Vannoz (Philippine de) 1775-1851
Philippine de Vannoz
1775-1851
Epitres Conseils à une femme sur les moyens de plaire dans la conversation,élégies,poèmes "fugitifs"
(Voici la phrase la plus fameuse de Lebrun:
"Inspirez, mais n'écrivez pas".)
Réponse aux vers de M. Lebrun
intitulés:
Mon dernier mot sur les femmes poètes
(1812)
Quand Lebrun, dans ses vers heureux,
De toute femme auteur condamnant la manie,
Déplora la triste folie
Qui faisait d'une belle un poète ennuyeux;
Dans l'antique mythologie,
Cherchant quelques appuis à son droit incertain,
A côté de Psyché, des Grâces,
Aux femmes désormais il désigna leurs places.
Mais, dans l'Olympe féminin,
Je vois les neuf soeurs, qu'il oublie,
La beauté, les Talents, mêlant leurs attributs,
Et la ceinture de Vénus
Près de la lyre d'Uranie.
Au Pinde, comme ailleurs, les hommes sont jaloux.
Il faut partout céder, et borner tous nos goûts
A briguer de leur choix la gloire passagère.
Ils savent que l'esprit peut défendre le coeur.....
Ainsi, d'un adroit adversaire,
Le langage, toujours menteur,
Ne vante en nous que l'art d'aimer et de plaire;
Et ce serait une ruse de guerre,
Si ce n'était une ruse d'auteur.
O Muses! des talents aimables
Versez le charme de nos jours;
Bannissez loin de nous des dieux plus redoutables;
J'implore vos présents bien moins que vos secours.
Dérobez à l'Amour la douce rêverie
Qui remplit des beaux ans les dangereux loisirs,
D'un coeur né pour aimer soyez les seuls plaisirs,
Et trompez-le du moins sur l'emploi de la vie.
Ah! lorsque de leurs dons nous comblant à la fois
La beauté, l'heureuse jeunesse,
Appellent des plaisirs la dangereuse ivresse,
Souvent de la raison nous négligeons la voix.
Ne parlez pas alors et d'étude et de gloire;
Elle offrirait en vain ses brillantes faveurs:
Songe-t-on au moyen d'occuper la mémoire,
Si l'on peut d'un regard occuper tous les coeurs?
A de si vains succès quand l'âge enfin s'oppose,
Quand la gloire à nos yeux offre un nouvel attrait;
Toute femme en soupire, et place avec regret
Les lauriers sur le front où se fane la rose,
Par l'ordre d'un destin jaloux
La beauté détrônée a perdu sa puissance;
Mais l'esprit peut encor d'un empire aussi doux
Lui rendre l'heureuse espérance,
Et l'Hypocrène alors pour nous
Est la fontaine de Jouvence.
Toujours humbles dans nos projets,
N'allons point, en muses hardies,
Disputer aux mâles génies
Les chants de gloire, et les vastes sujets:
Mais du moins, mon sexe réclame
Les sujets simples et touchants;
Qui peut mieux parler qu'une femme
Le langage des sentiments?
Leur plume, tour à tour et sensible et légère,
Sut immortaliser Corinne et Deshoulière:
Du Pinde, leur domaine, ôsez les rappeler!...
Semblable à ces peuples barbares,
Qui de leurs paradis bizarres
Voulaient, dit-on, nous exiler.
Le zèle ardent qui vous enflamme
Au même sort nous asservit;
On peut bien contester une âme
A qui l'on refuse l'esprit.
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