Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Delarue-Mardrus : Poèmes de Anna Wickham (traduction de l'anglais)

Lucie Delarue-Mardrus

Poèmes de Anna Wickham

traduits en vers libres et réguliers

 

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Pour plus d'informations, consulter Wikipedia   DOIGT 26.jpg

 

 

A L'HOMME SILENCIEUX

 

Que vous aimiez n'est pas assez pour moi,

Venez et dites votre amour d'un ton courtois.

Sauvage et faible, je ne cois pas au silence.

Maintenant, par la beauté de tous les feux,

parlez ! je vous en prie avec instance.

Une foule est là d'amoureux,

Chuchotements et rires ivres,

Et je dois partir et les suivre.

 

Chanter l'amour, vivre pour la beauté,

Voilà les amoureux, voilà leur mission,

Ne devinez-vous pas que je pleure de m'en aller ?

Parlez, muet, parlez, vais-je rester ou non ?

 

 

L'EPOUSE

 

La paix, je ne l'ai pas ici.

Je suis tout juste une invitée ;

Dehors je puis être jetée

Comme l'on jette une souris,

Si je déplais au maître du logis

Pour le lit ou pour le ménage.

 

Je passe mes jours bien sages

Séquestrée et triste

Sans droit au bonheur.

Mon cerveau se meurt

Faute d'exercice

Parler je n'ose pas

Car je suis faible, hélas !

 

Mieux vaudrait pour mon homme et moi

Que je fusse libre, je crois !

Non pour qu'on me façonne mais pour être moi.

Mais je suis liée,

La liberté m'est déniée.

Je suis la femme d'un mari

Pour toute ma vie.

 

 

CELUI QUI REVINT

 

Dix ans j'attendis dans le coin

Qui fut ma maison minuscule,

Guettant de l'aube au crépuscule

S'il n'allait pas venir au loin.

 

Il vint ! Mais, dix ans, par la suite,

O malédiction du sort !

A table, au lit, toujours au gîte,

Celui que j'aimais était mort.

 

Dans la montagne, un soir d'orage,

Il tomba. rapporté chez nous,

Sans chagrin je fus à genoux,

Puis je regardai son visage.

 

Alors mes bras passionnés

Serrèrent ce corps sans rien dire,

Car sa mort avait le sourire

De celui que j'avais aimé !

 

O vous, veuves, Prêtez-moi, dites,

Vos pleurs pour pleurer mon ami :

Le revoici, lui qui dormit

Dix ans d'existence maudite.

 

 

ENVOI

 

O Dieu ! Toi, vaste symétrie

Qui mis ces passions en moi,

D'ou vint la douleur qu'on me voit

Pour tant de jours de flânerie ?

Donne au misérable poète

Une unique chose parfaite.

 

 

Fin



04/12/2014
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