Daudet (Julia): Octobre
Julia Daudet
Octobre
J'écouterai la pluie égale de l'automne
Dans un pays boisé, près d'une eau monotone,
Aux peupliers dorés par la chute de l'an
Et par celle du jour, sur un flot nonchalant:
J'entendrai ce qui tombe avec la lente pluie,
La feuille en tourbillons et la fleur qui délie
Ses pétales derniers et s'ouvre pour mourir;
Le nid vide où la plume est lente à refroidir.
Contournant la toiture et battant les tourelles
Comme pour en user les pierres éternelles,
L'eau descendra bientôt sur les vitres, à flots,
En rayures, mêlant les rides aux sanglots.
Du matin blanc, pâli sous l'abondante averse.
Jusqu'au soir que le ciel charitable nous verse,
Pour y cacher l'ennui des heures sans soleil,
Il pleuvra sur le fleuve et l'automne vermeil.
Rythme ininterrompu, limpide écho du rêve,
J'irai l'entendre et je l'écouterai sans trêve
Tant que le ciel voudra pleurer les jours défunts
Sur le toit sans oiseaux et l'aire sans parfums.
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