cet âge si tendre.

Lorsque mes yeux vers le Ciel élevés

Contemplent tes brillants Ouvrages,

Cette source du jour, sans ombres, sans nuages,

Tant de miracles achevés:

Je dis tout transporté de ta grandeur suprême,

Toy, qui te rends présent le passé, l'avenir,

Dieu, qui te suffis à toi-même,

L'Homme a-t-il mérité d'être en ton Souvenir?

Cet Homme, qui te doit son être,

Et que ta gloire environne aujourd'hui,

De la Terre, et des Mers est reconnu pour Maître;

Tes Anges seulement sont au-dessus de lui:

Tout ce qu'on voit, et ce qui respire,

Les plus grands animaux, comme les plus petits,

A ses lois sont assujettis;

Sur tous les éléments il étend son empire,

Tu le préviens en tout ce qu'il désire,

Et de tant de bienfaits son coeur seul est le prix.

O bontés de mon Dieu, que sans cesse j'admire!

De votre immensité qui ne serait surpris?

 

 

Psaume 17

(Extrait)

 

Au fort d'un danger si pressant,

Invoquant un Dieu secourable,

Je poussais ma voix lamentable

Jusqu'au Trône du Tout-puissant;

Il a de sa demeure sainte

Favorisé ma juste plainte:

Touché de mes cris, de mes pleurs,

Lorsque ma force est épuisée,

Sa colère s'est embrasée

Contre mes barbares vainqueurs.

 

A sa voix la terre agitée

Tremble jusques aux fondements;

La mer mugit, et par les vents

Jusqu'au ciel la vague est portée:

Ses regards enflamment les airs,

Les tonnerres, et les éclairs

Combattent l'épaisseur des ombres;

Au milieu de l'obscurité

Dieu descend, et sa majesté

Se couvre de nuages sombres;

 

Le voici, coupables humains;

Dans le sein de la nue humide,

Il fend les airs d'un vol rapide

Sur les ailes des Chérubins:

Les éclairs, qui de ses yeux partent,

Déjà les nuages écartent;

La grêle, les charbons ardents

Remplissent les airs, et la terre

Contre ceux qui me font la guerre,

S'unissent tous les éléments.

 

Parmi des éclats effroyables

Ses bruyants foudres allumés,

Comme des serpents enflammés,

Tombent sur les têtes coupables.

Les forêts, les monts renversés

Pêle-mêle sont entassés,

Des fleuves les sources cachées

Laissent voir dans le fond des mers

Les fondements de l'Univers

Sur leurs arênes désséchées.

 

Mais tandis que le Tout-puissant

Sur l'ennemi, qui plein d'envie

Poursuit les restes de ma vie,

Lève le foudre menaçant:

Du haut de son Trône adorable

Il me tend sa main secourable,

Et se rendant mon protecteur,

Sa force soutient ma faiblesse,

Et lorsque le malheur me presse,

Il détruit mon persécuteur.

 

 

Psaume 49

Extrait

 

Ces holocaustes fastueux,

Que vous m'offrez en sacrifice;

Vos hécatombes somptueux

Vers vous me rendront-ils propice?

Bois-je le sang que vous versez,

Et de vos troupeaux engraissés

Dévorai-je la chair fumante?

Insensés et faibles humains,

Ce que votre main me présente

N'est que l'ouvrage de mes mains.

 

J'ai créé tout ce qui respire,

Maître de ce vaste Univers,

Les brûlants étés, les hivers,

Tout relève de mon Empire,

Ai-je besoin de vos présents,

Vos victimes et votre encens

Sont-ils une assez digne offrande?

Toute la terre est sous ma loi,

Et de ce tout qui n'est qu'à moi

C'est votre coeur que je demande.

 

Le sacrifice que je veux

C'est une louange immortelle;

Mais je n'accepte point les voeux,

Qui partent d'une âme infidèle.

Toi qui par un esprit trompeur

Sous l'appas d'un dehors menteur,

Des innocents fais tes victimes,

Dis-moi pourquoi profanes-tu

Dans ta bouche pleine de crimes

Le sacré nom de la vertu?

 

(orthographe modernisée, ponctuation d'origine)

 

 


Cantique de Moïse
(Fragment)


... Mais voici l’Éternel qui parle par ma voix.
Peuple ingrat, peuple dur, qui méprise mes lois,
Puisque de tes péchés la mesure est entière,
J’ôterai de tes yeux ma divine lumière.
Mon courroux s’étendra sur tous les éléments
Et frappera ces monts jusques aux fondements ;
Je te ferai sentir mes flèches embrasées,
Les misères sur toi sembleront épuisées ;
Consumés de la faim, tes citoyens mourants
Serviront de curée aux oiseaux dévorants
Et des serpents cruels la morsure enflammée,
Coulera dans leur sang sa rage envenimée ;
Dévorés des lions, par le glaive abattus,
Tes enfants, tes vieillards se verront confondus
Et de ton nom fameux, jadis si plein de gloire,
Dans les siècles futurs j’éteindrai la mémoire.


Extrait de Psaumes et Cantiques, 1694.

 


 

 

Les cerises renversées (1699)

Dans Joseph de la Porte, vol. 2

 

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28/01/2011
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