Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Gabrielle de Coignard: Sonnets spirituels (1595)

Gabrielle de Coignard

Sonnets spirituels

(Consulter l’article de la SIEFAR)

 

I

Je n'ai jamais goûté de l'eau de la fontaine,

Que le cheval ailé fit sortir du rocher:

A ses païennes eaux je ne veux point toucher.

Je cherche autre liqueur, pour soulager ma peine.

 

Du céleste ruisseau de grâce souveraine,

Qui peut désaltérer la grand soif étancher,

Je désire ardemment me pouvoir approcher,

Pour y laver mon coeur de sa tache mondaine.

 

Je ne veux point porter le glorieux laurier,

La couronne de myrte, ou celle d'olivier,

Honneurs que l'on réserve aux têtes plus insignes.

 

Ayant l'angoisse en l'âme, ayant la larme en l'oeil,

M'irais-je couronnant de ces marques d'orgueil,

Puisque mon sauveur même est couronné d'épines ?

 

 

II

 

Guide mon coeur, donne-moi la science,

O Seigneur Dieu pour chanter saintement,

Ton haut honneur, que j'adore humblement,

Reconnaissant assez mon impuissance.

 

Je n'ai nul art, grâce, ni éloquence,

Pour ton saint nom entonner dignement:

Mais ton clair feu, de mon entendement

Ecartera les ombres d'ignorance,

 

Je ne veux point la Muse des païens,

Qu'elle s'en voise aux esprits qui son siens:

Je suis chrétienne, et brûlant de ta flamme,

 

Et réclamant ton nom à haute voix,

Je sacrifie à l'ombre de ta croix,

Mon tout, mon corps, mes écrits, et mon âme.

 

 

III

 

O Désirs mes mignons qui sur vos saintes ailes,

Volez plus vivement que le vent plus léger:

C'est ores mes mignons qu'il vous faut déloger,

Sans plus vous arrêter aux choses temporelles.

 

Ça-bas tout est laideur pour les âmes plus belles,

Ne poursuivez donc rien du monde passager,

Les objets terriens ne vous font qu'affliger:

Il faut chercher au Ciel les grâces éternelles.

 

Mais quand vous y serez, ô désirs bienheureux

Ne retournez jamais en ce val douloureux,

Mais attendez là-haut que mon heure ait borné

 

La vie de ce corps: et tandis, beaux désirs,

Faites un grand amas des éternels plaisirs, 

Pour festoyer là-haut mon âme retournée.

 

 

IV

 

Le clair soleil par sa chaleur ardente,

Fait distiller la neige d'un rocher:

Et je me fonds en sentant approcher,

Le doux rayon de ta flamme excellente.

 

Mon oeil devient une source coulante,

Et l'âme alors commande sur la chair,

Délibérant de jamais ne chercher

L'occasion à l'offense coulante.

 

Mais quand ce feu de moi s'en est allé,

Mon pauvre coeur demeure plus gelé,

Qu'un jour d'hiver tout blanchissant de glace.

 

Reviens, Seigneur, ne m'abandonne pas,

Si je te perds, las je vois mon trépas,

Car je ne vis qu'aux douceurs de ta grâce.

 

 

V

 

Ha ! mon Dieu qu'est ceci, ai-je perdu courage,

Où sont les bons désirs que j'allais poursuivant,

Serai(s)-je point sujette à la pluie, et au vent,

Suivant les passions maîtresses de notre âge ?

 

Ce n'est pas le chemin d'une jeunesse sage,

De reculer arrière au lieu d'aller avant:

Où est ce bon espoir qui m'animait devant,

Et ce chaste projet d'un résolu veuvage ?

 

Hélas ! Je connais bien quand ta douce bonté,

Me soutient qu'en mon coeur par ta grâce indompté

La constance fleurit, et que rien ne l'empêche:

 

Mais quand tu viens de moi ta faveur retirer,

Mon âme qui se sent de son tronc séparée,

Chet (tombe) comme quelque branche, ou quelque feuille sèche.

 

 

VI

 

Ni les désirs d'une jeunesse tendre,

Ni les appas des humaines grandeurs,

Ni l'hameçon des superbes honneurs,

Ni les plaisirs qu'au monde l'on peut prendre:

 

Ne me pourraient contente jamais rendre:

Ni m'arrêter à ces songes trompeurs.

Je veux fuir ces amères douceurs,

Autre loyer mon âme veut attendre.

 

Aille bien loin, le trésor précieux

Rassasier quelque avaricieux:

Que les honneurs soient à qui le désire.

 

O mon vrai bien, je ne veux rien avoir,

Au lieu d'époux, de richesse, et pouvoir,

Que ton amour où seulement j'aspire.

 

 

VII

 

 

Plutôt le Ciel perdra ses clairs flambeaux,

Et l'été chaud sera raidi de glace:

L'hiver aura du printemps les rameaux,

Et les mortels n'auront plus de fallace.

 

Plutôt la mer environnant la masse,

Et sèche, et froide, ayant perdu ses eaux:

N'aura poissons, ne portera bateaux,

Que de chanter ta gloire je me lasse.

 

Je chanterai, ô Dieu de salut,

Je chanterai ton los (ta louange) dessus mon luth,

Jamais au coeur ne sera que je n'aie

 

Un trait fiché de ton doux souvenir,

Pour le combat hardiment soutenir,

Contre le mal qui mes forces essaie.

 

 

VIII

 

Monarque des hauts cieux, à ton honneur et gloire

Je chanterai toujours, quoiqu'il puisse advenir;

Car j'ai le coeur si plein de ton doux souvenir,

Que tu seras toujours écrit dans ma mémoire.

 

Je voudrais mieux manier cette lyre d'ivoire,

Que le grand Vendômois fait si haut retentir,

Je ferai de mes chants les rochers mi-partir:

Si j'avais le laurier marque de sa victoire.

 

Mon Dieu que j'ai le coeur plein d'admiration,

Lisant parmi ses vers la docte invention,

D'un Hercule chrétien rapportant ta semblance.

 

Ah! mon divin Ronsard, je ne puis avouer

Telle comparaison: leur païenne insolence

Offense le Seigneur, au lieu de le louer.

 

IX

 

Qu'on aie opinion que je suis hypocrite,

Ayant le coeur rempli de ruse, et fiction,

Que tout ce que je fais est ostentation,

Qu je suis envieuse, arrogante et dépite,

 

J'avoue tout cela, plus encor(e) je mérite

Qu'on publie partout mon imperfection;

Toutefois le haut but de mon intention

Ne se changera point, quoiqu'on m'ait décrite.

 

Que l'on die de moi tout ce que l'on voudra,

Je m'assure qu'en fin matière leur faudra,

Car Dieu qui voit à clair la vérité celée

 

Permettra que ceux-là, qui blâment les vertus

Seront de leur bâton à la parfin battus,

Ayant d'un repentir leur âme bourrelée.

 

 

X

 

Obscure nuit, laisse ton noir manteau.

Va recueillir la gracieuse aurore,

Chasse bien loin le soin qui me dévore,

Et le discours qui trouble mon cerveau.

 

Voici le jour gracieux, clair et beau,

Et le Soleil qui la terre décore,

Et je n'ai point fermé les yeux encore,

Qui font nager ma couche toute en eau.

 

Ombreuse nuit, paisible et sommeillante,

Qui sais les pleurs de l'âme travaillante,

J'ai ma douleur cachée dans ton sein,

 

Ne voulant point que le monde le sache,

Mais toutefois je te prie sans relâche

De l'apporter aux pieds du souverain.

 

 

XI

 

Si ce mien corps était de plus forte nature,

Et mes pauvres enfants n'eussent de moi besoin

Hors des soucis mondains je m'en irais bien loin

Choisir pour mon logis une forêt obscure.

 

Las! je ne verrais point aucune créature,

Ayant abandonné de ce monde le soin.

Dans quelque creux rocher, je choisirais un coin,

Et les sauvages fruits seraient ma nourriture;

 

Et là j'admirerais en repos gracieux

Les oeuvres du haut Dieu, l'air, la terre et les cieux,

Les bénéfices siens saintement admirables.

 

Et en pleurs et soupirs requérant son secours,

Je passerais ainsi le reste de mes jours,

Recevant de mon Dieu les grâces secourables.

 

 

XII

 

Fauche, Seigneur, de ton glaive tranchant,

Tous les chardons qui prennent accroissance,

Aux plus beaux lieux de notre conscience,

Et vont toujours les vertus empêchant.

 

Ce sont les grains que l'ennemi méchant

Jette sur nous par sa fausse semence,

Viens donc, Seigneur, car la moisson s'avance,

Viens de ta main ces herbes arrachant.

 

Ne permets point que la ronce et l'épine

Gâtent le fruit de la bonne racine,

Envoie-nous de la pluie d'en haut

 

Pour arroser cette terre infertile

Qui dans son champ ne porte rien d'utile,

S'il ne te plaît réparer son défaut.

 

 

XIII

 

Mon âme, dormez, vous, mon corps, vous sommeillez,

Assoupi lourdement sur la plume ocieuse,

La sombre obscurité de la nuit oublieuse,

D'un voile paresseux vous tient les yeux cillés.

 

Les animaux des champs, les poissons écaillés

Voient plus tôt que vous la clarté gracieuse;

Le chariot pesant de la chair vicieuse

Garde que nous n'ayons nos esprits éveillés.

 

Mais sus, c'est trop dormi en ma paresse extrême,

Je me veux éveiller en ce temps de Carême,

Me levant de matin pour ouïr les sermons.

 

Mon âme conduira par la raison active,

Ce corps appesanti de sa charge rétive,

A servir le Seigneur, et gagner les pardons.

 

 

XIV

 

Mes vers, demeurez cois dedans mon cabinet,

Et ne sortez jamais, pour chose qu'on vous di(s)e,

Ne volez point trop haut, d'une aile trop hardie,

Arrêtez-vous plus bas sur quelque buissonnet.

 

Il faut être savant pour bien faire un sonnet,

Qu'on lise nuit et jour, qu'Homère on étudie,

Et le riche pinceau des muses l'on mendie

Pour peindre leurs beautés sur un tableau bien net.

 

Demeurez donc mes vers enclos dedans mon coffre.

Je vous ai façonné pour ce que je vous offre

Aux pieds de l'éternel, qui m'a fait entonner

 

Tout ce que j'ai chanté sur ma lyre enrouée:

Je me suis à lui seul entièrement vouée,

Ne voulant mes labeurs à nul autre donner.

 

 

 

XV

 

Perce-moi l'estomac d'une amoureuse flèche,

Brûle tous mes désirs d'un feu étincelant,

Elève mon esprit d'un désir excellent,

Foudroie de ton bras l'obstacle qui l'empêche.

 

Si le divin brandon de ta flamme me sèche,

Fais fondre de mes yeux un fleuve ruisselant;

Qu'au plus profond du coeur je porte recelant,

Des traits de ton amour, la gracieuse brèche.

 

Puisque tu n'es qu'amour ô douce charité,

Puisque pour trop aimer, tu nous as mérité

Tant de biens infinis et d'admirables grâces,

 

Je veux te supplier par ce puissant effort

De l'amour infini qui t'a causé la mort,

Qu'en tes rets amoureux mon âme tu enlaces.

 

 

 

XVI

 

Fleuve coulant par ce pays fertile,

Qui enrichit les champs et les cités,

Nous apportant mille commodités,

Battant les murs de ma fameuse ville,

 

O si j'avais un doux et grave style,

Dessus les bords de tes concavités,

Je chanterais tes grandes raretés,

Et du rocher ta source qui distille.

 

Tu as nourri maints excellents esprits,

Qui font tes eaux jaillir dans leurs écrits.

Jà, l'Indien sait le nom de Garonne.

 

Puisque je suis née dessus tes bords,

Ayant appris quelques simples accords,

A ton honneur ma muse les entonne.

 

 

 

XVII

 

Je bénirai toujours l'an, le jour et le mois,

Le temps et la saison que la bonté divine

lança ses doux attraits au fond de ma poitrine,

Arrachant de mon sein le coeur que je portais.

 

Un soir, il me sembla ainsi que je dormais,

Dessous l'obscurité de ma sombre cortine,

Que je me submergeais dedans la mer mutine;

Haletant à la mort peu à peu je mourais.

 

J'avais mille regrets de mes fautes commises,

Je promettais à Dieu des saintes entreprises,

S'il me donnait loisir de vivre encor un peu.

 

Je m'éveille en sursaut, et mon âme avertie

Par ce songe divin de corriger ma vie

Demande ton secours pour accomplir son voeu.

 

 

 

XVIII

 

Périsse la grandeur qui trompe les plus sages,

Enfle les plus savants, charme les plus dévots,

Elle attire chacun au bruit de son beau los (sa louange),

Puis des liens d'orgueil enlasse nos courages.

 

Mais las! tous ces honneurs, et ces grands héritages

Ne peuvent nous donner un moment de repos,

Agitant nos esprits tout ainsi que les flots,

Guidés jusques au Ciel par mille et mille orages.

 

Bienheureux donc celui qui n'est point enjôlé

En sa douce prison, et n'est point affolé

Des circeants (environnants?) appas dont plusieurs elle trompe.

 

Fuyez, humbles d'esprit, ses vaines passions,

La croix sait le sujet de vos affections,

Car c'est un trait volant que le monde et sa pompe.

 

 

 

XIX

 

Amour est un enfant, ce disent les Poëtes,

Qui a les yeux cillés par un obscur bandeau;

C'est un cruel serpent, un dévorant flambeau,

Qui brûle les humains par les flammes secrètes.

 

Dardant à tout propos des mortelles sagettes,

Il donne en nous flattant la mort et le tombeau,

Il vole dans nos coeurs tout ainsi qu'un oiseau,

C'est un foudre tonnant, racine de tempêtes.

 

Chassons donc vivement cet aveugle étranger,

Avant que dans nos coeurs il se puisse loger,

Cherchons cet autre amour, qui fait la vertu suivre,

 

Qui est chaste et parfait, modeste et gracieux,

Dardant ses traits dorés de la voûte des cieux,

Non pour nous massacrer, mais pour nous faire vivre.

 

 

XX

 

Furieuse amitié qu'on nomme jalousie,

Venimeuse poison des sens plus arrêtés,

Qui peints dans nos cerveaux mille méchancetés,

Dont l'appréhension est follement saisie.

 

Ce n'est point amitié, c'est une frénésie,

Un transport enragé, forgeur de cruautés;

Ceux qui ont ce malheur demeurent hébètés,

perdant toute raison et toute courtoisie.

 

O farouche amitié, fuyez de ma maison,

J'aimerais plus humer un verre de poison

Qu'avoir ces passions qui bourrèlent nos âmes.

 

L'affligé soupçonneux qui porte cette croix

De son propre couteau se tue mille fois,

Et blesse la vertu des innocentes âmes.

 

 

 

Pour le jour de l'exaltation de la Croix

XXI

 

O sainte Croix, enseigne glorieuse,

Je te salue, à deux genoux fléchis,

Offrant mon coeur, aux pieds du crucifix,

Qui sur ton bois mit sa chair précieuse.

 

T as porté ô croix victorieuse,

Le restaurant pour guérir nos soucis,

Tu es la clef ouvrant le Paradis,

Nous délivrant de la mort furieuse.

 

O douce Croix, sous tes sacrés rameaux,

Je veux porter mes péchés et travaux,

Sans m'éloigner de l'ombre de tes ailes:

 

Car le vainqueur qui se fait triompher,

Nous a sauvés du gouffre de l'enfer,

Et nous conduit aux joies éternelles.

 

 

 

Pour le jour de l'invention de la Croix

XXII

 

J'ai le coeur tout ému, et l'âme travaillée,

Quel ombrage plaisant me pourra réjouir,

Car je ne cherche pas le gracieux plaisir,

D'une verte forêt, ou riante vallée.

 

Ce n'est point le repos de ma longue journée,

J'ai bien plus hautement appuyé mon désir,

A l'ombre de la Croix, je me veux rafraichir,

Et gonfler la douceur qu'elle nous a donnée.

 

Sous cet arbre sacré, je ferai ma demeure,

Y mettant mon espoir, fais que je vive ou meure,

Car il est arrosé de la sainte liqueur.

 

Dessus ce grand autel, notre Seigneur et maître

A répandu son sang pour nous faire renaître,

Comme étant de la mort heureusement vainqueur.

 

 

 

XXIII

 

Douce virginité, nourrice d'innocence,

Mignonne du haut Dieu, trésorière des cieux,

Qui portes le laurier pris du victorieux,

Et l'habillement blanc, marque de continence.

 

Ceux qui sont guerdonnés (récompensés) de ta grand' récompense,

Compagnons de l'agneau, le suivent en tous lieux,

O parfaite vertu, ô trésor précieux !

Qui rapportes le cent de ton humble semence.

 

Bienheureux sont ceux-là qui, forçant leurs désirs

Quittent joyeusement du monde les plaisirs,

Pour avoir les vertus de celui qui les donne.

 

Leurs lampes brûleront d'un feu continuel,

Attendant le retour de l'époux éternel,

Recevant pour loyer une riche couronne.

 

 

XXIV

 

Mon coeur était de douleur oppressé,

Je n'avais plus ni parole ni langage,

Mon estomac ressemblait à l'orage,

Qu'élève en mer Aquilon courroucé.

 

Mille sanglots vers le ciel j'ai poussé,

Vrais tourbillons échelant (escaladant) ce nuage,

Et, me sauvant d'un plus triste naufrage,

J'ai submergé mon courage lassé,

 

Non pas des eaux d'une claire fontaine,

Mais du torrent des larmes de ma peine,

Qui m'ont servi beaucoup pour cette fois,

 

Car le bon Dieu vouant sa créature

Souffrir à tort quelque inhumaine injure,

Par sa paix sainte apaise se émois.

 

 

 

XXV

 

O de tousmes labeurs, le rpos désirable,

O de tous mes désirs, le désiré boheur,

O de tout mon espoir, et le comble et l'honneur,

O de tous mes plaisirs, la joie perdurable.

 

O de tout mon pouvoir, la force secourable,

O de tous mes bienfaits, le libéral donneur,

O de tous mes desseins, le sage gouverneur,

O de tous mes dangers, le sauveur favorable.

 

O de tout mon tout, ô ma fin et mon but,

O celui qui conduit mon âme à son salut,

O père libéral à qui je dois mon être.

 

O humain Rédempteur qui a souffert pour nous,

O très-haut Fils de Dieu, qui t'es fait notre époux,

O seul bien souverain, à toi seul je veux être.

 

 

 

XXVI

 

Arrêtez-vous mon coeur, reposez-vous mon âme,

Il n'est plus ores temps de vaguer et courir,

Vous êtes chaque fois en danger de périr

Vivant dedans le las de la mondaine trame.

 

Embrassez ardemment cette divine rame,

Qui sur ces flots mondains vous pourra secourir,

Où le Fils du très-Haut voulut pour nous mourir,

Montrant la charité de sa divine flamme.

 

Attachez à ces clous l'espoir de vos désirs,

Atterrez (Attirez?) sous la croix vos joies et plaisirs,

Tenant les yeux fichés sur sa liqueur vermeille,

 

Voyez ce gouvernail qui vous conduit au port,

Après être sauvés des abîmes de mort,

C'est l'arbre où se brancha la plus haute merveille.

 

 

 

XXVII

 

Je n'attends des mortels cette paix désirée,

Car si le Tout-puissant ,'y met sa sainte main,

Elle se changera du jour au lendemain,

Et son plaisir sera de courte durée.

 

Mais si le long travail de la guerre endurée

Nous est ores changé en un repos certain,

Sans qu'on offense en rien l'honneur du Souverain,

Cette divine paix sera toute assurée.

 

Mais pour goûter le fruit de la tranquillité,

Je voudrais que mon coeur ne fût point agité,

Reposant ses désirs sous la haute puissance.

 

Je voudrais que mon corps fût sujet à l'esprit,

Embrassant ardemment la Croix de Jésus-Christ,

Pour enfermer la paix dedans ma conscience.

 

 

 

XXVIII

Sur la coqueluche

 

Les efforts inhumains dela guerre hérétique

Renversaient l'Univers d'un étrange pouvoir,

Et sans baigner les yeux, l'on ne pouvait plus voir

Les persécutions de la foi catholique.

 

Lorsque Dieu regardant notre courage inique,

Qui pour tous ces malheurs ne pouvait s'émouvoir,

Nous dit en son courroux: "je vous ferai savoir

Comment je sais punir la lâcheté publique.

 

Vous craignez d'hasarder votre vie pour moi,

Laissant si près de vous perdre ma sainte loi,

Vous ne mourrez donc point en me faisant service.

 

Mais je vous frapperai dans vos fortes cités,

Car le nombre infini de vos iniquités

Offense ma pitié, provoque ma justice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



20/05/2014
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