Delarue-Mardrus (Lucie) 1874-1945
Lucie Delarue-Mardrus
Tu retrouveras soudain...
Tu retrouveras soudain les qualités guerrières
De tes siècles de force et de tes grands aïeux,
France, quand te dressant à la face des cieux,
Tu frappas l'ennemi franchissant nos frontières.
Les trois couleurs, flottant au front de tes bannières,
Rallièrent dans un même élan radieux,
Confondus pêle-mêle et tels de jeunes dieux,
Les enfants des manoirs, des villes, des chaumières.
Ils partirent, quittant, coeur ferme et regard clair,
Pour le fusil les sports ou la plume de fer,
Pour le canon l'outil ou la paix pastorale.
Et je salue ici, glorieux mutilés,
Ceux qui, dans le combat, eurent par une balle
De fiers rubans de sang à leur sein épinglés.
Les Sonnets de la guerre, 1906
O Christs de la Patrie, ô blessés, je vous aime,
Chers preux éclaboussés des fureurs de l'assaut,
Tout exaltés encor du combat, le coeur chaud
De vous être toisés avec le trépas même.
Mars vous a conféré, sous le feu, son baptême,
Guerroyant chevronné, homme fait, jouvenceau,
Dont la vertu, passant l'ardeur du lionceau,
Des Flandres à l'Alsace arrêta le Hun blême.
Salut, Héros; salut, sublimes insurgés,
Qui maintenez la France et qui la protégez
Contre l'orgueil dément et la sauvagerie;
Emules des aïeux de Valmy, fiers soldats,
Je vous admire tous, ô Christs de la Patrie,
Que la gloire a marqués du gran sceau des combats.
Les Sonnets de la Guerre, 1916
Pour nos blessés
Poème retrouvé et publié par Nelly Sanchez sur le site de l'Association Lucie Delarue-Mardrus (lien)
Vous qui vous relevez d’entre les trépassés
Pour revivre, joyeux, après des nuits de râles,
Les gloires vous sourient, physiques et morales,
Car vous n’êtes plus vous. Vous êtes les Blessés.
La France aujourd’hui songe à ses grands passés.
Personnages présents d’époques magistrales,
O soldats mutilés, frères des cathédrales,
Le pays vous salue et vous dit : « C’est assez ! »
Vous avez attendu l’heure réparatrice.
La plaie en guérissant laisse sa cicatrice,
Place de l’héroïque et suprême grief.
Désormais vous direz : « J’étais de la tuerie ! »
Et, sur l’ample balafre ou le membre trop bref,
Vos cadets épelleront : « Patrie ».
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