Tamin (Jehanne) vers 1920-1930
Jehanne Tamin
Qui connaît cette merveilleuse poétesse des années 20?
Consulter la revue "Le Divan, année 1924.
Dans les Nouvelles littéraires, artistiques et littéraires du 16 avril 1916
- Jehanne Tamin. Devoirs de vacances. Préface de Tristan Derème. Illustrations de O. Fabrès
Impression : 1927 Paris le Divan
Fleurs
Les pensées écarquillent de gros yeux étonnés devant la vie: pour moi, je les crois myopes.
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Les tulipes piquées sur des tiges de fer ressemblent aux oeufs multicolores que l'on teinte à Pâques dans les campagnes.
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Les gueules de loup ont perdu l'usage de la parole à ne fréquenter que des murs silencieux, mais elles ont conservé la mobilité de la mâchoire inférieure.
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Les pervenches sont attendrissantes comme les yeux bleus après les larmes.
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Les oeillets se sont fait friser et parfumer chez le coiffeur du coin.
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Les primevères, de bonnes petites filles bien rangées.
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La sensitive, une absurde ou une vicieuse; froissée sous la caresse puis s'offrant à nouveau pour que l'on recommence.
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Le buis, un éternel tondu.
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Les fleurs d'oranger! pourquoi si pures? Elles chargent les oirées d'une pesante volupté.
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Les violettes, des coquettes; elles se cachent, mais embaument.
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L'héliotrope songe: Sentez-moi, ne me regardez pas.
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Les myosotis cultivent un peu trop la petite fleur bleue.
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Les cactus, de fervents joueurs de tennis.
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Les arums au faux-col de celluloïd feront leur chemin dans la bureaucratie.
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Les cylènes au cou gonflé, de malheureuses apoplectiques!
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Les lilas ont trop fait parler d'eux.
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Les dahlias tuyautés sont les bonnets de nos aïeules.
Dans L'Afrique du Nord illustrée
31 janvier 1925
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