Pourquoi ce Blog? (écrits divers)
Pourquoi ce blog?
C’était pour moi ce qu’il y avait de plus NOUVEAU sur le front de la poésie.
Depuis j’ai fait venir une encyclopédie des poétesses belges d’expression française (26 noms plutôt du XXème siècle évidemment!). Je vous épargne les études pointues sur les femmes troubadours pas forcément en version bilingue, etc...
L'Aigle et le Ver
L'Aigle disait au Ver sur un arbre attrapé:
"Pour t'élever si haut, qu'as-tu fait? - J'ai rampé"
Jo Laporte, Juillet 2011
Le jury de poésie de la revue "Femina" (avril 1911)
Si peu de textes!
Quelques mots pour préciser la nature de mon travail. Il a sa source dans une frustration: mis à part quelques grands noms (et encore...Louise Labé a-t-elle existé?), il est très difficile d'accéder à la poésie féminine. Le bilan est désolant...les manuels scolaires...les rayons de librairies etc...semblent avoir intériorisé le fait que cette littérature ne présente pas grand intérêt.. Je sais bien, il faut éviter de distinguer la poésie masculine de la poésie féminine, mais quand même...les anthologies de référence, encore aujourd'hui, n'accordent pratiquement aucune place aux femmes. Il y a deux ans, j'ai voulu en avoir le coeur net et j'ai commencé à chercher... à fouiller sur Internet, et j'ai constaté que des sites comme Gallica ou Archive.org et d'autres...donnaient une seconde chance à un nombre important de textes de femmes, refoulés, oubliés. Mon blog se construit donc au hasard des trouvailles que j'y fais. J'évite de faire des choix prématurés fondés sur des conceptions fermées de la poésie. Je serais incapable de faire une synthèse de ce que je trouve. J'essaie d'exhumer des textes et des noms, je les épingle de peur de les perdre à nouveau dans le magma de données, les moteurs de recherche s'avérant souvent très capricieux. J'essaie aussi de constituer peu à peu une plateforme PDF pour faciliter la consultation de tel ou tel document. Je souhaite également enregistrer le plus grand nombre de voix féminines ou masculines susceptibles de faire revivre ces textes.
Les grandes anthologies actuelles sont rares et je me sens personnellement choqué, voire humilié, de constater que les 2 meilleures sont, l'une américaine ("The distaff and the pen") et l'autre mexicaine ("Constelación de poetas francófonas"). Elles sont d'ailleurs bilingues. Je me suis procuré 3 autres anthologies bilingues (anglais/français). Comment expliquer cette situation révoltante? Il y a aujourd'hui de grandes spécialistes de la question, Christine Planté, Patricia Izquierdo...; je consulte leurs écrits. Mais il y a si peu de textes. On attend avec impatience l'anthologie promise par Patricia Izquierdo, complément indispensable de son magnifique travail sur les poétesses des nnées 1900...
Ma conclusion est que mes études de Lettres ont été tronquées, que j'ai été trompé et qu'il m'est nécessaire de reprendre le travail sur de nouvelles bases et en partant de la question suivante. De quoi l'humanité (en l'occurence et plus modestement, la France... et un peu plus) se sont-elles privées en décourageant et en occultant beaucoup de ces textes???
Décembre 2011
De la rareté et de l'infériorité des femmes dans le domaine de la création?
On m'objectera que la plupart de ces auteures sont "inférieures" aux génies masculins qui ont modelé notre esprit et que ce n'est pas pas par hasard si l'on trouve peu de femmes créatrices dans toute l'histoire. Cette idée est encore partagée par un grand nombre d'hommes et par certaines femmes. Les rayons de librairie en sont la matérialisation. Pourquoi proposer des oeuvres de femmes qui n'ajouteront pas grand chose à la culture générale incarnée par les grands noms qui, eux, sont allés à l'essentiel et ont posé de manière magistrale tous les grands problèmes qui nous agitent, que l'on soit homme ou femme? Cherchez donc un recueil de poétesses dans la Pléïade ou à la FNAC, vous ne serez pas déçus! Mais Marie de Romieu, dans un lettre incisive adressée à son frère en 1581, n'avait-elle pas déjà répondu à cela en admettant (peut-être de façon ironique) que ses vers n'était sans doute pas aussi bons que les siens, mais qu'il fallait tenir compte des contraintes et des tâches qui empéchaient les femmes d'aller jusqu'au bout de leurs intuitions poétiques. Il serait donc plus honnête d'accepter cette relative "infériorité", mais de considérer que les femmes n'ont jamais eu complètement les moyens de leur potentiel de création, qu'elles sont donc restées en deçà de ce qu'elles auraient pu proposer, et que l'humanité, régie par des codes sociaux et culturels masculins a été par là même pr!vée d'une part essentielle d'elle-même.
3 décembre 2011
La gazette de mon amour?
Vous n'y trouverez rien qui ne soit véritable,
Pour tout autre manquez de créance et de foi;
Mais en ce que je dis, je dois être croyable,
Puisque tout se passe chez moi.
(Mlle de la Suze, 17ème)
Cécile Sauvage, 1910
Delphine Gay
*
La Renaissance
"They are able to impart a sense of individuality and authenticity to their voices in spite of the fact that their works incarnate much of conventional Renaissance thought: the cult of antiquity, the concomitant predilection for ornate expression, the use of conventional topoï en forms, a love of balanced and polished diction, rare words, mythological references, and ideals of ancient moral philosophy, history, and letters. Not surprisingly, the women with the most authentic and individual voices are those not belonging to the upper nobility, those not related to literary men, and those who were affiliated with socially, politically, or religiously, subversive groups..."
(Katharina M. Wilson: Women writers of the Renaissance and Reformation, p.XII, 1987)
Quelques pistes proposées par Éliane Viennot
Université de Saint-Étienne, Institut Claude Longeon
1 - On observe de nombreuses femmes à des postes de haute responsabilité: "la Renaissance est - avec la période mérovingienne - la seule dans l'histoire de France où l'on observe une concentration de femmes gouvernant le royaume (Catherine de Médicis, Marie de Médicis..." et bien d'autres. La plupart ont écrit.
2 - Les femmes ont été au premier plan des luttes idéologiques et des débats religieux, qu'elles soient protestantes ou catholiques. Il existe d'intenses échanges épistolaires avec les réformateurs. Concernant la Contre-Réforme, penser à Mme Acarie et Marguerite de Valois.
3 - Dans le domaine philosophique, "on voit le retour du platonisme", version chrétienne, qui va profondément modifier la conception et l'image de la femme héritées du Moyen-Age. Il ne faut donc pas s'étonner de lire des poèmes imprégnés de "féminisme": Les femmes revendiquent le droit d'écrire, de penser et n'hésitent pas à stigmatiser ceux qui les regardent avec mépris et les tiennent à l'écart des lieux éducatifs.
4 - L'émergence de la bourgeoisie déstabilise les lieux traditionnels de savoir. Les nouveaux lettrés ne sont plus des clercs liés à tel ou tel monastère, par ailleurs ils ne veulent plus payer leur savoir au prix du célibat (Ce sera pourtant encore le cas de certaines femmes (Catherine des Roches) qui ne veulent pas sacrifier leur goût pour le savoir aux servitudes de la famille). Mais les hommes ont femme et enfants sans voir perturbée leur carrière littéraire. Ces derniers vont donc profiter des nouveaux réseaux liés à l'imprimerie et qui amènent dans le foyer un savoir jusque là réservé aux clercs: le capital culturel se transmet aussi de père en fils et... en fille. Celles-ci verront cependant leur formation intellectuelle soumise à des impératifs moraux et familiaux (Agrippa d'Aubigné limitant clairement les domaines accessibles à ses propres filles). Le mariage contribue quand même à une certaine émancipation culturelle des femmes (ce qu'on ne pourra plus dire au 19ème siècle!).
Au XIXème siècle, 4 périodes à distinguer
1- Fin 18ème et début 19ème: âge d'or pour la poésie féminine. Sous l'influence des Lumières, le genre est plutôt méprisé par les hommes et abandonné aux femmes. Pourquoi ne pas voir de l'ironie dans cette remarque de Victoire Babois? "Peut-être les femmes devinent-elles cet art que les hommes, vu l'étendue et l'importance de leurs ouvrages, apprennent si péniblement et cultivent si laborieusement." (Elégies, an XIII)
2 - Romantismes: régression du statut féminin et de la poésie féminine. Le code Napoléon les définit comme "minores". Tendance chez les femmes-poètes à une crispation académique qui leur fait refuser la révolution littéraire en cours. Le Romantisme accorde à la femme un rôle d'inspiratrice et non de créatrice. Articles hostiles et haineux concernant les femmes-poètes sur le thème "inspirez mais n'écrivez pas".
3 - Modernités: "L'art pour l'art" - la matière maîtrisée - la belle forme - la référence à la sculpture qui est d'abord un métier d'hommes. Le sonnet comme exemple-type de cette maîtrise (virile) de la forme. Période d'innovations créatrices qui sont refusées aux femmes, attardées qu'elles sont dans des "méandres lamartiniens" tout juste bons à faire pleurer Emma Bovary. Les femmes paraissent elles-mêmes oublier les problèmes de la forme et continuent à versifier comme Lamartine, Musset et Hugo.
4 - Fin de siècle: évolution de la condition féminine, aspiration du public et des critiques à une poésie plus accessible, moins hermétique. Les femmes paraissent détenir la clef de cette nouvelle révolution poétique. Charles Maurras parle d'un "romantisme féminin", d'autres utilisent l'expression "Sapho fin de siècle". La sensualité devient un thème à la mode. On hésite à qualifier cette renaissance: "désirs épars", "nudité aguichante", "poésie dionysiaque" ou... "décadence"? Proust à propos d'un tableau de Gustave Moreau: "le visage empreint de douleur céleste, on se demande, à le bien regarder, si ce poète n'est pas une femme".
1 - On observe de nombreuses femmes à des postes de haute responsabilité: "la Renaissance est - avec la période mérovingienne - la seule dans l'histoire de France où l'on observe une concentration de femmes gouvernant le royaume (Catherine de Médicis, Marie de Médicis..." et bien d'autres. La plupart ont écrit.
2 - Les femmes ont été au premier plan des luttes idéologiques et des débats religieux, qu'elles soient protestantes ou catholiques. Il existe d'intenses échanges épistolaires avec les réformateurs. Concernant la Contre-Réforme, penser à Mme Acarie et Marguerite de Valois.
3 - Dans le domaine philosophique, "on voit le retour du platonisme", version chrétienne, qui va profondément modifier la conception et l'image de la femme héritées du Moyen-Age. Il ne faut donc pas s'étonner de lire des poèmes imprégnés de "féminisme": Les femmes revendiquent le droit d'écrire, de penser et n'hésitent pas à stigmatiser ceux qui les regardent avec mépris et les tiennent à l'écart des lieux éducatifs.
4 - L'émergence de la bourgeoisie déstabilise les lieux traditionnels de savoir. Les nouveaux lettrés ne sont plus des clercs liés à tel ou tel monastère, par ailleurs ils ne veulent plus payer leur savoir au prix du célibat (Ce sera pourtant encore le cas de certaines femmes (Catherine des Roches) qui ne veulent pas sacrifier leur goût pour le savoir aux servitudes de la famille). Mais les hommes ont femme et enfants sans voir perturbée leur carrière littéraire. Ces derniers vont donc profiter des nouveaux réseaux liés à l'imprimerie et qui amènent dans le foyer un savoir jusque là réservé aux clercs: le capital culturel se transmet aussi de père en fils et... en fille. Celles-ci verront cependant leur formation intellectuelle soumise à des impératifs moraux et familiaux (Agrippa d'Aubigné limitant clairement les domaines accessibles à ses propres filles). Le mariage contribue quand même à une certaine émancipation culturelle des femmes (ce qu'on ne pourra plus dire au 19ème siècle!).
Maris, amants, parrains: Lamartine (Antoinette Quarré la lingère), Musset (Marie Ménessier-Nodier), Hugo, Dumas (Mélanie Waldor), Vigny, Baudelaire, Sainte-Beuve (Mme d'Arbouville)...Alphonse Daudet (Madame Alphonse Daudet). Dumas (Mélanie Waldor).
" Douleur maternelle (Mater dolorosa) Mère et fille...
"Apparition d'un essaim chantant de jeunes filles sorties des rangs du peuple"((Amable Tastu), sous Louis-Philippe et au-delà.
(Antoinette Quarré, Reine Garde, Malvina Blanchecotte... et Hermance (Sandrin) Lesguyon, Clémence Robert, Adèle Daminois, Victoire Babois, Eugénie Niboyet, Amable Tastu Gabrielle Soumet, Louise Crombach...)
La dimension sociale et/ou politique?
La dimension provinciale
Nantes: Elisa Mercoeur
Le Pellerin: Adine Riom
Lorient: Sophie Hue
Unanimisme, panthéisme, fusion avec la nature:
(Dauguet, Noailles...)
La mort fantastique ou... baroque ?( Anaïs Ségalas...)
La dimension philosophique... interdite ("le philosophisme")
(Constance de Salm-Dick, Mme de Staël, Renée Vivien...)
Coupés classiquement où du soleil soupire,
Alignant leurs tuyaux rejoints et inégaux,
Sous l'écheveau de lin et que colle la cire.
Elle est de bois dur, dissonante dans le vent,
Et sussure en mineur, pleine de sourds bécarres
Ou d'étranges bémols qui vont se dissolvant
Avec le cri bleu des crapauds au bord des mares."
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