Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Fauln (Catherine) 1912-1951

Catherine Fauln

1912-1951

 


Dans l'anthologie de Jeanine Moulin

 

 

Paroles de la statue

 

Présence inexorable, appelante aux mains nues,

Tu me tires d'un long et morne enchantement.

Et je vois ton regard me vêtir gravement

De vertus et de fleurs qui me sont inconnues.

 

Le sourire a marqué ma bouche, ô très longs jours.

Mais ne t'y trompe pas. Je ne suis que prélude

A la tendre poussière. orgueil et solitude,

A jamais enfermée en de justes contours.

 

Va, passe ton chemin, douceur, claire voix d'arbre.

Dans ce roc, c'est ton âme en peine qui te ment.

Va boire ton repos aux visages vivants

Et me laisse à ce corps de sommeil et de marbre.

 

 

Poète mourant

(extrait)

 

Seigneurs désabusés, archanges du mépris

Laissez passer mon corps abandonnant la terre.

Abaissez sur mes yeux les ultimes paupières

Et déliez mes mains avant la longue nuit.

 

Une faux maladroite a coupé mes racines.

Je saigne un dernier songe avant de m'arracher

Aux chemins pleins de fleurs et d'enfants étonnés

Qui sillonnent les flancs de ces mille collines.

 

Adieu, douce prison de boue et de soleil.

O terre, avec ta faune et tes vieux paysages,

Je renonce à ces champs, ces fleurs, ces visqges,

Pour rejoindre le vent qui tourne dans le ciel.

 

J'ai oublié mon nom. L'éternité commence

A cet oiseau qui boit tout le sang de mon coeur.

Je cesse d'exister et me laisse sans peur

Prendre ineffablement dans les rets du silence...

 

 

Temples près de la mer

 

Immuable et dansante, ô mer mangeuse d'arbres

Et de blancs rocs usés par tes embrassements,

Tu régnes sur les bords tristes des continents

Et ton sel a rongé les géantes de marbre.

 

La pierre tendre brûle aux feux purs du soleil.

O gisantes que, rare, un oeil humain contemple,

Vous régnez et durez sur les marches du temple

Et vos yeux renversés se remplissent de ciel.

 

Un reflet s'éternise et joue au pli des robes.

Une lèvre fendue semble allumer un cri

Au sein de ce désert qu'irrite un long oubli.

Puis, le temple en la nuit, lentement se dérobe.



31/08/2012
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 165 autres membres