Delarue-Mardrus : Poèmes mignons
Poèmes mignons
Le Printemps
Au printemps on est un peu fou.
Toutes les fenêtres sont claires,
Les prés sont pleins de primevères,
On voit des nouveautés partout.
Oh ! regarde ! Une branche verte !
Ses feuilles sortent de l'étui !
Une tulipe s'est ouverte ...
Ce soir, il ne fera pas nuit.
Les oiseaux chantent à tue-tête,
Et tous les enfants sont contents.
On dirait que c'est une fête...
- Ah ! que c'est joli, le printemps.
Question
- Est-ce la mère Gigogne
Avec son cou de cigogne ?
- Non, petit Abel,
C'est la tour Eiffel.
Roger
J'ai quatre ans, je suis Roger.
J'en fais de toutes les sortes.
Je suis grand déjà, car j'ai
Les mains bien plus fortes.
C'est beau d'être plus âgé !
- Maintenant j'ouvre les portes.
L'Avion
L'avion, au fond du ciel clair,
Se promène dans les étoiles
Tout comme les barques à voiles
Vont sur la mer.
C'est un moulin des anciens âges
Qui soudain a quitté le sol
Et qui, par-dessus les villages,
A pris son vol.
Les oiseaux ont peur de ses ailes
Mais les enfants le trouvent beau,
Ce grand cerf-volant sans ficelles
Qui va si haut.
Moi, plus tard, en aéroplane,
Plus hardi que les plus hardis
Je compte bien aller - sans panne -
Au paradis.
Cigarettes
Les cigarettes que voilà
Sont des Egyptiennes :
C'est à papa. chacun les siennes;
Les miennes sont en chocolat.
Mariage
La voiture est fleurie,
Un monsieur se marie.
- Moi, quand je serai grand,
J'épouserai maman.
Le chat bleu
Sur quatre pattes, Minouchon
Les met souvent dans son manchon.
Sa fourrure soignée est bleue,
Depuis le front jusqu'à la queue.
Quant à ses yeux tout grands ouverts,
Ils sont tantôt noirs, tantôt verts.
Pour vous l'achever : tête ronde,
Le nez le plus petit du monde,
Se couche en long, se couche en rond,
Sait miauler, faire ronron,
Aime un peu qui follement l'aime,
Mais pas tant, pourtant, que la crême !
Compliment
Chers parents, en ce jour de fête,
Je veux vous dire mon désir
De vous faire à tous deux plaisir,,
Mais je bredouille un peu... C'est bête !
Voici mon petit compliment :
Je jure d'être toujours sage...
Toujours ?... Hum ! Je n'ai qu mon âge.
Pourrais-je tenir mon serment ?
Car, rester tout le temps docile,
Ne pas faire ce qu'on défend,
Quelquefois, quand on est enfant,
C'est une chose difficile.
Non ! J'aime mieux ne pas jurer.
Toujours sage ? Oh ! je le souhaite,
Mais je crains ma mauvaise tête...
Toujours sage ?... Eh bien !
J'essaierai.
Chers parents, acceptez de grâce,
Ce pauvre petit compliment...
Merci, papa ! Merci maman !
Et maintenant, je vous embrasse !
Le petit Garçon de Béthune
Voulut manger du vol-au-vent.
Il mordit dans la croûte brune ;
Aussitôt, par-dessus la dune,
Plus léger qu'une flèche au vent,
Il vola tout droit dans la lune.
Petites souris
C'est la petite souris grise.
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n'est pas dans son trou,
C'est qu'elle galope partout.
C'est la petite souris blanche,
Qui ronge le pain sur la planche,
Aussitôt qu'elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s'enfuit.
C'est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune.
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.
C'est la petit souris rouge.
Elle a peur aussitôt qu'on bouge !
Mais, lorsque personne n'est là,
Elle mange tout ce qu'on a.&
Sept ans
J'ai l'âge de raison - sept ans.
Sept ans ! Je suis un personnage !
Maintenant, je serai bien sage.
Tous, autour de moi, sont contents.
Il faut que je les inaugure,
Mes sept ans, en allant me voir,
Car, sûrement, dans le miroir,
Je n'ai plus la même figure.
Problème
On coupe deux pommes en quatre,
Combien cela fait-il de quarts ?
Hélas ! Au lieu de me débattre,
J'aimerais mieux manger les parts !
La toupie
Tourne, tourne, ma toupie,
De plus en plus fort,
Tourne, tourne, je t'épie,
Tourne, tourne encor.
On dit que tourne la terre
Plus vite que toi,
L'imbécile qui le croit,
Je le ferai taire !
Le doux bruit de ton ronron
Charme mon oreille,
Tourne, tourne, ma merveille,
Tourne, tourne en rond.
Quand tu seras fatiguée,
Tu t'arrêteras.
Mais une valse aussi gaie
Ne s'arrête pas.
Tourne, tourne, ta démence
Fait battre mon coeur,
Tourne, tourne et recommence,
O petite soeur !
Tourne, tourne, ma toupie,
De plus en plus fort,
Tourne, tourne, je t'épie,
Tourne, tourne encor !
L'été
On a fauché tout le gazon,
La faux était bien occupée !
On dirait que l'herbe est coupée
Jusqu'à la fin de l'horizon.
Le ciel est bleu, mais un nuage
Monte derrière la maison.
Ca pourrait bien être un orage...
Il fait plus chaud que de raison.
Jouer, l'été, vous met en nage !
Nous avons presque mal au coeur.
Mais l'herbe et sa petite odeur
Vont nous rafraîchir le visage.
Quatre heures
Déjeuner ou dîner,
Dîner ou déjeuner,
Ce n'est pas ça ma joie,
Mais c'est, sans qu'on me voie,
D'emporter mon goûter dehors.
Chic, alors !
Au fond du jardin où je sors,
A l'abri des plus belles branches,
Entre des fleurs roses et blanches,
Je mange mon pain que voilà
Et mon bâton de chocolat.
Et si je fais quelque bêtise,
Aucune voix qui dise :
"Ote ton coude !... Tiens-toi bien !...
Si tu parles, tu n'auras rien !"
personne ne me gronde.
Je me sens seul au monde
Dans l'ombre du sapin,
Seul avec l'oiseau qui ramage,
Le vent et le nuage,
Et mon chocolat et mon pain,
Seul avec l'heure qui s'attarde
Et le bon Dieu qui me regarde.
Les Agents de police
Les agents de police
Avec leur b^âton blanc
Veulent qu'on obéisse.
Ils arrêtent l'élan
Des autos en furie,
Mais, dès qu'on les en prie,
Ils vous font traverser
Sans qu'on soit renversé.
Et si, par aventure,
Un bébé doit passer
En petite voiture,
Les agents bien appris
Arrêtent tout Paris
Pour que le bébé passe,
Il faut leur rendre grâce,
Car, vraiment, les agents
Sont de bien braves gens !
Monsieur Polichinelle
Monsieur Polichinelle
De soie ou de flanelle,
Les deux bosses qu'il a
L'empêchent d'être plat.
Ces deux sacs à malice
Embêtent la police.
Ce qu'il en fait, des tours,
En s'esquivant toujours !
Au fond, c'est un apache.
Pourtant, bien qu'on le sache,
A Guignol, on se tord,
Et chacun crie : "Encor !"
Il n'y a pas à dire,
Il nous fait tant rire,
Il a tant de bagout
Qu'on lui pardonne tout.
Au Cinéma
Parce que je suis gentille,
On m'a menée au cinéma.
J'y étais avec ma famille,
Papa, maman, ma tante Emma.
C'était une histoire épatante,
Oui, mais je ne sais pas pourquoi,
Mon papa, ma maman, ma tante
S'amusaient beaucoup plus que moi.
Je suis une petite fille,
Alors Guignol me va bien mieux.
Le cinéma c'est sérieux...
- C'est le Guignol de la famille
Le Ciel
Je sais comment c'est dans le ciel :
C'est un jardin de neige blanche
Rempli de sapins de Noël.
Une bougie à chaque branche,
Sous chaque feuillage un joujou,
Des étoiles partout, partout,
Des fils d'or et d'argent, du givre
Qu'on peut enrouler à son doigt,
Enfin tout ce qu'il faut pour vivre.
Là, les poules qu'on aperçoit
Ne pondent que des oeufs de Pâques,
Et, quand on pêche dans les flaques,
On ramène au bout de son fil,
De ravissants poissons d'avril.
Dans ce jardin, on se promène
En choisissant tout ce qu'on veut.
On a toujours la bouche pleine,
Et c'es§ toujours l'heure du jeu.
On y est toujours en vacances,
Car c'est dimanche tout le mois.
On fait des balades immenses
Sur le dos des chevaux de bois.
Quand on croit qu'il vient des orages,
C'es qu'il va grêler des bonbons.
La nuit, on dort dans des nuages
Bien plus doux que des édredons,
Et quand on s'éveille à l'aurore
On se met à chanter en choeur :
" Encore ! Encore ! Encore ! Encore !"
Tant on a de plaisir au coeur !
On a le bon Dieu pour grand-père,
On sait tout sans jamais rien faire,
Et l'on s'amuse énormément.
Voilà la vie au firmament.
- Dites, vous me croyez, j'espère ?
Oeufs
Oeuf à la coque,
Cher petit coco blanc qu'on aime,
Dur sous la cuiller qui te choque,
Sois en dedans mou comme crême,
Oeuf à la coque !
Oeuf sous la poule,
Berceau blanc d'un tout petit être,
Tiens-le bien au chaud dans ton moule,
Le poussin jaune qui va naître,
Oeuf sous la poule !
Grand oeuf de Pâques,
Chocolat ou sucre qui brilles,
Entr'ouvre tes parois opaques
Pour les garçons et pour les filles,
Grand oeuf de Pâques !
La Lune
La lune est une indiscrète.
Regardez comme elle est faite !
Pas un cheveu sur la tête !
Par les fentes des cloisons,
Elle voit dans les maisons
Et nous cherche des raisons.
La lune est une indiscrète.
Nous lui tournerons le dos !
Pour dormir dans nos dodos,
Nous fermerons les rideaux
Au nez de la pâle intruse.
"Coucou ! C'est moi ! Je m'amuse !"
Comment ? Encore ? Elle abuse !
Nous lui tournerons le dos.
Nous l'avons si bien vexée
Qu'elle s'est presque vexée
Qu'elle s'est presque effacée.
La semaine s'est passée,
Il n'en reste plus qu'un quart.
"Coucou, lune !... Il est trop tard,
Elle n'est plus nulle part...
Nous l'avons trop bien vexée !
Démocratie
Toi, tu vas en auto de maître,
Et moi, je vais en autobus,
Mais je le soutiens mordicus,
j'en éprouve plus de bien-être.
Je suis perché plus haut que toi,
je vois mieux les choses qu'on voit
Et, plus solide sur ma base,
Dans les accidents, je t'écrase !
Dix ans
J'ai dix ans aujourd'hui. Dommage !
Ca va devenir sérieux.
Un seul chiffre disait mon âge,
A présent il en faudra deux.
Deux chiffres !
La même frontière
Que les gens les plus importants.
Deux chiffres pour la vie entière...
- A moins d'aller jusqu'à cent ans !
L'Automne
On voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne.
C'est une branche, tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou.
C'est un petit arbre tout rouge,
Un d'une autre couleur encor.
Et puis, partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre !
Violette et Papillon
I
Fleurs de Pâques, pâquerettes,
Empesez vos collerettes !
Et vous, les jolis boutons d'or,
Tendez vos tout petits bois d'or !
Car demoiselle Violette,
Dans un rayon
Fait sa toilette,
Pour épouser le paillon.
Sa feuille verte est son ombrelle,
Très gentiment,
Bleu diamant,
Une goutte d'eau la fait belle.
Son fin corsage sans corset
C'est son calice,
Chacun le sait,
Et sa robe est sa tige lisse.
Pour la question du parfum,
Le sien lui reste.
Il est modeste,
Mais bien plus suave qu'aucun.
Voilà donc la toilette faite !
C'est grâce à vous,
jaune coucous
Et la fiancée est parfaite.
II
Or le papillon très aimant,
Battant de l'aile,
S'en vient vers elle
Aussi beau qu'un Prince Charmant.
Debout comme des personne
Sous le grand ciel,
Douces et bonnes,
Les fleurs saluent, pleines de miel.
En cortèges et caravanes,
Frelons ronfleurs
Autour des fleurs
Sont de mignons aéroplanes.
O carillons, carillonnez !
O soeurs des cloches,
Clochettes proches,
Sonnez au vent par milliers !
Voici, pour compléter la noce,
Un bon curé.
C'est, tout doré,
Le limaçon gonflant sa bosse.
Ayant pour adjoint le bourdon,
Sans rien qui frise
Sa barbe grise,
Monsieur le maire est un chardon.
Et, pendant la cérémonie,
Le gris grillon
Au violon
Fait entendre un flot d'harmonie.
III
Sitôt le repas nuptial,
Voici la danse !
Le bal commence,
Insectes et fleurs, tous au bal !
Oui !
Les pétales et les ailes
Entrelacés,
Tournez, valsez,
Comme messieurs et demoiselles !
Le soir vient... Dans l'herbe d'avril
Luisante et douce,
Chacun se pousse :
"Où donc est-elle ? Où donc est-il ?"
Car loin des rumeurs de la fête
Ils sont partis,
Les deux petits,
Le papillon, la violette...
C'est fini ! Fermez-vous, ô fleurs.
Adieu, merveilles !
Partez abeilles,
Ronflez, tous les petits moteurs !
Fleurs de Pâques, pâquerettes,
Repliez vos collerettes,
Et vous, les jolis boutons d'or,
Videz vos tout petits bols d'or !
Le Ballon Rouge
"Oh ! le joli ballon rouge !
Voyez comme il brille et bouge
Tout au bout de son long fil !"
Mais soudain qu'arrive-t-il ?
L'enfant a fait un faux geste,
Voici le ballon crevé.
c'es fini ! Plus rien n'en reste.
Cela devait arriver.
Un ballon tout comme un rêve,
N'a qu'une existence brêve...
L'enfant qu'un sanglot soulève,
Devant un pareil malheur
Sent aussi crever son coeur.
Pourquoi pleure-t-il cet ange ?
Il en reste des ballons,
Rouges ou bleus, ronds ou longs,
Des beaux ballons de rechange !
Un jour, quand il grandira,
Le pauvre tout petit être,
Son coeur crèvera peut-être...
Mais qui donc le lui rendra ?
Fragile au bout de la ficelle
Ainsi qu'un ballon rouge ou bleu,
Garde ton coeur, petit monsieur,
Garde ton coeur, mademoiselle...
Le Cerceau
Lorsque je pousse mon cerceau
Devant moi le long de l'allée,
Peut-être bien qu'on me croit sot.
Mais jusqu'où va ma course ailée
Lorsque je pousse mon cerceau,
Ca, c'est le secret de mon rêve.
Parcours qui jamais ne s'achève,
jusqu'où donc va-t-il, mon cerceau,
Quand je cours derrière mon rêve ?
Et le pouvoir de mon bâton,
Bâton magique, sortilège,
Le saura-ton, le saura-ton ?
Folle roue au vent, où donc vais-je ?
Le saura-t-on ? Le saura-t-on ?
Devant moi, le long de l'allée,
Lorsque je pousse mon cerceau,
Peut-être bien qu'on me croit sot,
Mais jusqu'où va ma course ailées ?
- Et si c'est jusqu'au paradis,
Est-ce toi qui le sauras, dis ?
Le Vent
Dans le jardin, le vent nous pousse,
Et pourtant on ne le voit pas.
Nous avons beau lui crier :
"Pouce !"
Rien n'arrête son branle-bas.
Quand nous courons sur les pelouses,
Il court encor plus fort que nous.
Tantôt il colle à nos genoux,
Tantôt il nous gonfle nos blouses.
Aussi brusque que les garçons,
Il tire les robes des filles.
Il nous roule comme des billes,
Il a de mauvaises façons.
Pourtant quelle amusante chose
De sauter à travers le vent !
On a la figure plus rose
Et tous ses cheveux par devant.
On est comme l'herbe et la branche,
Tout malmené, tout secoué.
On n'a pas besoin de jouer.
- Oh ! Qu'il fasse du vent dimanche !
Petit Bébé
Si cette demeure est en fête,
C'est parce que, dans quelques mois,
Au fond du berceau qu'on apprête,
Va dormir un petit minois.
Une maman t'attend chez elle,
Bébé, qu'on va vouer au bleu.
Que seras-tu ?... Petit monsieur
Ou bien petite demoiselle ?
Qu'importe ! Dans ton maillot neuf,
Qui que tu sois, garçon ou fille,
Bébé, joujou de la famille,
Bébé rond et blanc comme un oeuf,
Viens ! Viens !...Sans te connaître encore,
On t'aime plus que de raison.
Tes parents disent : "Je l'adore !"
Tu remplis toute la maison.
Viens ! Viens !... Il fera si bon naître !
Ton berceau blanc veut te bercer,
Ton lait chaud veut être sucé,
Chacun veut que tu sois son maître.
Viens ! Viens ! Il faut vivre à ton tour.
Viens connaître ta première heure !
Vivre est bon même quand on pleure.
Viens ! Voici se lever le jour !
L'Hiver
L'hiver, s'il tombe de la neige,
Le chien blanc a l'air d'être beige.
Les arbres sont bientôt touffus
Comme dans l'été qui n'est plus.
Les oiseaux marquent les allées
Avec leurs pattes étoilées.
Aussitôt qu'il fait assez jour,
Dans le jardin bien vite on court.
Notre maman nous emmitoufle,
Même au soleil, la bise souffle.
Pour faire un grand bonhomme blanc,
Tout le monde prend son élan.
Après ça, batailles de neige !
On s'agite, on crie, on s'assiège.
Et puis on rentre, le nez bleu,
Pour se sécher autour du feu.
Un Petit Garçon
Je suis un petit garçon
Haut comme la table,
Bien souvent insupportable,
Quelquefois mignon.
On dit quand je suis mignon :
- Viens que je t'embrasse !
Mais lorsque je suis grognon :
- Qu'on m'en débarrasse !
Une Petite Fille
Je suis une petite fille
Et tout le monde m'aime bien.
Je ne connais encor rien,
Mais je suis si gentille !
Pas tous les jours, pas tous les jours !
Quelquefois je pleure et je rage.
- On ne peut pas être toujours
Sage comme une image !
Regret futur
- Quand je serai grande personne
Je ne serai plus un enfant.
Bonsoir tout ce qu'on me défend !
Que la vie alors sera bonne !
- Et pourtant, quand tu seras grand,
Chère petite tête blonde,
Tu diras comme tout le monde :
"Oh ! que ne suis-je encore enfant !"
La pluie
Il pleut sur la vitre, il pleut sur le monde,
Il pleut sur la mer ; il pleut sur les fleurs.
C'est un petit bruit qui gronde.
Les fenêtres sont tout en pleurs.
Ecoute pleuvoir, si tu peux te taire !
Les nuages noirs sont tout gonflés d'eau.
Ecoute, (cela vient de haut),
Le ciel qui tombe sur la terre.
Petit Bateaux
Sue le bassin des Tuileries
Ou le bassin du Luxembourg.
Avec mille coquetteries,
La légère flotille court.
Ce sont de bien petits voyages,
Et pourtant c'est toute la mer
Avec ses risques, ses naufrages,
Et plus d'un navire s'y perd.
Les petits hommes, sur la rive,
Suivent leurs embarcations.
Grandes sont leurs émotions.
car un malheur si vite arrive !
Certes, leur bâtiment altier
Ne fera pas le tour du monde.
Cependant cette eau peu profonde
Reflète le ciel tout entier.
Les périls en miniature
De leurs petits bateaux errants,
C'est l'image de l'aventure
Qu'ils courront lorsqu'ils seront grands.
Sur l'océan de l'existence
Ils auront des hauts et des bas
Comme leurs barques en partance.
Heureux, ils ne s'en doutent pas.
Il leur faudra bien des années
Pour savoir qu'à l'âge des jeux,
Ils ont vu passer sous leurs yeux
Le tableau de leurs destinées.
A Dieu vat ! le mignon bateau
Navigue avec l'espoir en proue.
Le petit garçon croit qu'il joue...
Hélas ! Il sera grand bientôt.
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