O'Santry (Sybil) ... ... ... (1881-1950?)
Sybil O'Santry
pseudonyme d'Elsa Koeberle
1881-1950?
Sources accessibles sur Internet
- Recueil "Les Accords" en pdf sur le site de Sabine Huet
- Numéros du Mercure de France faisant place à ses poèmes:
1er décembre 1912 (signé Koeberlé)
1er décembre 1911 (signé Koeberlé)
Septembre 1902 (signé O'Santry)
Juillet 1901 (signé O'Carrey)
- 1 numéro de La Plume
1er juin 1906
- Revue de la NRF, Février 1913 (signé Koeberlé), non accessible sur Internet.
PDF de Sabine Huet (extraits)
(Autour des monts sauvages...)
Autour des monts sauvages,
Serpents démesurés,
S'enroulent les nuages.
Des dragons égorgés
Saignent le long des roches,
Et l'eau sombre du lac est pesante et glacée.
De la neige et du sang
Parent les cimes nues,
Même la voix du vent
S'est tue.
Et seul, dans le silence
De ce site tragique,
Comme un cri frénétique
Un roc aigu s'élance.
(Misurina, 1903)
(Elseneur)
Elseneur, Elseneur, comme je me souviens,
Accoudée à la terrasse du château,
D'avoir vu passer les bateaux
Au large du détroit, comme des oiseaux!
Des forêts descendaient jusqu'à la mer changeante,
Des méduses fleurissaient le coeur des eaux
Chatoyantes...
O baltique verte et bleue, journées transparentes.
Grands vaisseaux, petits voiliers aux blanches ailes,
Vous glissiez dans le soir tiède,
Tandis qu'en face, nette, la côte de Suède
Se détachait sur le ciel doux,
Et les vagues grondaient sur le sable désert,
De cette grève que tu hantes encore, jeune Hamlet;
O le château romantique et romanesque!
O les bateaux sur le détroit! Elseneur!
(Quand la grâce penchée...)
Quand la grâce penchée du défaillant Octobre,
Sur l'herbe des vergers ait cheoir les fruits trop mûrs,
J'aime les chambres où la lampe vacillante,
Projette ton profil sur la clarté du mur.
Alors, malgré le bruit des haches meurtrières,
J'oublie les bûcherons dans les arbres du parc...
Toi, que la lampe accuse en contour de lumière,
Comme tu sais bander ta mince bouche en arc!
J'ai noué tout mon espoir à ton cou flexible,
Et mannequin trouvé par ton tir à la cible,
Mon coeur ne veut plus rien que ces soirs indolents;
Car toute la beauté blessée de l'automne,
Tu la résumes, en ce geste nonchalant
Qui tente d'affermir tes lourds cheveux croulants.
Dans La Plume, 1903 1-6
(Ma meute noire)
Ma meute noire et feu est docile. A ma voix
Elle se couche dans le sable et reste coite
Des heures, en arrêt, la tête entre les pattes,
Chiens de race flairant le gibier rare au loin.
Ma meute noire et feu, je l'aime et j'en ai soin.
Pas un qui ne soit beau, pas un seul chien qui boite,
Chiens d'arrêt, chiens courants, chassant de gauche à droite,
Ma meute noire et feu est belle dans les bois.
A la voix de mes chiens, le cerf lève la tête,
La tête au corps il fuit, mais ma meute l'arrête.
Lorsque mes chiens aboient, les hauts sapins s'épeurent.
Même après la curée, sanglante plus qu'aucune,
Inassouvis toujours, ils hurlent à la lune,
Et la forêt frémit d'ouïr mes chiens qui pleurent.
Documents Gallica
Dans le Mercure de France de Juillet 1901, 3 sonnets, signés Sybil O'Carrey, dont celui sur "La Meute" qui permet de l'identifier.
Publié dans le Mercure de France VIII, Septembre 1902
J'ai dans mes cheveux lourds
J'ai dans mes cheveux lourds, fleuve de deuil et d'ombre,
Tressé du chèvre-feuille et de grands iris bleus,
Et pour voir ma beauté, du secret des bois sombres,
Par troupes sont venus les daims roux et peureux.
Mes hanches blondes ont la courbe d'une lyre,
La source a tressailli de refléter mon corps,
L'eau garde au fond du coeur l'image qui s'y mire,
Entre ses plis mouvants, ma beauté tremble encore.
Et de m'être penchée jusqu'au miroir limpide
(Car j'ai bu à genoux en moullant mes cheveux)
L'eau connaît la saveur de mes cheveux humides.
Celui qui passera pour s'y désaltérer
Sera hanté par moi qu'il n'aura pas connue...
L'eau garde en son coeur l'image de ma beauté.
Un soir comme un flambeau
Un soir comme un flambeau s'éteint, je m'en irai,
Tu n'y songeras pas tout d'abord: mais un jour,
En venant t'accouder à la place où toujours
Nous fûmes deux - tu rêveras à mes cheveux.
Tu chercheras ma silhouette puérile
Et les plis noirs de ma robe sur le tapis.
Tu reverras tel geste de ma main, précis
Comme une eau-forte - et d'une encre indélébile,
Et tu seras triste de ne pas me trouver là,
Qui sait? Tu pleureras peut-être. - C'est dommage
Que nous n'ayons pas mis de signes à ces pages,
Celles (t'en souviens-tu) que tu m'as lues tout bas.
Dans L'Ermitage 1905/07 (Vol. 33)
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