Gordon (Angélique) Publiée en 1826...
Angélique Gordon
(1826)
Essais poétiques d'une jeune solitaire (1826)
Recueil publié d'abord sans le consentement de l'auteure., puis republié sous le titre d'"Elégies chrétiennes"
Importance de l'année 1826 par Christian A. E. Jensen
Influence de Lamartine
Thèmes néogothiques
Le recueil ayant été en quelque sorte "volé" par des éditeurs peu scrupuleux, il faut croire qu'il était dans le goût de l'époque. Comparer avec l'histoire de la Veuve Caldelar de Fontenay qui force la "France Littéraire" à publier un très médiocre poème (France Littéraire, novembre 1836, page 345).
lettre à Mr Aymery
6 février 1821
Soupirs d'Ethelgive
(extrait)
La fleur s'épanouit; le vent du soir l'effeuille,
Et disperse au hasard ses parfums dans les airs.
Qu'importe à cette fleur la ville ou les déserts,
Qu'un insecte la ronge, ou qu'un prince la ceuille?
L'esprit n'habite point son calice embaumé;
Elle tombe sur la poussière
Sans avoir rien senti, sans avoir rien aimé,
Sans rendre compte au Ciel de sa vie éphémère.
Deux matins ont brillé comme la jeune fleur;
Mais une âme, ardente étincelle
Animait de ses feux ma dépouille mortelle,
Et le souffle de Dieu faisait battre mon coeur...
Thaïs et Paphnuce
(extrait)
Le jour succède au jour, l'ombre succède à l'ombre,
Et toujours de mes pleurs j'arrose ce réduit;
Toujours de mes forfaits le poids, l'horreur, le nombre,
M'épouvante au matin, ou me glace la nuit.
Loin de mon âme ont fui les pensers qui consolent:
Le ciel que j'entrevois augmente ma douleur;
J'ai perdu tous mes droits au séjour du bonheur,
Et vers lui c'est en vain que mes soupirs s'envolent.
"Vous, que n'ôse nommer mon coeur tremblant d'effroi,
Vous qui m'avez formée, ayez pitié de moi!"
Marguerite de Cortone
L'éclair, jaillissant du nuage,
Soulève brusquement les voiles de la nuit;
Dans les airs agités j'entends gronder le bruit
Précurseur d'un prochain orage.
Quel temps! quels lieux! quel souvenir!....
Voici le jour, l'heure terrible,
Où mon coeur, déchiré par un spectacle horrible,
Craignit enfin pour lui l'éternel avenir...
J'errais tremblante et désolée;
J'appelais par des cris perçants
Celui dont la présence enchantait tous mes sens,
Qui pour moi tous les soirs traversait la vallée.
Mais la lugubre orfraie, à ma voix envolée,
Répondait seule à mes accents.
L'ouragan mugissait en courbant la bruyère;
Et, pour me diriger dans les vallons déserts,
Le ciel à mes regards n'offrait d'autre lumière
Que les feux passagers des rapides éclairs.
Suivant les pas pressés de ma chienne fidèle,
J'arrivai sur les bords de ce ruisseau plaintif
Où croissent tristement, à l'abri d'un vieux if,
L'aconit vénéneux et la pâle asphodèle.
Là, glissant tout à coup sur l'humide terrain,
Je tombe... ô Dieu! ma main rencontre une autre main!
La lune en ce moment dissipe le nuage,
Ses rayons argentés éclairent le rivage...
Quelle horreur! j'embrassais un corps pâle et sanglant!
Déjà des vers rongeaient sa poitrine livide.
Sur ses traits altérés je porte un oeil avide...
Qu'ai-je vu?... juste Ciel!... ô malheur accablant!
C'était lui!... Tout mon sang se glaça dans mes veines;
Longtemps je demeurai muette de terreur:
Un morne désespoir pétrifia mon coeur;
Et ma fidèle Isis, seul témoin de mes peines,
Par de longs hurlements exprimant sa douleur,
Fit gémir les échos des montagnes prochaines.
Enfin, à mes sanglots donnat un libre cours,
Je dis au triste objet de mes folles amours:
" Toi qu'un lien si doux unissait à ma vie,
Ah! t'ai-je perdu pour toujours?
Hier encor, dans mon âme ravie
Tu nourrissait l'espoir d'un riant avenir;
Ta bouche mille fois aimait à me le dire,
Et mon coeur, de ton coeur partageant le délire,
S'endormait en rêvant des siècles de plaisir...
Songe trompeur! ah! quel réveil terrible
A suivi tout à coup un sommeil si paisible!"
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