Guyon (Jeanne)... ... ... ... 1648-1717
Jeanne Guyon
(1648-1717)
Cantiques spirituels (vol. 2-)
Océan du divin amour
(extraits)
O rayon ténébreux d'une immense clarté;
O nuit, ô torrent de lumière,
Pur amour, simple vérité,
Source de bien, cause première!
Doux centre de repos, céleste volupté,
Sacré monument de la gloire!
Doux noeud d'une pure unité,
Absorbement de la mémoire!
Auguste majesté, chaste et sublime amour,
Charité pure essentielle!
Nuit plus brillante que le jour,
Ta clarté devient éternelle.
... Dans ce vaste océan, dans cette mer d'amour
On ene voit rien que l'amour même:
Ce que je viens d'appeler jour
Paraît ténèbres quand on aime.
... Nul objet singulier, un abîme profond
Environne toute notre âme:
Ce qui la perd et la confond,
C'est une mer toute de flamme...
Merveilleuses contrariétés
qu'on expérimente dans l'amour
Vaste désert, rochers, forêt obscure
Où le soleil ne pénètre jamais,
Lieux qui sont terribles à la nature,
En vous je trouve tout ce qui me plaît.
... Soleil, je me dérobe à ta lumière,
Je m'éloigne avec soin de ta clarté:
La sombre nuit en fermant ma paupière
M'éclaire bien plus sur la vérité.
Lieux de tous temps consacrés au silence,
Bois dont le front semble approcher les cieux,
Je puis avec vous en toute assurance
Plaindre un tourment qui m'est délicieux.
...Qui peut faire des effets si contraires?
Ah! qui les fait, Amour, si ce n'est vous?
Mon coeur content, qui peut le satisfaire?
Est-ce le rien? Serait-ce mon Epoux?...
Ôtez la rouille
et il se formera un vase très pur
Hélas ! mon coeur est plein de rouille,
Que cause ma propriété :
Si j’ai de vos dons, je les souille ;
Mettez-le, Mon Seigneur, dans votre vérité.
Ah ! faites-le passer sous la meule avec l’eau ;
N’épargnez point les coups, mais lavez son ordure ;
Non, ce n’est pas assez ; formez-en un nouveau
Qui n’ait plus rien de l’humaine nature.
Vous avez un moyen qui me paraît plus court :
Mettez-le dans votre fournaise,
Daignez le consumer du feu de votre amour ;
Il fera plus d’effet que la plus forte braise.
Mes yeux fourniront assez d’eau
Pour laver mon coeur infidèle :
Mais, ô divin Amour, sans ce sacré fourneau
Il pourra contracter des souillures nouvelles.
L’Amour insensible d’une âme consommée en Dieu
(Fragment)
Mon coeur est transporté dans une région
Plus profonde et plus étendue,
Je ne connais plus l’abandon,
Tout est englouti dans la nue.
Saintes obscurités, insensibles amours,
Ô pertes, ô rayon de lumière !
Que vous me montrez de beaux jours
Près de la fin de ma carrière !
Si je meurs dans l’amour, je serai fortuné,
Malgré ce terrible passage ;
Partout où Dieu m’a destiné,
Je trouverai l’heureux partage.
... Ô séjour de la paix, consacré par l’amour !
Ô brasier caché sous la cendre !
Ô tranquille et vaste séjour,
Où l’amour seul se fait entendre !...
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