Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Labé (Louise)... ... ... ... 1524-1566

Louise Labé

1524-1566

 

Louise Labé, une "créature de papier",une supercherie littéraire montée par des poètes lyonnais, autour de Maurice Scève? Voir la thèse de Mireille Huchon, soutenue également par Marc Fumaroli.

 

 

Sonnet 8

 

Je vis, je meurs; je brûle et je me noie;
J'ai très chaud tout en souffrant du froid;
La vie m'est et trop douce et trop dure;
J'ai de grands chagrins entremêlés de joie.

Je ris et je pleure au même moment,
Et dans mon plaisir je souffre maintes graves tortures;
Mon bonheur s'en va, et pour toujours il dure;
Du même mouvement je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour me mène de manière erratique;
Et quand je pense être au comble de la souffrance,
Soudain je me trouve hors de peine.

Puis quand je crois que ma joie est assurée
Et que je suis au plus haut du bonheur auquel j'aspire,
Il me remet en mon malheur précédent.

 

 

Sonnet 14

 

Tant que mes yeux pourront répandre des larmes,
En regrettant notre bonheur passé :
Et que ma voix pourra résister aux larmes
Et aux sanglots, et un peu se faire entendre :

Tant que ma main pourra tendre les cordes
Du luth mignon, pour chanter tes grâces :
De ne rien vouloir sauf te contenir :

Je ne souhaite pas encore mourir.
Mais quand je sentirai que mes yeux tarissent,
Que ma voix se casse, et que ma main est impuissante,

Et que mon esprit en ce mortel séjour
Ne peut plus montrer qu'il aime :
Je prierai la Mort de noircir mon jour le plus clair.

 

 

Sonnet 18

 

Baise m'encor, rebaise-moi et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las, te plains-tu?   ça que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :

Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

 

 

 

Sonnet 24

 

Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé,
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes.
Si, en pleurant, j'ai mon temps consumé,

Las ! que mon nom n'en soit par vous blamé.
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,

Sans votre ardeur d'un Vulcain excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses,

En ayant moins que moi d'occasion,
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses!

 



13/02/2011
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 165 autres membres