Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Garde (Reine) 1810-1887

 
Reine Garde
 
1810-1887
La couturière d'Aix
 
Essais poétiques, 1854
Nouvelles poésies, 1861
 

 

 
(Modestes fleurettes)
 
 
Modestes fleurettes,
Délice des bois !
Sachez que vous êtes
Les fleurs de mon choix.
 
Pervenche, églantine,
Bruyère, genêt,
De l'humble colline
Dorez le sommet.
 
Reparaissez vite
Trèfle, bouton d'or,
Bleuet, marguerite,
Des prés, le trésor !
 
Sur vos fronts encoe,
Je languis de voir
Les pleurs de l'aurore,
Les larmes du soir.
 
Dans Gimet: galerie d'ouvriers poètes, p. 188
 
Nouvelles poésies (1861)
 

 
 
Portrait de Reine Garde par Lamartine
 
 
   Un dimanche, au retour d'une longue course en mer avec madame de Lamartine, on nous dit qu'une femme d'un extérieur modeste et embarrassé, était arrivé par la diligence d'Aix à Marseille, et qu'elle nous attendait dans une petite serre d'orangers qui faisait suite au salon de la villa sur le jardin. Je laissai Madame de Lamartine et j'entrai dans l'orangerie pour recevoir cette pauvre étrangère. Je vis en entrant sous l'orangerie une femme jeune encore d'environ trente ou quarante ans. Elle était vêtue en journalière d'un peu d'aisance ou de peu de luxe; une robe d'indienne rayée, déteinte et fanée; un fichu de coton blanc sur le cou; ses cheveux noirs proprement lissés, mais un peu poudrés comme ses souliers, de la poudre de route en été.
   L'émotion se lisait sur son visage qui se couvrit d'une subite rougeur. C'était une expression de timidité (n...) de confiance dans l'indulgence d'autrui, émanant de l'abandon de sa personne; en tout l'image d'une bonté qu'elle porte dans son attitude comme dans son coeur et qu'elle espère trouver dans les autres.
   Elle tira de sa poche trois ou quatre petites pièces de vers alignés sur du gros papier et froissés par son (..?) son dé et ses ciseaux dans le voyage. Je les lus tout (... ) je fus étonné de ce que je lisais. C'était naïf, c'était gracieux, c'était senti; c'était la palpitation tranquille du coeur, devenue harmonie dans l'oreille; cela ressemblait à son visage modeste, pieux, tendre et d..? vraie poésie de femme dont l'âme cherche à tâtons (sur?) les cordes les plus suaves d'un instrument qu'elle ignore l'expression de ses sentiments. Cela n'était ni déchirant ni métallique, comme les vers de Reboul, ni épique ni étincelant tour à tour de paillettes et de larmes comme Jasmin; ni mignardé comme les strophes de quelques jeunes filles, prodiges gâtés en germe par l'imitation; c'était elle; c'était l'air monotone et plaintif qu'une ...vre? ouvrière se chante à demi-voix, à elle-même en travaillant des doigts, auprès de sa fenêtre, pour s'encourager à l'aiguille et au fil. Il y avait des notes qui pinçaient le coeur et d'autres qui ne disaient que des (...? vagues  et inarticulés. L'haleine s'arrêtait à la moitié de l'aspiration, mais l'aspiration était forte, juste, pénétrante. On était plus ému encore qu'étonné. C'était la poésie à l'état de premier instinct, la poésie populaire telle qu'elle est partout où elle commence, dans le peuple même, quand on ne lui prête pas encore la (... ) de l'art.
 
Lamartine: Préface de Geneviève
 
 
 

 



29/03/2010
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