Valois (Léonise) 1868-1936
Léonise Valois
1868-1936
Première poétesse québecoise ayant publié un recueil de poèmes:
Fleurs sauvages, 1910
À mes parents et amis de Vaudreuil
Fleurs sauvages
Il est un coin charmant, à nul autre pareil,
Qui produit sur mon cœur un effet de soleil,
Quand mes regards ravis ont cette heureuse chance
De l'aller contempler aux lieux de mon enfance.
C'est une pointe fière au site merveilleux,
Qui voit luire à midi trois clochers glorieux.
À ses pieds, un beau lac pleure, chante ou soupire
En déroulant ses flots vers le point qui l'attire.
Tel un poète aimant qui promène, rêveur,
Un amour incompris qui torture son coeur.
Et je vais tous les ans revoir la pointe-reine
Dont la beauté m'émeut dans sa grandeur sereine.
Un groupe de vieux pins, vainqueurs d'âpres autans,
Dressent près du chemin leurs faîtes triomphants ;
De leurs rameaux émane un parfum balsamique
Qui, porté par le vent, semble un encens mystique.
On communie alors aux purs baisers du ciel,
Prodigués à la terre à ces banquets de miel ;
Et notre idéal monte en cet endroit de rêve,
Plus haut que le ciel doucement il s'élève.
Au royal Créateur de ce lieu favori !
L'âme adresse tout bas son plus tendre merci !
Je voudrais vivre là, sous la douce caresse
D'une nature belle, heureuse, enchanteresse,
Qui calme nos douleurs, en colorant nos jours
Du vert de l'espérance, aux reflets de velours;
Vivre son existence auprès des coeurs qu'on aime,
Et non loin du clocher où sonna son baptême,
Noyer tous ses soucis dans le grand lac profond
Qui nous sourit, quand même, ayant sa lie au fond ;
Revivre ses bonheurs dans leurs rayons d'aurore,
Loin du souffle méchant qui nous décolore,
Puis s'endormir un jour au doux chant des oiseaux
Qui bercent leurs amours à l'ombre des rameaux,
À l'heure où le soleil descend dans l'orbe rose,
Derrière les monts bleus quand s'endort toute chose
Sur l'oreiller divin. Moi je trouve idéal
Ce joli coin d'Éden: la pointe Cavagnal!(Vaudreuil)
(Te souviens-tu...?)
Te souviens-tu des jours d’antan
Te souviens-tu des clairs de lune
Qui caressaient mon coeur d'enfant
Moins doux que ta prunelle brune ?
Que n'es-tu resté mon soleil
J'étais l'étoile de ta vie...
À ceux dont le rêve est pareil
Notre bonheur eut fait envie
J'allais doucement à ton bras
Dans les sentiers de la pénombre
Sans effort tu te souviendras
De nos années au léger nombre
Ô la splendeur de nos vingt ans
Dont cet âge est tout un poème,
Une auréole de printemps
Nimbe nos fronts d'un diadème.
Nos coeurs sont de petits oiseaux
Qui chantent la belle nature,
Nos yeux sont de joyeux ruisseaux
Qui reflètent notre âme pure.
Joie éphémère ! astre divin !
Ta lumière éclaire quand même
Toute la longueur du chemin
Par le cher souvenir qu'on aime.
L'on est parti, chacun son bord,
Tout en gardant au fond de l'âme,
Parmi les épaves du sort,
L'image de sa prime flamme.
À la rencontre on se sourit.
Un beau salut si sympathique
À l'un, à l'autre, tout bas dit
Son sentiment mélancolique.
Peut-être qu'on s'aime toujours
Sans vouloir trahir sa pensée
N'est pas une chose insensée.
Qu'un jour le coeur s'entrouvre un peu,
Qu'un petit frisson le secoue,
Soudain jaillit le tendre aveu
Et le fil alors se renoue...
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