Noailles (Marie Laure de) 1902-1981
Marie Laure de Noailles
1902-1981
Mécène, collectionneuse...surréaliste. Ne pas la confondre avec Anna de Noailles (1876-1933). Certains poèmes ont été mis en musique par Francis Poulenc.
- Dix Ans sur la terre (1937)
- L'An Quarante (1943)
- La Viole d'Amour (1944)
- Cires perdues (1953)
- La Tour de Babel (roman, 1942)
Je t'aime parce que...
Je t'aime parce que tu as l'ardeur de l'ardoise trop grise
Je t'aime parce que tu es rapide comme l'as du tricheur
Je t'aime parce que l'arche a mis en toi ses flèches
Parce que les filles sur les rives de Grèce
Entendaient déjà ta rumeur maligne
Lorsque le soir a soif et que ta voix fulmine
Comme un bûcher qui brûle en épargnant le coeur
Tu t'en vas, tu reviens et tu descends les marches
En pardonnant au chien et sans passer sous l'arche
Où des esclaves tissent les toiles des araignées du désespoir
Je t'aime parce que tu peuples l'avenir comme une barque lourde
Sur l'étang du passé muette aveugle et sourde
La forme des ténèbres a des mains de velours
Je t'aime parce que tu renies les ténèbres par répugnance du velours
Tu ne sais pas pourquoi je t'aime l'essence
Sèche dans les flacons sans que je dise un mot
Qui pourrait t'amener jusqu'à l'étendue de l'énigme
La frontière est gardée par des feuilles de fer
Qui font saigner le front mieux que grilles d'Espagne
Daphné sans Apollon frémit. Sur l'esplanade
Roule la fortune du tyran.
Cires perdues, 1953
Tristan
A l'avant du navire
Se tiendra notre mort
Si simplement que nous n'aurons pas peur
Nous devions mourir dans le port
Et nous voilà en pleine mer.
Ecoute aux portes des îles
Le chant de nos douleurs.
A l'avant du navire
Se tiendra notre Sort
Une rose dans le rire des vagues
5 février 1942
L'An Quarante
Ces deux poèmes ont été publiés dans l'Anthologie Seghers, 1972
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