Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Colas-Lévy (Suzanne) années 1930...

 

Suzanne Colas-Lévy

Années 30

 

 

Très peu d'informations sur cette vers-libriste des années trente dont de nombreux poèmes ont été publiés dans la revue "La Proue" de Marcel Chabot.

 

-  1939 : Pulsations

 

 

 

Nous n'irons plus au bois

 

Nous n'irons plus au bois...

                          O la mélancolie

                                          des rondes d'autrefois.

 

Vous souvient-il, amis, de ce balcon de bois

tout enflammé de capucines

où l'enfant blonde et gaie

s'en venait quelquefois

peigner ses beaux cheveux ondés,

quand le soleil semblait s'accouder au balcon?

 

Vous souvient-il, amis, de ces heures

où vos coeurs de rudes garçons

s'attendrissaient à l'amour ?

Et la grande forêt, ses allégresses mauves de bruyère!...

___Tout était à venir!

Nous n'irons plus au bois,

aux ardeurs d'un été flambèrent les bruyères,

Garçons, n'aviez-vous pas oublié là vos rêves?

 

L'enfant blonde est partie,

Le vert balcon de bois

est devenu bien sage.

Peut-être arbore-t-il l'éclatante rosette

d'un géranium en pot...

...Le soleil vainement y guette

son reflet,

et les garçons peut-être, au hasard d'un voyage,

y viendront rechercher l'adolescent mirage

de leur premier amour.

 

L'enfant blonde partit de coeur en coeur.

 

Chacun tailla sa vie en le même tissu de peine.

 

(Publié dans La Proue, 1936)

 


 

Relativité

 

Le gris-doux éternel

de la mer

fond dans le bleu gris-doux du ciel.

La plage a l'air

de posséder tout l'espace...

En quelque point tracé du mirage

où s'arrête le regard,

la mer, le ciel,

semblent s'unir, bâillant,

gigantesque coquillage

où la lune d'un Orient

rosissant les nuages

s'arrondit comme une perle.

 

Le gris-doux éternel

de la mer

se fond au bleu gris-doux du ciel

et la lune immobile en sa nudité pure

semble irisée

de tous les regards de rêveurs

dont ses flancs sont gemmés.

L'immuable

veille au sein de l'infini.

 

Les hommes sur la plage

ne sont plus que des grains de sable.

 

Publié dans "La Proue" 1934

 

 

 

 

 

(Vous n'aurez point besoin)

 

Vous n'avez point besoin de connaître les choses,

Leur ombre ou leur couleur

Pour sentir battre auprès de vous

La frêle boule de leur coeur :

 

A son parfum vous connaissez la rose,

A l'odeur qu'elle aurait

                                       une églantine dans la haie ;

Sous le reflet d'un rêve ou la halo d'un mot

Vous découvrez l'âme blottie

Qui se cherchait.

 

La Proue 1937

 

 

 

 

 

 




18/08/2011
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