Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Charasson (Henriette) 1884-1972

Henriette Charasson

1884-1972

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(photo publiée dans La Vie Limousine (25-06-1929) 

(Textes puisés dans les archives de Gallica)

 

Henriette Charasson:

Critique et poétesse des années 1920-1940 dont le talent a sans doute été gâté par sa "conversion" au maurrassisme. Une  défense immodérée de l'écriture féminine qui débouche sur la fadeur d'une poésie sans éclat.

 

   Difficile de retracer la carrière d'Henriette Charasson, si l'on en croit la très belle page que lui consacre André Billy dans le n° 1020 de "La Femme de France" daté du 25 novembre 1934 (n° 1020). Dans une première "vie",de par et d'autre de la 1ère guerre mondiale, elle sympathise avec les audaces des jeunes poètes d'alors, elle défend avec passion les écrits pétiques de femmes (voir les 6 grands articles parus dans la revue "La Femme de France" au printemps 1924). Puis il semble qu'elle fasse un retour au christianisme (c'est un peu la mode à l'époque!) et se convertit surtout au maurrassisme, dont elle devient une fervente adepte (lire ses déclarations reproduites dans l'ouvrage d'Albert Marty "L'Action Française racontée par elle-même":

(Ma première jeunesse)

   "Ma première jeunesse, ivre d'indépendance, avait cru à une crise de foi là où il y avait eu une évasion instinctive. Année après année, je commençai à comprendre la misère de l'anarchie intellectuelle; Charles Maurras a cristallisé brusquement tout ce qui avait mûri lentement en moi... Pour moi, je le répète, la rencontre des ouvrages de Charles Maurras, qui n'est pas croyant, a été mon premier pas sur le chemin de Damas. On en revient (ou on ne vient) pleinement et avec joie au catholicisme que lorsqu'on a compris la valeur du mot "discipline" (avec ce que cet emprisonnement volontaire comporte de splendide liberté!); or l'amour de la discipline, dans ma seconde jeunesse, je le dois au maurassisme."

 

Voici maintenant le poème non daté qu'elle adresse à ses compagnons d'autrefois. Il est cité par André Billy dans le numéro 1020 de "La Femme de France"


(Je vous ai aimés)

 

  Je vous ai aimés, j'ai senti avec vous et je vous fais aujourd'hui le dernier signe de l'arrière-saison...

   Un instant  sur cette terre qui n'est formé que des départs et des rencontres d'une heure,

   Un instant nos coeurs se sont touchés, par delà votre mort, dans cette prière à vous que fut votre chant.

  Cette jeune fille qui vous aima, elle est morte à son tour, et moi seule demeure.

   Est-ce encore vous que j'aime, ou les témoins de mes défunts penchants?

   Mes poètes, mes amis d'autrefois, il se poursuit encore, mon voyage.

   Jusqu'à quand, Dieu seul le sait, et ce n'est plus vos livres que j'emporte dans mon bissac.

   Mes poètes, mes amis d'autrefois, soyez bénis pour ces reflets qui s'échappaient de vos pages.

   Pour ces appels insatisfaits, pour votre coeur battant, au travers de vos mots, son déchirant tic-tac.

 


 

Les grands articles d'Henriette Charasson sur plusieurs poétesses de son époque 

La Femme de France

1924

 

 Cette revue de mode propose en 1924 six longs articles, signés Henriette Charasson, à quelques-unes des poétesses les plus en vue. Elle a le mérite de les faire connaître, mais elle en propose une lecture unilatérale: ce qui retient son intérêt c'est l'amour conjugal, l'amour maternel qu'elle ne cessera elle-même de chanter et d'exalter d'une manière assez fade.

 

(1) Marie-Louise Vignon: Le Coeur ardent et grave

     (20 avril 1924)

(2) Amélie Murat: Le sanglot d'Eve

    (27 avril 1924, n° 467)

(3) Geneviève Duhamelet: Pour l'Amour de l'Amour (prix jacques Normand 1928) Rue du Chien qui pèche

 (4 mai 1924, n° 469) 

 (4) Mme Alphonse Daudet: Rome et quelques poèmes Cécile Périn: Les Ombres heureuses; Finistère

 (18 mai 1924)

 (5) Non disponible sur Gallica

(6) Mme Perdriel-Vaissière: Le Toil sur la hauteur

     (19 septembre 1924)

 


Poèmes du foyer

(La Revue hebdomadaire, septembre 1925)

 

Pourquoi

 

Pourquoi, femmes qui chantez votre amour, parlez-vous toujours de haine?

Pourquoi ne savez-vous aimer qu'avec fureur et pourquoi vos transports sont-ils désordonnés?

L'amour, c'est une paix profonde et musicale; c'est aussi la douceur d'un coeur qui s'abandonne,

Le feu n'est pas seulement une bûche qui flambe, c'est aussi le foyer près duquel on s'asseoit.

 

 


Permets-moi de dire tout bas

 

D'autres femmes chantent leur amant,

- Permets-moi de dire tout bas comme il est doux de bien s'aimer sous un manteau de cheminée, près du foyer à calme flamme.

 

D'autres femmes crient un peu trop fort,

- Permets-moi de dire tout bas qu'on est heureux même lorsqu'on murmure.

 

D'autres femmes, sur le pas de leur porte, clament que nous seules savons aimer,

- Permets-moi de dire tout bas qu'on est heureux à deux, confiants, sans frénésie, et sans ouvrir la porte toute grande.


Extrait d'une lettre de 1936

 

Voici les sujets que je traite le plus souvent: "Le Coeur de la femme et la Poésie du Foyer" - Le Vrai mariage d'amour et la littérature d'aujourd'hui, poésie et théâtre" - La Féérie humaine ou les sources de la Poésie" - " Les Poètes de l'Eucharistie et et du Sacerdoce".

 


 Tu chantes, poète

(Le Point, février 1938)

 

Tu chantes, poète?

- Je chante, Inconnu.

- Qui s'en inquiète,

Pauvre tard-venu?

 

Mais le semeur sème

Au hasard du champ

Sans regarder même

Où son grain descend!

 

Ces plaigantes âmes,

Crois-tu les aider?

A ceux qu'on affame,

Il faudrait du blé!

 

Sur la vaste terre

Aux profonds labours,

Semeur solitaire

Dont les doigts sont gourds,

 

Je sème ma graine:

S'il le juge bon,

Dieu qui voit ma peine

Fera la moisson.


"Cela manque d'éclairs et d'abîmes"


André Billy qui lui rend un hommage ambigu dans le

n° 1020 de "La Femme de France" daté du 25 novembre 1934, avait sans doute vu juste.

 

 

Le goût de l'ordre instillé par l'idéologie maurassienne a sans doute tari la veine créatrice d'Henriette Charasson: " Henriette Charasson raisonne trop pour un poète, sa pensée reste trop discursive, trop logique, trop bien suivie. Cela manque d'éclairs et d'abîmes". Quelques consonances mises à part, cela ressemble trop à de la prose..."

 


 

Dans  La revue Limousine (Janvier 1929)

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Charasson 02 Revue Limousine01-01-1929.jpg

 



01/12/2011
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