Dorian (Tola) 1841-1918
Tola Dorian
Kapitolina Sergueïvna Mestcherskaïa
1841-1918
Dorian dans l'album Mariani
Lire l'article de Timothy Bell Raser concernant la poésie de Tolan Dorian et l'antisémitisme plutôt virulent de sa revue,
La Revue d'Aujourd'hui.
Peripheral Publishing, or is Tola Dorian totally boring? (p. 59)
Textes en prose et poèmes dans
Une nuit blanche par une bise froide
sous le pôle Nord
Les rayons, les Blancheurs, l'Aurore,
Montent des glauques profondeurs
Sur la glace multicolore;
Ainsi qu'une vivante flore,
S'épanouissent, pleins d'ardeurs,
Les Rayons, les Blancheurs, l'Aurore!
Les arcs-enciel viennent éclore
Sous les éclairs, fauves rôdeurs,
Sur la glace multicolore...
La haute banquise se dore
Belle de ses triples pudeurs,
Les Rayons, les Blancheurs, l'Aurore.
(Dans "l'Anthologie des femmes écrivains" de Rieusseyroux Alq, 1893, Archive.org)
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Prologue
La Russie
J'apporte à ton amour le chant tendre et rêveur
De cette Muse slave
Qui de,neige vêtue, et du feu plein le coeur,
Est comme un lac d'argent où ruisselle la lave.
Je viens pour allumer ma lampe, faible encor,
A la torche superbe
Qui. dès l'aube des temps luit sur le livre d'or
Où de l'humanité s'est illustré le Verbe
Je verserai ma sève et tout mon jeune sang
Dans tes veines lassées,
Mais que n'a su tarir le combat incessant
Que tu livras, Guerrière, aux erreurs hérissées
Fais jaillir hors des deuils, au cri de mes coursiers,
L'éclair de ton épée,
Et dans le pur torrent des polaires glaciers
Plonge de ton beau corps la vigueur retrempée
Car mon bras patient est prêt à te venger,
Mère, dans ta souffrance
Mon coeur fort pour ton coeur n'est pas un étranger-:
De ton lait, de tes pleurs, je suis nourrie, ô France! »
LA FRANCE
« Je guiderai tes pas, dans les temps qui viendront,
Vers ce haut sanctuaire,
Où la Clarté rayonne et siège sur le front
De mes fils que brûla tout Idéal austère
Et je t'éclairerai du drapeau glorieux
Qui protège l'Idée,
Comme une aigle essorante ouvrant son aile aux cieux
Yporte ses aiglons, toute d'aube inondée »
L'essence de l'amour
Commencement et but de la Création,
Lumière qui pour ombre as la clarté du monde,
Voile vivant, tissé d'âmes en fusion
Et tramé de soleils... ô fournaise féconde,
D'où la pensée éclate irradiée et sonde
Les Mutabilités de la Possession!
Sang des veines du Temps! Flot du flux de la vie!
Ame de toute chair, chair de l'âme! Divin,
Unique accord parfait d'immanente harmonie!...
Haleine universelle!... Intangible chemin,
Artère où roule et bat la rumeur infinie
Du coeur multiplié de l'avatar humain!
Médaillons
L'HAMADRYADE
Une Statue en bronze, aux lèvres écarlates,
Dont la chair d'or palpite au soleil ruisselant,
Et que zèbre de noir les longues feuilles plates
D'un grand latanier affalé sur le flanc.
LA LAMIE
Près d'une source bleue une fauve Lamie,
Au front rose de. femme, au corps vert de cobra,
Se déroule en plis froids, sur le sable endormie,
Aux tonnerres lointains du lourd Niagara.
L'EFFRAIE
Une Effraie, ardant ses prunelles nyctalopes,
Comme une lice, geint au haut d'un caroubier.
Sous bois, dans les marais, brament les antilopes,
Frappant de leurs sabots les herbes du bourbier.
LES HIPPOCAMPES
Un Quadrige écumant d'énormes Hippocampes
Traînent un char d'onyx; leurs harnais émaillés
Et les rouges drapeaux sur l'or bruni des hampes
Se mirent dans les flots sous les chevaux ailes.
LA CENTAURESSE
Superbe, se cabrant, la blanche Centauresse
De son oeil enflammé fouille les horizons,
Et livrant son dos large au vent qui la caresse,
Rivale des. simouns, plonge aux déserts profonds.
LA GOULE
Aux rougeurs d'une forge infernale, une Goule
Déchire entre ses doigts des cadavres d'enfants,
Se gorge de leur chair, de leur sang pur se soûle
Et brise leur squelette avec ses noires dents.
L'ONDINE DE MER
Se tordant sur la vague, une lascive Ondine
En démence d'amour joue avec un dauphin
Dans sa conque enroulée elle sonne en sourdine,
Etalant ses splendeurs comme un lotus divin.
L'HERMAPHRODITE
Un Etre multiforme, un éphèbe-vestale,
Tige à deux fruits, deux fleurs, rose greffée au lys,
Danse près d'un doux Faune agitant sa crotale
Et de ses bras d'ivoire étreint ses flancs polis.
L'ENFANT
Dans un berceau de nacre une petite fille
Frêle ainsi qu'une fée, à l'ceil immense et bleu,
Sourit, tout étonnée, à l'aube qui parfile
Des brins d'or et descend, rose, des bras de Dieu.
REQUIEM D'AUTOMNE
Les derniers beaux soleils ont la pâleur des cierges
Qui défaillent à l'ombre à demi consumés...
On dirait ses cheveux sous le halo des vierges,
Dans les blondes vapeurs des autels parfumés.
La vigne est vendangée... Entendez-vous des grives
La claire ritournelle au cliquetis lointain ?
On dirait son beau rire! Hélas sur quelles rives
Tinte le frais grelot de ce rire argentin ?
La scabieuse en deuil au fond des jardins vides
Et mornes refleurit sous les pins résineux...
On dirait ses grands yeux, si tristes et fluides,
Qui me fascinaient l'âme et l'absorbaient en eux!
Et les feuilles des bois, les pauvres feuilles mortes,
Essaims d'or tournoyant sous un funèbre ciel...
On dirait ses baisers - fuyant, blêmes cohortes,
Dans la nuit sans retour de son oubli cruel!
Concernant Tola Dorian
Dans l'Humanité nouvelle de 1898, page 395 ,
A. Lantoine porte un jugement plutôt sévère sur l'un des recueils de la poétesse
En ligne sur archive.org
L’invincible race (1899)
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