Hennique (Nicolette): Le gouffre
Le gouffre
Hier où j'ai prié devant le Dieu chrétien,
Il est demeuré sourd à mes désirs mortels.
Le silence brumal qui tombe des autels
Fut l'unique pitié de son coeur vers le mien.
Ce soir, quoique mes yeux ne me désignent rien,
Hors toi, par l'ombre unie où nos espoirs sont tels
Qu'ils changent sans mourir comme d'anciens pastels,
Que mon rêve se hausse à l'absolu du tien.
Ce soir, dis-je, malgré la douleur de ta bouche,
Et bien que je t'adore et bien que je te touche,
Derechef un silence accable le moment...
Et j'ai beau me serrer contre toi, toute entière,
Pour mieux t'appartenir, j'éprouve atrocement
Le gouffre d'être seule ainsi qu'en la prière.
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