Férandière (Marie-Amable de la) (1736-1819)
Marie-Amable de la Férandière
1736-1819
Romance de Paul et Virginie sur Gallica
Fables, épigrammes...
Le bourdon et l'hirondelle
Maudit soit le bourdon, aussi vil qu'ennuyeux,
Disait l'autre jour l'hirondelle ;
Sans cesse il vient troubler les chants mélodieux
Du merle, du pinson, de ma soeur Philomèle.
À quoi cet insecte est-il bon ?
Interrompre, étourdir. Il n'a pas d'autre don
Et toujours, près de nous, il vient faire sa ronde.
L'ennuyeux bourdon l'entendit
Et lui dit :
J'ai bien des pareils dans le monde,
Qui jamais n'ont fait que du bruit !
Car notre espèce est très féconde,
Nous recevons parfois incivil compliment ;
Mais nous nous en moquons, ma mie ;
Chacun de nous va répétant :
Eh ! que m'importe si j'ennuie !
Moi, je m'amuse en bourdonnant.
(Oeuvres, 1806)
Pour Sophie
Quand je vois cette aimable enfant
Caresser, adorer sa mère,
De cette fille et tendre et chère,
Je voudrais être la maman.
Au récit de quelque malheur
Qui toujours attendrit Sophie,
Elle fait palpiter mon coeur,
Je voudrais être son amie.
Si je peins son minois charmant,
Et son maintien modeste et sage,
Je maudis mon sexe, mon âge,
Et voudrais être son amant.
Epigramme
Le beau Cléon nous disait aujourd'hui
Matin et soir je fais la même chose
Et n'ai jamais connul'ennui.
De ce bonheur nous savons bien la cause,
C'est qu'il parle toujours de lui.
Le bon choix du rat
L'autre matin en me levant,
Je vois sur le parquet voler au gré du vent
Nombre de feuilles imprimées
Et la plupart très écornées.
Qu'est-ce que ces papiers? des fables, dit Marton.
Ciel un rat m'aura pris ma bonne édition
De mon bien aimé la Fontaine.
Et vite un piège, un chat en faction,
Que bientôt le gourmand subisse juste peine,
Quelle engeance bon dieu! que l'engeance des rats!
Je me baisse pour voir les débris du repas,
Disant,le maudit rat ne fera plus des siennes.
Oui, ce sont des fables vraiment.
Consolons-nous, oh! le mal n'est pas grand:
Ce rat d'esprit n'a mangé que les miennes.
Le pinson et la pie
Apprends-moi donc une chanson
Demandait la bavarde pie
A l'agréable et gai pinson,
Qui chantait au printemps sur l'épine fleurie.
- Allez, vous vous moquez, ma mie;
A gens de votre espèce, ah! je gagerais bien
Que jamais on n'apprendra rien.
- Eh quoi! la raison, je te prie?
- Mais c'est que, pour s'instruire et savoir bien chanter
Il faudrait savoir écouter,
Et babillard n'écouta de sa vie.
Bibliographie
Pièces fugitives (1798)
Almanach des Muses dans les années 1780
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