Dominique (Jean) ... ... ... ... 1873-1952
Jean Dominique
Pseudonyme de Marie Closset
(1873-1952)
Gabriel Fauré: The songs and their poets (Graham Johson)
Chanson
(mis en musique par Fauré)
Que me fait toute la terre
Inutile où tu n'es pas
En marchant marqué ton pas
Dans le sable ou la poussière!
Il n'est de fleuve attendu
Par ma soif qui s'y étanche
Que l'eau qui sourd et s'épanche
De la source où tu as bu;
La seule fleur qui m'attire
Est celle où je trouverai
Le souvenir empourpré
De ta bouche et de ton rire;
Et, sous la courbe des cieux,
La mer pour moi n'est immense
Que parce qu'elle commence
A la couleur de tes yeux.
Le don silencieux
(Mis en musique par Fauré)
Je mettrai mes deux mains sur ma bouche, pour taire
Ce que je voudrais tant vous dire, âme bien chère!
Je mettrai mes deux mains sur mes yeux, pour cacher
Ce que je voudrais tant que pourtant vous cherchiez.
Je mettrai mes deux mains sur mon coeur, chère vie,
Pour que vous ignoriez de quel coeur je vous prie!
Et puis je les mettrai doucement dans vos mains,
Ces deux mains-ci qui meurent d'un fatigant chagrin!...
Elles iront à vous pleines de leur faiblesse,
Tout silencieuses et même sans caresse.
Lasses d'avoir porté tout le poids d'un secret
Dont ma bouche et mes yeux et mon front parleraient.
Elles iront à vous, légères d'être vides,
Et lourdes d'être tristes, tristes d'être timides;
Malheureuses et douces et si découragées
Que peut-être, mon Dieu, vous les recueillerez!...
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller
À Folkestone, en Angleterre.
C’était un jour bleu d’été.
À Folkestone, en Angleterre,
Où les vieux collèges verts
Dormaient leur calme congé
Dans l’herbe des monastères.
L’église trop bien cirée
De Folkestone, en Angleterre,
Et les lys du baptistère,
Et les vitraux peu teintés,
Et le joyeux cimetière,
Quand irons-nous les aimer
À Folkestone, en Angleterre ?
Nous avons pris notre thé
À Folkestone, en Angleterre,
Dans un hôtel du passé,
Aux meubles d’acajou clair,
Et cette salle à manger
Et ces compotiers de verre
Et ces pelouses bombées
Sous les chênes noirs et verts,
Que cela nous a charmés,
À Folkestone, en Angleterre !
Nous reprendrons un hiver
Le bateau qui sent le thé,
Et ce sera pour aller
À Folkestone, en Angleterre.
Pour voir les dalles lavées
Et les fleurs du baptistère
Et par les vitres teintées
Le tout petit cimetière.
Pour boire un thé parfumé
De spleen, de brume et de mer,
Dans un hôtel du passé,
À Folkestone, en Angleterre.
Bibliographie:
L'anémone de mer (1906)
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