Holmès (Augusta)1847-1903
1847-1903
2 sonnets publiés dans Paris Moderne (vol. 2 (1882-1883)
Impossible de ne pas intégrer cette compositrice dans cet ensemble de poétesses. Augusta Holmès a en effet écrit la plupart des textes de ses nombreuses mélodies et de ses opéras.
A Trianon
Suivez-moi, Marquise,
Parmi les parfums et la brise,
Vers le Temple d'Amour
Qui nous sourit aux derniers rais du jour,
Suivez-moi, Bergère,
Parmi la mousse et la fougère,
Et les fleurs s'ouvrant sous vos pas,
Diront: " d'Amour, la mère
Est plus sévère,
Et Flore a moins d'appas ! "
Venez sous l'aubépine rose,
Moins rose que ta lèvre éclose !
Permettez qu'enfin je repose
Mon front tout près de votre cœur !
Votre sein bat plus vite…
En vain votre regard m'évite…
Ta main si frêle est trop petite
Pour cacher ta rougeur !
Venez donc, Marquise !
Goûtons ensemble l'heure exquise
Car l'Amour vous a conquise
Et c'est la fin du jour !
Sérénade printanière
Hier comme aujourd'hui, ce soir comme demain,
Je t'adore !
Quand je vois ton regard, quand je frôle ta main,
C'est l'aurore !
Qui donc nous avait dit que le monde est méchant,
Que l'on souffre,
Que la vie est un pont qui tremble, se penchant
Sur un gouffre ?
Où donc sont les ennuis, les erreurs, les dangers,
Les désastres ?
Avril gazouille et rit dans les tendres vergers
Fleuris d'astres !
Le sombre hiver a fui ; le radieux printemps
Nous délivre.
Viens mêler à mes pleurs tes baisers haletants ;
Je veux vivre !
Nos coeurs sont confondus, nos âmes pour toujours
Sont unies ;
Nous avons épelé le livre des amours
Infinies !
Et je ne vois plus rien que l'éclair de tes yeux
Pleins de fièvres...
Viens ! je veux soupirer les suprêmes aveux
Sur tes lèvres !...
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