Houssa (Nicole) 1930-1959
Nicole Houssa
1930 - décédée accidentellement en 1959
Consulter la page qui lui est consacrée
Les poèmes qui suivent ont été publiés dans l'Anthologie de Jeanine Moulin; ils sont extraits du seul volume de poèmes, inédits, de Nicole Houssé, publié après sa mort:
Comme un collier brisé (1960)
Près de mon Pont Maghin
Près de mon Pont Maghin
Mon pont tissé de pluie, de brume, de fumée
Une péniche attend au grand nom d'Espérance.
Espérance, doux leurre, haillon dépenaillé
Ton anneau seul se rouille aux attaches du quai
Ta figure de proue
A gardé la couleur des suicides manqués.
Espérance, mon havre, haute épave ignorée
Enlisée en la boue d'écluses de passage
Espérance, péniche vaine au ras du quai
Péniche hasardeuse et de folle rencontre...
(Comme un collier brisé)
Madame la Mort
Cours-y donc, mais cours-y
Au carnaval des loups francs!
Madame la Morte
madame la morte
Ma dame auréolée de sang.
Et pendant ce temps-là...
Je longerai doucement les rues douces
Je découvrirai la petite place
En forme de coeur
Où rêve un banc vert sous un marronnier
Je pousserai doucement la barrière
Entièrement repeinte en vert
D'un tout petit jardin imaginaire.
Et si pendant ce temps-là
Madame la Mort
Madame la morte
Les loups francs te dévoraient?
Nous éclaterions de rire
Le banc et moi
Et la barrière
Et le jardin teint de sang
Ma dame auréolée de coeurs...
Ma Dame intemporelle
A caresser la hanche des regrets
A respirer l'odeur des irréels
A effeuiller les roses d'impossible
Ai-je perdu, qu'ai-je perdu de toi
O Dame temporelle
O Existence?
Au long du fleuve des journées
Demeurent tant de pas lassés
Tant de clairs parfums dédaignés
Dont je n'ai pas saisi l'ivresse...
Au long du fleuve des journées
Demeurent tant de pas lassés
Tant de clairs parfums dédaignés
Dont je n'ai pas saisi l'ivresse...
A caresser les ombres d'à venir
A respirer les relents des années
A effeuiller les songes d'indécis
Ai-je perdu, qu'ai-je perdu de toi
O doux fuyant réel
O seul Présent?
Au bord des sources trop cachées
Gémissent tant de voix fanées
Tant de paroles oubliées
Dont je n'ai pas compris le sens...
A caresser la hanche des regrets
A respirer l'odeur des irréels
A effeuiller les songes d'impossible
Qu'ai-je donc glané sinon toi
Ma Dame intemporelle
O Solitude
Ma Dame immatérielle
Reine sereine
Ma dame de nulle part et qui n'a plus de nom?
Epaves des ponts de pluie
Près de mon Pont Maghin
Mon pont tissé de pluie, de brume, de fumée
Une péniche attend au grand nom d'Espérance.
Espérance, doux leurre, haillon dépenaillé
Ton anneau seul se rouille aux attaches du quai
Ta figure de proue
A gardé la couleur des suicides manqués.
Espérance, mon havre, haute épave ignorée
Enlisée en la boue d'écluses de passage
Espérance, péniche vaine au ras du quai
Péniche hasardeuse et de folle rencontre...
Où sont passés les soirs où les chants des marins
Disaient les airs à boire et les belles mêlées
Où est passée la Seine et son collier de moire
Où est passé l'amour que j'avais déposé
A vos doux pieds dansants, mon rêve dérisoire?
Le reflet d'un cordage où pend l'ancre inutile
Le reflet du profil des figures de proue
Sur l'eau pâle aux flancs las des carènes déchues
Aux fols cheveux noyés dans la brume des soirs.
Et par-dessus le fleuve obscur
Le noir sanglot brisé d'un lointain remorqueur
Qui déchire la nuit de son âpre romance
Vers les étoiles aucrées aux vergues du ciel noir.
Près du vieux pont repeint
Un pont tissé de pluie, de brume, de fumée
Une péniche attend, au doux nom illusoire.
Mais le reflet de mon reflet se perd dans l'onde
Je me penche sur elle et ne ramène rien
Qu'un peu d'eau froide et grise au creux d'une main nue.
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