Bectoz (Claude de) (? - 1547)
Claude de Bectoz
(? - 1547)
Lyonnaise
Réponse de Claude de Bectoz à des Periers
Quand vous verrez un serviteur
De plus d'une solliciteur
Tâcher à toutes enflammer,
Il ne saurait sans mal aimer.
Quand vous le verrez trop bien dire,
Du coeur et de la bouche rire,
En lieu de se plaindre et pâmer,
Il ne saurait sans mal aimer.
Quand il entre seul volontiers
En un lieu, sans second ni tiers,
Et tâche à tous les huis fermer,
Il ne saurait sans mal aimer.
Quand il ne se peut apaiser,
Que par toucher ou par baiser,
Qu'il ne sait seulement estimer,
Il ne saurait sans mal aimer.
Quand sa main trop légère et preste
En lieu de prière et requête
De tout prendre ôse présumer,
Il ne saurait sans mal aimer.
Autre réponse
Si chose aimée est toujours belle,
Si la beauté est éternelle,
Dont le désir n'est à blâmer,
On ne saurait que bien aimer.
Si le coeur humain qui désire
En choisissant n'a l'oeil au pire
Quand le meilleur sait estimer,
On ne saurait que bien aimer.
Si l'estimer naît de prudence,
Laquelle connaît l'indigence,
Qui fait l'amour plaindre et pâmer,
On ne saurait que bien aimer.
Si le bien est chose plaisante,
Si le bien est chose duisante,
Si au bien se faut conformer,
On ne saurait que bien aimer.
Bref, puisque sa bonté bénigne
De la sapience divine
Se fait charité surnommer,
On ne saurait que bien aimer.
Chanson de Claude de Bectoz
Quand vous voyez que l'étincelle
De chaste amour sous mon aisselle
Vient tous les jours à s'allumer,
Ne me devez-vous bien aimer?
Quand vous me voyez toujours celle
Qui pour vous souffre et son mal cèle,
Me laissant par lui consumer,
Ne me devez-vous bien aimer?
Quand vous voyez que pour moins belle
Je ne prends contre vous querelle,
Mais pour mien vous veux réclamer,
Ne me devez-vous bien aimer?
Quand pour quelque autre amour nouvelle
Jamais ne vous serai cruelle,
Sans aucune plainte former,
Ne me devez-vous bien aimer?
Quand vous verrez que sans cautelle
Toujours vous aurai été telle
Que le temps pourra affermer
Ne me devez-vous bien aimer?
Chanson
Puisque nouvelle affection
A vaincu la perfection
Qui mon coeur peut seule enflammer,
Ami, je ne veux plus aimer.
Je ne veux plus que l'on me voie
Porter ennui et feindre joie,
Mal recueillir et bien semer.
Ami, je ne veux plus aimer.
Désormais en ma fantaisie
N'entreront peur ni jalousie
Qui mon coeur puissent entamer.
Ami, je ne veux plus aimer.
Désormais, de saint jugement
Je pourrai jurer franchement
Le faux et le vrai affirmer.
Ami, je ne veux plus aimer.
La belle me semblera belle,
La laide me semblera telle,
Et le doux doux, l'amer amer.
Ami, je ne veux plus aimer.
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