Goll (Claire) 1890-1977
Claire Goll
1890-1977
La rédactrice
Elle touche la porte de mon bureau comme un client timide: Tiens! Bonjour. Bonnes vacances? Quelle robe passoire! Mais vous êtes nue?"
Gênée, elle fuit sur le contentieux de la mine: "Quand pourrons-nous le voir?" Pour rie, je propose dimanche. Ses cils battent: "Plaisanterie, Monsieur".
Du haut de mon talus, je la tiens en surface. Belle carpe, elle miroite dans le remous. Elle ne tire guère.
Le fond des choses
Fête de nuit
Enlacés nous plongeons dans la fête
Comme seul bijou je porte tes yeux
Joyaux sans faille du hasard
Leurs diamants coupent les miroirs
Déjà le constructeur de ruines
Commence à renverser les murs
Il emporte en hâte les portes de bruine
Le lustre seul tient au fil de l'éclair
Brisés aussi les bibelots baroques
Un grand amour tjours abat le seuil
Aucune maison ne sait le contenir
Chaque horloge debout est un cercueil
La fête est peinte avec une terre d'ombre
Noire sur le bleu outremer froid
Au loin brûlent deux feux de Bengale
Les yeux énormes du tigre roi
L'iginifère
Ces deux poèmes ont été publiés dans "La Poésie aujourd'hui, anthologie (ed. Saint-Germain-des-Prés,
Sept souhaits
Que ne suis-je le bandeau autour de ton front
Si proche de tes pensées!
Que ne suis-je le grain de maïs
Qu’écrasent tes dents de chat sauvage!
Que ne suis-je à ton cou la turquoise,
Chaude de la tempête de ton sang!
Que ne suis-je la laine multicolore
Du métier à tisser, qui glisse entre tes doigts!
Que ne suis-je la tunique de velours
Sur le flux et le reflux de ton coeur!
Que ne suis-je le sable dans tes mocassins
Qui ose caresser tes orteils!
Que ne suis-je ton rêve nocturne
Lorsque dans les bras noirs du sommeil, tu gémis!
publié sur Paperblog
Danse captive
Ephèbe éclaboussé par le noir
Et le jaune des bougies instables
Homme ailé que les cadences soulèvent
Du tapis vibrant de la chambre
Tourne fouetté par la musique
Dans ton boléro de peau musquée
Mime le rapt de l’âme ivre
Danse sur le sol incertain
Ta rage canaille ta perte
La joie proche des larmes acides
Les lacets de feu contre la neige
Tu ressembles aux bougies
A leur volupté de brûler un soir
Pressentiment
La nuit de notre amour est courte
Comme une nuit de luciole
Ou de Saint-Jean
Ton coeur transfiguré
Aura brûlé sur la montagne
Il brûlera longtemps
Dans la mémoire des vallées
Mais déjà le cri du ramier
L'aube qui détruit les théâtres
A midi ta caresse d'or
Sera visitée des fourmis.
Les larmes pétrifiées, 1951.
Anthologie Seghers, 1971
Sept souhaits
Que ne suis-je le bandeau autour de ton front
Si proche de tes pensées!
Que ne suis-je le grain de maïs
Qu'écrasent tes dents de chat sauvage!
Que ne suis-je à ton cou la turquoise,
Chaude de la tempête de ton sang!
Que ne suis-je la laine multicolore
Du métier à tisser, qui glisse entre tes doigts!
Que ne suis-je la tunique de velours
Sur le flux et le reflux de ton coeur!
Que ne suis-je le sable dans tes mocassins
Qui ôse caresser tes orteils!
Que ne suis-je ton rêve nocturne
Lorsque dans les bras noirs du sommeil, tu gémis!
Le coeur tatoué, 1958
Anthologie Seghers 1971
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