Brock (Renée) 1912-1980
Renée Brock
1912-1980
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Dossiers Littérature française de Belgique
(André Colon, 1989)
Les 4 poèmes qui suivent sont extraits de ce PDF
Le feu
Le feu qui nous fait jointifs
comme la Sainte-Famille.
Le feu qui nous rend heureux
comme les brioches qui se baisent au four.
Le feu qui fait danser les objets sur les murs
et cloue le rêve dans nos yeux,
Le feu, le feu nid de vipères furieuses
qui se fait ange de plumes grises
au faîte de la cheminée.
dans Poésies complètes
La cire
Je t'apprends à présent la maison,
son odeur simple de poterie,
sa bonne odeur de brique lavée,
de briques au rouge avivé par l'eau
et tiédies par les baisers du feu.
Il y règne la cire
Pense à la cire, odeur sainte
qui vient du corps en sacrifice à l'abeille,
du coeur éclaté des fleurs
et du sang des hauts térébinthes.
Pense à la cire
agenouillée sur le seuil.
Dans Poésies complètes
La forêt
D'abord humus profond
avant que d'être cimes.
D'abord mort inombrables
avant d'être nids de plumes vivantes,
terriers de tièdes fourrures.
Forêt,
repaire des sources des sangs libres,
Entente sourde
de la bête et du végétal.
Ame de la légende de la fable.
Forêt, ô mère aussi,
accueille mon petit comme un petit de biche,
offre-lui tes racines, tes mousses, tes ronces, tes baies,
ta solide odeur.
Ouvre-lui tes bras verts, tes bras rouges,
tes tragiques bras nus.
Apprends-lui le langage des arbres, des plantes, des bêtes, le langage universel.
Dans Poésies complètes
Berceau au grenier
Déjà quinze ans, déjà quinze ans,
Les rats du vent le déchiquettent
Sous l'ardoise aux humides violettes.
La pluie glisse à ses rubans sciés,
Funambule de verre, pleureuse
d'objets abandonnés
aux corniches à nids déserts.
Leur berceau au grenier
Si loin de la cuisine et des chambres
et de la cour et du jardin,
privé d'odeur de pain, de feu et de lessive
sans la caresse des mélisses
sans les iris blancs de la neige.
Dans Poésies complètes
Jeanine Moulin a retenu Renée Brock. Voici l'un des poèmes présentés dans son anthologie.
Les frères (extrait)
Frères nés dans deux printemps successifs
sous le signe identique de la précocité,
de la fleur de neige et des frêles ficaires.
Frères formés par deux moissons, deux automnes, deux neiges qui s'enchaînèrent.
Frères de sang, de sexe, d'âge, de cris, de coups, de jeux,
plus gémelés que cicatrices de rhizome,
plus jointifs que bourgeons opposés sur le même rameau,
plus heureux que couple de perdreaux dans l'airelle,
plus libres que passereaux dans le vent.
Et moi qui suis leur mère
par leur sang que je n'ai plus,
je porte une robe d'oubli.
Clouée entre deux arbres du domaine
où ils crient leur double vie,
je regarde et ne sais plus.
Mais c'est peut-être moi
que le frère aime dans le frère.
Poèmes du sang, 1949
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