Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Murat (Comtesse de) 1670-1716

Comtesse de Murat

1670-1716

 

- Contes de fée

- Epigrammes

- Romans

Article et poèmes publiés dans

L'Anthologie des poètes bretons du 17ème siècle, par Adine Riom (Comte Saint-Jean), 1884


 

 La Discrétion

 

Si quelqu'un, bien traité des belles,

Fait, des faveurs qu'il obtient d'elles,

Un trophée à sa vanité,

Qu'il soit partout si mal traité,

Qu'il ne trouve que des cruelles.

Aimer à publier les grâces qu'on reçoit

Marque, ordinairement, qu'on les sent comme on doit.

En amour, c'est une autre affaire,

C'est les bien ressentir que de les bien céler,

Et, si l'ingratitude est ailleurs à se taire,

En amour, elle est à parler!

 


 

L'Epitre à Lisette

 

Muse de tous nos jeux, objet de nos hommages,

Songez que le dépit se mêle à nos suffrages,

Lorsque vous empruntez des travestissements

Trop peu dignes de vous, malgré vos agréments;

D'un naturel heureux l'ascendant est extrême.

Pour nous plaire toujours, soyez toujours vous-même;

Sous des myrthes fleuris, sans des palais charmants,

Devenez-vous princesse ou compagne de Flore,

Vous causez dans les coeurs de doux ravissements,

Un murmure s'élève, éclate, augmente encore;

Vous entendez partout des applaudissements.

Quel triomphe flatteur! C'est un peuple d'amants

Qui couronne ce qu'il adore!

Hé bien! croyez-les donc, ces coeurs que vous troublez.

Sous les vains ornements que votre art nous présente,

Vous n'êtes jamais plus charmante,

Que lorsque vous vous ressemblez!


 

L'hiver de 1709 (chanson)

 

Le tendre Amour soupirant

Hier disait à sa mère:

Je ne sais quel accident

A fait geler la terre;

Mais il fait bien mauvais temps

Dans l'île de Cythère!

 

Les amoureux sont transis,

Auprès de leur bergère;

Dans ses doigts on voit Tircis

Souffler et ne rien faire.

Ah! que de coeurs engourdis

Dans l'île de Cythère!

 

Il nous faudrait des amants

Discrets mais téméraires,

Qui ne fussent pas tremblants,

Mais ardents et sincères;

Tels ne sont pas ceux du temps

Qui règne dans Cythère!

 

Après le froid c'est la faim

Qui nous livre la guerre;

On appauvrit le terrain

D'Amour et de sa mère;

On n'a plus que mauvais grain

Au marché de Cythère!

 

Jadis on allait semant

Le grain en bonne terre,

On faisait facilement

Une récolte entière;

Que de déchets à présent,

Dans l'île de Cythère!

 

L'on apportait à foison

Farine aux boulangères;

Dans cette mêrne saison,

A peine les meunières

Retirent-elles du son

Des moulins de Cythère!




14/06/2011
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 165 autres membres