Gournay (Marie Jars de), 1566-1645
Marie de Gournay
(1566-1645)
Voir Busoni: "Chefs-d'oeuvre poétique des Dames Françaises..."
- "Fille d'alliance" de Montaigne (Publication de la 3ème édition de ses oeuvres en 1595)
- Nombreuses poésies
La reine à Diane,
sur les chasses fréquents du roi
Sonnet
Que je te hais, chasseresse de Cynthe,
Je veux douter de ta pudicité,
Voyant mon roi jour et nuit agité
Dans les forêts sans égard de ma plainte.
Rends-le, Diane, à ma jalouse crainte:
J'ai comme toi l'éclat de déité;
Par l'univers mon nom est récité,
Ma beauté luit, ma couche est pure et sainte.
Mais ta pudeur cachant ta feinte aux bois,
Tu me ravis la fleur des jeunes rois,
Plus beau que toi, plus fort que Mars ton frère.
N'irrite plus ma tendre passion:
Rends-tu Louis rival d'Endymion,
Pour être ensemble et peu chaste et légère?
Vers pour Madame de Rasgny
De sang et de beauté, d'heur et de biens ensemble,
Tu me passes, Cypierre; ailleurs je te ressemble.
Nous avons toutes deux, franches de vain orgueil,
Un train de moeurs bénin suivi d'un doux accueil
La moyenne hauteur borne nos deux corsages.
Nos deux esprits sont et ronds nos deux visages.
L'orient de mes jours suivit de près le tien.
Paris fut ton berceau qui fut aussi le mien.
Nous savons toutes deux et parler et nous taire.
Toutes deux feuilletons la muse et son mystère,
Lorsqu'une haute fête allume son beau jour,
Roulant quatre fois l'an un solennel retour.
Nos deux âmes ne sont aux devoirs négligentes.
Toutes deux détestons les actions méchantes.
En toutes deux encor la modestie a lieu,
Vertu de femme et d'homme, et vertu d'un grand Dieu
Nous sommes toutes deux d'humeur officieuse,
L'une et l'autre est aussi vers l'affligé pieuse.
Ton esprit et le mien au devis s'est jeté,
Devis d'un air discret, orné de gaieté.
Toutes deux proclamons, d'une sentence juste,
Notre duc de Nevers, fleur de sa race auguste.
Or, certes de ces biens l'hommage je te dois:
Car je les tiens d'exemple en m'approchant de toi.
Au petit chien de la Reine Régente
Sur un songe
Chien, au chien céleste pareil,
Gisant naguère au mol sommeil,
En mon sein tu t'es venu rendre,
Tout blandissant d'un amour tendre,
Au ventre, aux yeux, au petit nez,
Mille baisers je t'ai donné:
Pui harcelant ta dent rebelle,
Je t'ai dit: la reine t'appelle.
Mon hôte, mon coeur, petit chien,
Ce songe me promet du bien:
Car Memphis par un chien désigne
L'amour et la faveur bénigne.
La reine à ce coup m'aimera,
La reine à ce coup me rira,
Et pensera que les tendresses
De tes amoureuses caresses,
Parlent pour moi soir et matin:
Soit que ton japper enfantin,
Ton baiser ou ton oeil lui touche
L'oreille, les yeux ou la bouche.
Madrigal
Sur un enfant qui semblait épris de la Reine Régente.
A voir le petit Alcidon,
Au sein de la reine adorée,
Vous diriez que c'est Cupidon
Entre les bras de Cythérée,
N'était que l'enfant de Cypris
Prend nos coeurs et rit de nos larmes,
Et celui-ci, lui-même pris,
S'est blessé de ses propres armes.
Publié dans les Oeuvres Poétiques de Pierre de Brach, en 1587, date de la mort d'Aymée (Anne de Perrot, femme de Pierre le Brach).
Archive.org
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 165 autres membres